n° 78 : Dossier d'Iran - 07-12 - a1 - : Un drone américain abattu dans l'est de l'Iran
Dossier d'Iran n°78 du 07-12
C.De Broeder & M.Lemaire
Le "dossier d'Iran" est visible sur les blogs :
a) sur mes blogs :
http://journaldeguerre.blogs.dhnet.be/
http://journauxdeguerre.blogs.lalibre.be/
b) sur le site de Eva Resis : no-war.over-blog.com
c) Et sur le site de Robert Bibeau : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
d) sur le site : www.palestine-solidarite.org à cette adresse :http://www.palestine-solidarite.org/Journaux_Palestiniens.htm
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Sommaire : Tiré à Part Un drone américain abattu dans l'est de l'Iran L'Isaf reconnaît avoir perdu un drone américain 1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos 1-1 Seymour Hersh : Programme nucléaire de l'Iran : on recycle la propagande orchestrée pour la guerre en Irak. 1-2 Les Israéliens divisés sur une attaque contre l'Iran. 2 Les brèves 2-1 Manlio Dinucci : Iran, le scénario de la catastrophe. 2-2 Conférence de Bonn: l'Iran s'oppose à la présence militaire étrangère en Afghanistan après 2014. 3 Dossier 3-1 Nouvelle escalade contre l'Iran. 3-2 Russia Today : Le rapport de l'IAEA a pour objectif de justifier la guerre. 3-3 Menaces de guerre contre l'Iran… L'Otan est partie prenante. 3-4 Monde diplo : Ormuz, détroit de la peur. |
L'armée iranienne a abattu un drone américaine dans l'est de l'Iran, a rapporté dimanche la chaîne de télévision Alam TV citant une source militaire.
Un drone de reconnaissance américain a été abattu dans l'est de l'Iran, a affirmé la même source.
Selon l'agence de presse iranienne Fars, un drone américain qui a pénétré dans l'est de l'Iran a été détecté et abattu.
Le drone a subi un dommage léger et il est maintenant entre les mains de l'armée iranienne, affirme Fars sans préciser quand l'appareil a été abattu.
Xinhua, 5/12
L'Isaf reconnaît avoir perdu un drone américain
La Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) sous commandement de l'Otan a confirmé dimanche avoir perdu un drone américain.
"Le drone américain auquel les Iraniens ont fait référence pourrait être un drone de reconnaissance américain non armé qui effectuait une mission dans l'ouest de l'Afghanistan la semaine dernière.
Les opérateurs ont perdu le contrôle du drone", a dit l'Isaf dans un communiqué.
1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos
1-1 Seymour Hersh : Programme nucléaire de l'Iran : on recycle la propagande orchestrée pour la guerre en Irak.
samedi 26 novembre
Alors que les USA, la Grande-Bretagne et le Canada comptent annoncer un ensemble coordonné de sanctions contre le pétrole et la pétrochimie iraniens aujourd'hui, le journaliste d'investigation chevronné SEYMOUR HERSH conteste le consensus croissant sur le présumé programme iranien d'armement nucléaire.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) produit des rapports qui sont politiques et qui vont dans le sens de ce qu'attendent les Etats-Unis et Israël. La mission de cet organisme des Nations-Unies est totalement dévoyée.
La pression internationale est montée sur l'Iran depuis qu'un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique de l'ONU a révélé la "possible dimension militaire" des activités nucléaires de l'Iran, citant comme "crédible" la preuve qui "indique que l'Iran a mené des activités liées au développement d'un engin nucléaire explosif ».
Dans son dernier article pour le blog du New Yorker, intitulé Iran and the I.A.E.I, Hersh affirme que le récent rapport est un « document politique » et non pas une étude scientifique. « Le commandement américain du groupe opérationnel interarmées[American Joint Special Operations Command (JSOC]) n'a rien trouvé. Rien. Aucune preuve d'armement », dit Hersh. » En d'autres termes, aucune preuve d'une installation pour la construction de la bombe. Les Iraniens ont des installations d'enrichissement, mais pas d'installations séparées pour construire la bombe. C'est un fait pur et simple." [Suit la transcription non éditée de l'interview de l'émission Democracy Now]
AMY GOODMAN : Aujourd'hui, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada comptent annoncer un ensemble coordonné de sanctions contre l'Iran. ABC News et le Wall Street Journal rapportent que les sanctions viseront le pétrole et l'industrie pétrochimique de l'Iran. Le week-end dernier, le président Obama a affirmé que toutes les options restaient sur la table.
BARACK OBAMA : Les sanctions ont une ampleur énorme et étendue ; nous partons du programme qui a déjà été mis en place. La question est de savoir s'il existe des mesures supplémentaires possibles. Et nous allons explorer toutes les possibilités pour voir si nous pouvons résoudre ce problème par la voie diplomatique. J'ai dit à plusieurs reprises, et je le répète aujourd'hui, que nous n'excluons aucune des options possibles
AMY GOODMAN : La pression internationale a augmenté sur l'Iran depuis que l'Agence internationale de l'énergie atomique de l'ONU a révélé dans un rapport, "la possible dimension militaire" de ses activités nucléaires. L'AIEA a parlé de preuves "crédibles qui indiquent [que] l'Iran a mené des activités liées au développement d'un dispositif nucléaire explosif ". L'AIEA a adopté une résolution vendredi exprimant, je cite, « sa préoccupation croissante » au sujet du programme nucléaire de l'Iran suscitée par les conclusions du rapport.
Le président du parlement iranien a déclaré hier que l'Iran réviserait ses relations avec l'AIEA à la suite du rapport. Ali Larijani a indiqué qu'il pourrait être difficile à l'Iran de continuer à coopérer avec l'organe de surveillance nucléaire.
ALI LARIJANI : [traduit du persan] Si l'agence agit dans le cadre de la Charte, nous acceptons d'en être membre et nous assumerons nos responsabilités. Mais si l'agence veut s'écarter de sa mission, alors elle ne doit pas s'attendre à ce que nous coopérions.
AMY GOODMAN : C'était le speaker du parlement iranien. En attendant, certains Iraniens ont exprimé le souhait d'une coopération accrue avec l'AIEA.
SAID BAHRAMI : [traduction] Comme le gouvernement a apporté beaucoup de précisions, il vaudrait mieux élargir sa coopération avec l'AIEA et que celle-ci vérifie par elle-même, directement, afin de ne pas laisser de prétexte aux superpuissances .
AMY GOODMAN : La semaine dernière, le Pentagone a confirmé qu'il a reçu une importante livraison de nouvelles bombes bunker busters (défonceuses de bunkers) capables de détruire les sites souterrains, y compris les installations nucléaires iraniennes. Les bombes de 30.000 livres ont six fois la taille de l'arsenal actuel de la Force aérienne en "bunker busters".
Les nouvelles sanctions contre l'Iran découlent aussi des allégations US du mois dernier selon lesquelles les responsables iraniens ont été impliqués dans un complot avorté qui visait l'ambassadeur saoudien à Washington. Les USA comptent annoncer aujourd'hui que le secteur financier de l'Iran est « soupçonné au premier chef de blanchiment d'argent." Cette phrase déclenche l'application d'un article du PATRIOT Act qui avertit les entreprises européennes, asiatiques et latino-américaines, qu'elles ne pourront pas commercer avec les USA si elles continuent à travailler avec l'Iran.
Eh bien, pour développer la question des sanctions et des implications du rapport de l'AIEA, nous allons à Washington, DC, pour parler avec le journaliste d'investigation SEYMOUR HERSH, lauréat du prix Pulitzer. Il fait des reportages sur l'Iran et la bombe depuis 10 ans. Son dernier article est intitulé « L'Iran et l'AIEA." Il a été publié dans le New Yorker.
Bienvenue à Democracy Now !, Sy. Dites-nous ce que vous pensez de ce qui se passe actuellement en Iran dans le secteur de l'énergie nucléaire.
SEYMOUR HERSH : En introduction vous dites que l'article se trouvait dans le New Yorker ; en fait il a été posté sur la page Web.
Mais vous avez mentionné l'Irak. C'est exactement ça ; je ne sais pas si vous voulez parler de « psychose », mais c'est une sorte de pays imaginaire qui se construit ici, comme ce fut le cas pour l'Irak ; on n'a de toute évidence pas appris la leçon. J'écris des articles sur l'Iran, et je pourrais vous dire que depuis 2004, sous George Bush, et en particulier sous le vice-président, M. Cheney, Cheney se préoccupait particulièrement de l'existence d' installations secrètes pour la construction d'une arme, activité très différente des activités d'enrichissement.
L'Iran fait de l'enrichissement d'uranium. C'est reconnu. il y a des inspecteurs sur place. Il y a des caméras là-bas, etc. C'est tout. L'Iran est signataire du Traité de non-prolifération. Personne ne l' accuse de tricher. En fait, le dernier rapport qui enthousiasme tellement tout le monde dit une fois encore que nous n'avons pas trouvé de preuves que l'Iran ait détourné l'uranium qu'il enrichit. Et en outre, il l'enrichit à des niveaux très bas, à des fins pacifiques si l'on veut, à 3,8 % . Et il y a un petit pourcentage qui est enrichi à 20 % pour un usage médical, mais c'est une proportion très réduite et le traitement se fait sous notre inspection et sous l'oeil des caméras.
Pendant les années 2004,2005, 2006, 2007 et même jusqu'à la fin de son mandat, Cheney continuait à envoyer en Iran des Forces d'opérations spéciales, JSOC-. Elles travaillaient avec plusieurs groupes de dissidents , les Azéris, les Kurdes, même les Jundallah, (qui regroupe des sunnites de l'opposition, très fanatiques) et ces équipes faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour trouver les preuves d'une installation souterraine non déclarée. Nous avons tout surveillé. Nous avons une surveillance incroyable. Ce que nous faisions à cette époque, nous le faisons encore mieux aujourd'hui. Et certaines activités sont très techniques, très secrètes, croyez-moi ; il n'y a pas grand chose que vous puissiez faire aujourd'hui en Iran sans que nous le sachions.
Or, ils n'ont rien trouvé. Rien. Aucune preuve de militarisation. En d'autres termes, aucune preuve d'une installation pour la construction de bombes. Les Iraniens ont des installations d'enrichissement, mais pas d'installations séparées pour la construction d'une bombe. Ceci est simplement un fait. L'installation, nous ne l'avons pas trouvée et elle n' existe pas. C'est encore un fantasme. Nous voulons pourtant croire-et beaucoup de gens croient, que l'installation existe.
Le grand changement s'est produit les dernières semaines quand l'AIEA a publié un nouveau rapport. Et ce n'est pas un rapport scientifique, c'est un document politique. Le document reprend quantité d'anciennes allégations faites au fil des années, allégations qui ont été examinées par l'AIEA, sous le régime ou la direction de Mohamed El Baradei, qui a dirigé l'agence pendant 12 ans. Baradei était Egyptien et à reçu le prix Nobel de la paix pour son travail ; au début, il était très sceptique concernant l'Iran , et ses doutes se sont dissipés à mesure que l'Iran s'est ouvert davantage. Mais le nouveau directeur de l'AIEA , un officiel japonais appelé Amano, personnage conservateur du parti de centre droit au Japon, à mon avis certainement honorable, a toutefois ses convictions.
Il se trouve que nous avons une série de documents de WikiLeaks relatifs à l'ambassade US à Vienne qui signalent que c'était merveilleux d'avoir Amano dans l'agence. C'était l'année dernière. Ces documents ont été publiés par le groupe de Julian Assange et ils sont assez importants, parce qu'ils disent qu' Amano a prêté allégeance aux USA. Je crois qu'il a été élu en tant que candidat marginal. Nous l'avons beaucoup soutenu ; il a eu six votes en sa faveur. Tout le monde le considérait comme un candidat faible, mais nous l'avons poussé pour qu'il obtienne le poste. Et nous avons réussi. Il a réagi en nous remerciant et en nous disant qu'il partageait nos vues. Il partage notre point de vue sur l'Iran. Il se montrerait reconnaissant. Il ferait ce que nous voulons.
Ce nouveau rapport n'apporte rien de nouveau. Ce n'est pas moi qui parle. C'est dans l'article que j'ai écrit pour le blog du New Yorker ; le blog est différent de la revue parce qu'il contient plus de renseignements. J'ai parlé à d'anciens inspecteurs. Ils expriment des opinions différentes de celles que vous lisez dans le New York Times et le Washington Post. Il y en a d'autres que l'on passe sous silence et qui sont beaucoup plus sceptiques au sujet de ce rapport, mais on n'en parle pas. Donc ce que vous obtenez , ce sont des bribes de nouvelles dans le journal de la grande presse d'ici sur l'analyse de ce rapport. Il y a une analyse complètement différente qui contient peu de nouveautés.
Et voici comment ça se passe, Amy : au fil des années un rapport fera surface dans un journal de Londres, rapport mensonger, de la propagande, que ce soit nous ou une agence de européenne de renseignements qui le diffusera, ce n'est pas clair. C'est déjà arrivé, rappelez- vous les trucs d'Ahmed Chalabi, pendant les préparatifs de la guerre en [l'Irak], les propos sur les grands arsenaux qui existaient dans le pays (Irak). C'est le même genre de propagande qui est utilisé maintenant et que divers journaux publiaient la dernière décennie.
L'AIEA examinait les documents, décidait qu'il s'agissait de propagande ou non, ou qu'il n'y avait pas de preuves. Tous ces anciens rapports, à l'exception d'une nouvelle étude publiée par l'AIEA, contenaient peut-être 30 ou 40 sujets, dont trois seulement se rapportaient à la période postérieure à 2008, et beaucoup de personnes de l'AIEA croient qu'ils sont fabriqués de toutes pièces et ne sont pas très fiables. Voilà où vous en êtes.
AMY GOODMAN : Donc, Sy Hersh, vous dites que ces informations ne sont pas nouvelles. C'est le nouveau chef de l'AIEA qui change la donne ici. Pouvez-vous parler davantage de l'infiltration américaine de l'Iran, des JSOC en Iran, de la surveillance en Iran ?
SEYMOUR HERSH : Bien sûr. C'est le genre d'activités que nous avions ; je peux vous parler de choses qui étaient secrètes il y a huit ou neuf ans. Par exemple, si nous soupçonnions l'existence d'une installation souterraine à un endroit où nous voyions des terrassements, dans une région montagneuse par exemple, nous bordions la route de cailloux qui étaient en fait des détecteurs qui mesuraient le poids des camions qui entraient et qui sortaient. Si les camions étaient plus lourds à la sortie, nous pouvions présumer qu'ils transportaient de la terre et donc que l'on creusait. Voilà le type de surveillance que nous faisions.
Nous avons aussi placé toutes sortes de compteurs de radioactivité passive. Cela, pour l'uranium, même le plutonium, car la plupart du matériel utilisé est de l'uranium enrichi. Les Iraniens ne fabriquent pas de plutonium. Mais il est repérable. À un certain moment, ils doivent le déplacer. Une fois que vous commencez à le déplacer, il peut être repéré. Vous pouvez utiliser des compteurs Geiger pour refaire les mesures à l'ancienne. Vous mesurez la radioactivité et vous pouvez voir si elle augmente. Nous entrions dans un bâtiment, avec nos soldats et parfois même avec des Américains à Téhéran quand nous pensions qu'il se passait quelque chose de louche ; nous créions une diversion dans la rue et en profitions pour prendre quelques briques, les mesurer avec un compteur Geiger pour voir si dans ce bâtiment on faisait de l'enrichissement à notre insu.
Nous avons également des compétences incroyables pour ce qui est de repérer les trous d'air à partir de satellites. Si vous construisez une installation souterraine, vous devez la ventiler. Vous devez y faire pénétrer de l'air. Vous devez trouver la manière d'éliminer l'air pollué et d'injecter de l'air frais. Et nous avons donc des spécialistes, des gens incroyables dans notre communauté. Certains sont à la retraite et ont créé une société privée pour faire ce travail. La surveillance se faisait en altitude pour trouver les trous d'air et le schéma d'une installation souterraine. Nada. Nous n'avons rien trouvé.
Et ce qui est le plus important, c'est que... si vous ne sortez pas de l'uranium du volume recensé pour le déplacer ailleurs de manière à pouvoir construire une bombe - et là, l'AIEA est absolument catégorique-tout ce que les Iraniens enrichissent, à quelque pourcentage que ce soit, ils le font sous l'oeil des caméras et sous inspection. Tout est fait au grand jour ; en vertu du traité de sauvegarde. Personne n'accuse l'Iran de violer le traité. L'Iran est simplement accusé de tricher. Et il n'y a aucune preuve que l'Iran détourne du matériau. Si vous comptez fabriquer une bombe, vous devez l'apporter d'un autre endroit. Étant donné le type de surveillance que nous avons, il sera difficile d'apporter la bombe d'un pays tiers, d'importer de l'uranium et de l'enrichir ou d'importer de l'uranium enrichi. C'est simplement trop difficile.
Nous avons une espèce d'hystérie comme celle que nous avions sujet de l'Irak et elle ressort au sujet de l'Iran. Et je ne plaide pas en faveur de l'Iran. Il y a beaucoup de choses contestables à lui reprocher comme la manière dont ce pays traite la dissidence etc. je parle simplement du contexte dans lequel se déroule le raffut actuel. Quant aux sanctions, vous savez, excusez-moi, nous avons imposé des sanctions à Cuba pendant 60 ans et Castro est toujours là, même s'il est très malade. Les sanctions ne marcheront pas. C'est un pays qui produit du pétrole et du gaz -en plus petite quantité il est vrai - mais il en reste beaucoup. Et les Iraniens ont des clients en Extrême-Orient. Ils ont des clients pour leur énergie. C'est nous qui allons perdre dans l'affaire
AMY GOODMAN : Comment comparez-vous l'administration Obama à l'administration Bush au sujet de l'Iran ?
SEYMOUR HERSH : il n'y a rien à comparer. C'est la même chose - le ton est un peu moins belliqueux. J'ai toutes les raisons de croire que, à l'encontre de M. Bush, le président Obama est a vraiment peur d'une attaque. Il ne veut pas que les Israéliens bombardent l'Iran. C'est ce que nous lisons dans la presse ces derniers temps.
Et il y a les nouvelles bombes de 30.000 livres construites par Boeing, je pense. Le problème est que la plupart des installations de l'Iran, celles que nous connaissons, les installations déclarées sous inspection par caméra, se trouvent dans un endroit appelé Natanz, à quelque 80, (entre 75 et 80 pieds) sous terre. Et il vous faudra bombarder massivement pour arriver à les endommager. Vous pouvez certainement faire des dégâts à Natanz, mais à coût international énorme. L'argument en faveur d'un bombardement est tellement vague qu'il en devient nul. Des études techniques ont été faites par le MIT et d'autres institutions auxquelles des scientifiques du gouvernement israélien ont également participé et ces études montrent qu'il serait vraiment difficile d'endommager significativement les installations étant donné la profondeur à laquelle elles se trouvent. Mais on en parle.
Et il y a le fait que ce président n'a de nouveau rien dit au sujet de ce qui se passe à Tahrir. Nous sommes muets. Il est resté muet sur ce genre de troubles. Toutefois, je crois savoir qu'il comprend mieux les problèmes. Je crois que sur la scène politique, il veut donner l'impression d'être un dur. Tout le monde fait la chasse aux voix indépendantes. Je ne sais pas pourquoi il est si important de d'obtenir les suffrages de gens qui ne savent pas s'ils sont démocrates ou républicains, mais on dirait que c'est ce qui se passe.
AMY GOODMAN : Bien, passons à la réaction d'Israël à l'égard du rapport de l'AIEA. Hier, le ministre de la défense Ehud Barak a déclaré dans une interview à CNN que le moment est venu de s'occuper de l'Iran. Lorsqu'on lui a demandé spécifiquement si Israël attaquerait l'Iran, voici ce qu'il a répondu
Le Ministre de la défense EHUD BARAK : je ne pense pas que ce sujet puisse faire l'objet d'une discussion publique. Mais je peux vous dire que le rapport de l'AIEA a fait réfléchir beaucoup de monde et de dirigeants mondiaux. Et les gens comprennent que le moment est venu. Amano l'a dit carrément contrairement à Baradei. Et c'est devenu un problème majeur, et je crois que des sanctions s'imposent, de même que des démarches diplomatiques intensives et de toute urgence. Les gens comprennent maintenant que l'Iran est déterminé à acquérir des armes nucléaires. Il n'y a pas d'autre explication possible ou concevable pour ce que l'Iran fait actuellement. Et il faut y mettre fin.
AMY GOODMAN : C'était le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak. Sy, votre réponse ?
SEYMOUR HERSH : Eh bien, ce qui me rend nerveux c'est que Barak et Bibi, Bibi Netanyahou, sont d'accord à ce sujet. Ils ne sont pas toujours d'accord sur beaucoup de choses. Mais ici, ils sont tous les deux d'accord, et c'est inquiétant parce que, encore une fois, c'est un problème politique là-bas. Israël glisse rapidement vers la droite. Et malheureusement, les règles du jeu sont tellement moches en Israël que je ne peux pas en parler par écrit ; mais j'ai parlé à des gens du renseignement très haut placés en Israël. Vous n'en entendez pas beaucoup parler , mais l'ancien chef du Mossad, Meir Dagan - le gars qui a orchestré la tentative d'assassinat à Dubaï, etc (donc pas une colombe) -a dit avec véhémence que c'était de la folie que de chercher l'Iran alors que l'on ne sait pas exactement ce qu'il possède. Les Iraniens sont encore très loin de la bombe. Cela fait vingt ans qu'Israël dit qu' ils l'auront dans six mois.
J'ai parlé avec des officiers supérieurs israéliens qui m'ont dit d'abord qu'ils savent que l'Iran-comme la communauté du renseignement US le révélait- a fait l'objet en 2007 d'une estimation du renseignement national ((National Intelligence Estimate)) qui a été rendue publique et qui a dit essentiellement que l'Iran avait envisagé d'acquérir la bombe. L'Iran avait eu une guerre de huit ans avec l'Irak, une guerre terrible, de 1980 à 1988. Et soit dit en passant, à l'époque les USA ont pris le parti de l'Irak, de Saddam Hussein. Dans les années qui ont suivi, l'Iran a commencé à s'inquiéter des rumeurs au sujet de la construction par l'Irak d'armes nucléaires et par conséquent, pendant la période disons de 1987 à 1997 et à 2003, cela n'a pas soulevé des questions...
J'ai publié un article à ce sujet il y a un an dans The New Yorker. Mon article disait qu'effectivement les Iraniens avaient cherché une bombe-mais ils savaient qu'ils n'y arriveraient pas-il était exclu qu'ils puissent fabriquer une bombe pour dissuader l'Amérique ou Israël. Ce ne sont pas des imbéciles. Cette société persane existe depuis quelques milliers d'années. Ils ne peuvent pas nous dissuader. Nous avons un trop grand nombre de bombes. Ils pensaient pouvoir dissuader l'Irak. Après que nous avons battu l'Irak en 2003, ils ont arrêté de chercher. C'est vrai qu' ils avaient fait des études. Nous parlons de modèles informatiques etc. mais pas de construction. Il n'y a pas de doutes qu' ils ont envisagé l'idée d'acquérir une bombe ou d'arriver au point où ils pourraient en fabriquer une. C'est ce qu'ils ont fait, mais ils se sont arrêtés en 2003
Ceci est toujours le consensus US. Les Israéliens vous diront en privé qu'ils sont d'accord. Que les Iraniens ont arrêté la plupart de leurs plans et même leurs études en 2003. La position israélienne est que s'ils ont arrêté ce n'est pas parce qu'ils ont vu ce que nous avons fait en Irak, mais par ce qu'ils pensaient que nous pourrions détruire l'Irak. Un général m'a dit : nous avons détruit l'Irak en trois semaines et nous avons fait ce qu'ils n'ont pas pu faire en huit ans. Les Iraniens ont pensé qu'ils allaient être les suivants. Mais selon le consensus, c'est vrai qu'ils se sont arrêtés. Et aussi, si vous demandez sérieusement aux Israéliens avertis du domaine du renseignement- et ils sont nombreux - « croyez-vous vraiment que s'ils avaient une bombe-et ils n'en ont pas actuellement- croyez-vous qu'ils frapperaient Tel-Aviv ? » Leur réponse : « est-ce que vous pensez qu'ils sont fous ? On les réduirait en poussière. Bien sûr que non. Ils sont là depuis 2000 ans. Pas question que ça arrive ». La crainte, c'est qu'ils donnent une bombe à quelqu'un d'autre etc.
Il y a une rationalité dans la communauté du renseignement israélien qu'on ne retrouve pas au niveau du leadership politique. Nous avons le même genre de folie ici. Notre communauté du renseignement a dit en 2007-et à nouveau l'année dernière- que les Iraniens n'ont pas la bombe. Ils ne la fabriquent pas. Vous trouvez ça dans le NIE (National Intelligence Estimate) ; 16 agences ont voté dans ce sens (c'est-à-dire 16 à zéro) lors d'un vote interne et il y a eu une mise à jour du rapport de 2007 en 2011 concernant le même endroit. Il n'y a pas de bombe. Cela ne veut pas dire que les Iraniens n'en rêvent pas. Cela ne veut pas dire que des scientifiques ne font pas des études informatiques. Cela ne veut pas dire que des physiciens de l'université de Téhéran ne font pas ce que des physiciens aiment faire, à savoir écrire des articles et faire des études. Mais il n'y a pas de preuve d'un effort systématique visant à passer de l'enrichissement d'uranium à la fabrication d'une bombe. C'est un processus énorme et difficile. Vous devez prendre un gaz extrêmement chaud et le convertir en un métal et ensuite en fabriquer un noyau (core). Et vous devez le faire avec une télécommande parce que vous ne pouvez pas vous approcher du processus. Cela vous tuerait. Tellement c'est radioactif.
Je suis une voix isolée. Et vous connaissez la prudence du New Yorker, même pour un article sur le blog. L'article a été vérifié et revérifié. Et je cite mes références : Cirincione, un Américain qui a été impliqué pendant des années dans le désarmement. Ce sont des voix différentes de celles que vous entendez dans les journaux. Je suis parfois choqué par les voix qui s'expriment dans le New York Times et le Washington Post. Nous n'y lisons pas des points de vue différents. Il y en a, à l'intérieur , non seulement dans la communauté du renseignement américain, mais aussi à l'intérieur de l'AIEA à Vienne. Il y a beaucoup de gens qui ne supportent pas ce fait Amano, et depuis que cet article est sorti je reçois tant de courriels que c'est dingue, des gens de l'intérieur qui me disent " chapeau !". Je parle de l'intérieur de l'AIEA. C'est une organisation qui ne s'occupe pas de la presse, mais à l'intérieur, ils sont très gênés par la voie qu'Amano leur fait prendre.
Ce n'est pas une étude scientifique, Amy. C'est un document politique. Et c'est un document politique dans lequel Amano joue notre jeu. Et c'est le même jeu que les Israéliens reprennent, de même que ceux qui n'aiment pas l'Iran. Et je voudrais que nous puissions faire le tri de nos sentiments au sujet de l'Iran et des mollahs et de ce qui s'est passé avec les étudiants en 1979 ; il y a de fortes chances pour que les Iraniens nous donneraient le type d'inspection que nous voulons si nous leur montrions un peu de bienveillance - si nous mettions fin aux sanctions et que nous respections ce qu'ils attendent de nous. Et ce n'est pas ce que fait cette administration
AMY GOODMAN : Seymour Hersh, je tiens à vous remercier beaucoup d'être avec nous.
Son dernier article est sur le blog du New Yorker. Son titre : Iran and the I.A.E.I. Seymour Hersh est lauréat du Prix Pulitzer.
Democracy Now ! est une émission américaine d'actualités, d'analyse et d'opinion diffusée en anglais et en espagnol. Elle prête une attention particulière aux sujets que ses producteurs considèrent comme ignorés ou insuffisamment traités par les médias de masse.
Democracy Now ! est diffusée par plus de 700 radios, chaînes de télévision, bouquets de télévisions (satellites et câblés)1.
Seymour Hersh –
Democracy Now
21 novembre 2011 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.democracynow.org/2011/11...
Traduction : Anne-Marie Goossens
samedi 26 novembre 2011 - 07h:00
1-2 Les Israéliens divisés sur une attaque contre l'Iran.
Selon un sondage, 41% des personnes interrogées sont favorables à une attaque contre l'Iran, 39% sont opposés et 20% ne se prononcent pas.
Les Israéliens sont divisés pratiquement à égalité entre partisans et opposants à une attaque contre les installations nucléaires iraniennes, une question qui fait l'objet d'un débat quasi-public au sein des instances dirigeantes, selon un sondage publié jeudi.
Quelque 41% des personnes interrogées sont favorables à une attaque contre l'Iran, 39% sont opposés et 20% ne se prononcent pas.
Cependant, 52% des personnes interrogées affirment faire confiance au chef du gouvernement Benjamin Netanyahu et au ministre de la Défense Ehud Barak, tous deux farouches partisans d'une attaque, pour gérer le dossier iranien.
Débat entre Nétanyahou, Barak et Lieberman
Ce sondage a été réalisé par l'Institut Dialog pour le compte du quotidien Haaretz auprès de 495 personnes représentatives de la population israélienne avec une marge d'erreur de 4,6%.
Depuis plusieurs jours, les médias israéliens font état d'un débat qui oppose MM. Nétanyahou, Barak et le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, partisans de «l'option militaire» contre l'Iran, au reste du cabinet ainsi qu'aux responsables des agences de sécurité, qui privilégient les sanctions économiques pour faire pression sur Téhéran.
Dans ce contexte, le ministère de la Défense a annoncé mercredi qu'Israël avait testé avec succès un système de propulsion de fusée sur ce que les médias ont appelé «un missile balistique».
(Source AFP)
2 Les brèves
Ndlr : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information.
2-1 Manlio Dinucci : Iran, le scénario de la catastrophe.
Sur un ton de bonimenteur, le ministre israélien de la défense Ehud Barak a annoncé que si « le pays était contraint à une guerre » contre l'Iran, cela ne lui coûterait pas « 100mille morts, ni 10mille ni même 1.000 mais à peine 500 et même moins si tout le monde reste à l'abri chez soi ». Ne sont pas compris, dans le calcul macabre, tous les autres morts.
Selon de hauts fonctionnaires britanniques, l'attaque contre l'Iran pourrait avoir lieu entre Noël et le début de la nouvelle année, avec l'appui logistique étasunien. Les experts pensent que les sites nucléaires iraniens seraient touchés par des missiles et des chasseurs-bombardiers, à travers trois couloirs aériens : un direct à travers Jordanie et Irak, un méridional à travers Jordanie et Arabie saoudite, un septentrional à travers la Méditerranée et la Turquie (carte jointe, NdT). Les implantations nucléaires seraient touchées par des bombes pénétrantes à tête non-nucléaire, comme les Blu-117 déjà fournies par les USA, qui peuvent être larguées à plus de 60 Kms de l'objectif, sur lequel elles se dirigent automatiquement.
Que se passerait-il si était détruite la centrale nucléaire iranienne de Bushehr, qui a commencé à produire de l'électricité en septembre dernier pour une capacité de 60 mégawatts ? Un nuage radioactif se produirait, semblable à celui de Tchernobyl, qui, selon les vents, se propagerait sur le Golfe persique ou même sur la Méditerranée. Les conséquences seraient encore plus graves si, par rétorsion, l'Iran frappait le réacteur israélien de Dimona, dont la puissance est estimée à 70-150 MW. L'Iran ne possède pas d'armes nucléaires, mais a des missiles balistiques à moyenne portée, testés en juin dernier, qui, avec leur portée d'environ 2.000 Kms, sont en mesure d'atteindre Israël. Ces missiles sont installés dans des silos souterrains et, donc, difficilement neutralisables par une attaque « préventive ». Si le réacteur de Dimona, qui produit du plutonium et du tritium pour les armes nucléaires israéliennes, était endommagé ou détruit, le nuage se propagerait non seulement sur Israël (Dimona est à seulement 85 Kms de Jérusalem), mais aussi sur la Jordanie (distante de 25 Kms) et l'Egypte (distante de 75 Kms). Et, selon les vents, ce nuage pourrait atteindre même l'Italie et d'autres pays européens. Les radiations (surtout celles de l'iode-131 et du césium-137) provoqueraient avec le temps des milliers de morts par cancer.
Voila ce qui est prévu par ceux qui planifient l'attaque contre l'Iran. Il est donc prévu de neutraliser la capacité de riposte de l'Iran. Ceci ne pourrait être fait par les seules forces israéliennes. Selon Dan Plesch, directeur du Centre d'études internationales de l'Université de Londres, « les bombardiers étasuniens sont déjà prêts à détruire 10mille objectifs en Iran en quelques heures ». Et même la Grande-Bretagne, révèle The Guardian, est prête à attaquer l'Iran. Le plan prévoit à coup sûr le déploiement d'armes nuclaires israéliennes (parmi lesquelles le missile Jericho à longue portée testé le 2 novembre) et aussi étasuniennes et britanniques. Soit pour dissuader l'Iran d'effectuer de lourdes représailles, même contre des bases étasuniennes du Golfe, soit par une attaque résolutive effectuée avec une bombe à neutrons, qui contamine moins mais tue davantage. Une guerre contre l'Iran comporterait la plus haute probabilité d'une utilisation d'armes nucléaires depuis la fin de la guerre froide jusqu'à nos jours. Tandis que l'opinion publique est concentrée sur le « spread » (écart) financier, le « spread » humain augmente : le différentiel entre les choix politiques et ceux nécessaires pour la survie de l'espèce humaine.
Manlio Dinucci
Edition de vendredi 11 novembre 2011 de il manifesto
Traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20111111/manip2pg/09/manip2pz/313153/
"Certains pays occidentaux tentent d'accroître leur présence militaire en Afghanistan après 2014 en y maintenant leurs bases militaires. Nous estimons qu'une telle approche est contradictoire avec les efforts en faveur du maintien de la stabilité et de la sécurité en Afghanistan", a déclaré M. Salehi dans un discours lors de la conférence internationale en cours sur l'Afghanistan dans la ville ouest-allemande de Bonn.
"Nous pensons que toutes les initiatives internationales ou régionales visant à rétablir la paix et la sécurité en Afghanistan ne peuvent réussir que s'ils abandonnent la présence des forces militaires étrangères et surtout, le financement des bases militaires étrangères en Afghanistan", a-t-il souligné.
M. Salehi a également déclaré que l'Iran a condamné les attaques fréquentes contre la cible civile par les insurgés militaires en Afghanistan, expliquant que ce type d'assauts violents sur les habitants ordinaires viole les droits humains élémentaires.
[...]
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a promis de continuer de soutenir les Afghans, déclarant que la communauté internationale "a beaucoup à perdre si le pays devenait une fois de plus une source de terrorisme et d'instabilité", laissant supposer que les aides militaires des Etats-Unis et de l'alliance occidentale resteront encore un moment en Afghanistan.
Xinhua 6/12
3 Dossier
Ndlr : la publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information.
3-1 Nouvelle escalade contre l'Iran.
Mercredi 2 novembre la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants des Etats-Unis a adopté un projet de "loi pour diminuer la menace iranienne" pour 2011 (Iran Threat Reduction Act). Cette loi punira sévèrement des entreprises étrangères ou des filiales étrangères des compagnies d'USA si elles ne soumettent pas à l'embargo commercial des USA sur l'Iran.Le député conservateur Ron Paul a notamment souligné que ce texte pourrait sanctionner directement les entreprises russes et chinoises qui commercent avec Téhéran et, de ce fait, augmenter les tensions au niveau international.
Parallèlement Israël, par la voix de son président Shimon Peres vendredi, a fait part de son intention d'infliger à l'Iran des frappes militaires "préventives" après la révélation dans un rapport de l'AIEA non encore publié de nouvelles preuves de l'existence d'un programme nucléaire militaire secret mené par le gouvernement de Téhéran. Toutefois selon le journal israélien Haaretz (qui reprend les propos de CNN), l'armée américaine a souligné l'inquiétude ("concern") que cette menace lui inspire, notamment en ce qui concerne les risques de chaos dans la région, et les conséquences prévisibles pour la flotte militaire étatsunienne qui patrouille au large de l'Iran ainsi que pour leurs bases dans le Golfe arabopersique et en Irak.
[...]Selon le journal français le Figaro du 13 octobre, la nouvelle montée de la tension aurait pour cause les échéances de 2012 : en Russie l'éventuel retour de Vladimir Poutine à la présidence, et en France la possible non-réélection de Nicolas Sarkozy (proche des néoconservateurs américains) pourrait affaiblir le camp belliciste en Occident, ce qui encourage celui-ci à plaider pour un changement de régime (regime change : c'est-à-dire son renversement par une opération militaire extérieure comme en Libye) dès maintenant en Iran.
En 2010 le programme d'enrichissement de l'uranium avait été ralenti par l'introduction d'un virus informatique américano-israélien Stuxnet dans les réseaux iraniens, ce que le président iranien avait reconnu à demi-mots il y a quelques mois. Mais les pressions, menaces et actiosn de sabotage contre le régime des mollahs ont très vite repris. Début décembre 2010, Shahid Beheshti, physicien de l'université de Téhéran était tué dans un attentat à la voiture piégée. Le chercheur Massoud Ali Mohammadi avait connu un sort similaire onze mois plus tôt. On apprenait ensuite en août dernier, que les Etats-Unis ont demandé en vain aux autorités pakistanaise la possibilié d'ouvrir un consulat au Balouchistan, région limitrophe de l'Iran où ils sont soupçonnés de mener des opérations de déstabilisation. Puis en octobre, l'attorney général américain Eric Holder dénonçait un soi-disant complot iranien contre l'ambassadeur d 'Arabie saoudite aux Etats-Unis en mettant en cause un vendeur de voiture d'occasion du Texas d'origine iranienne qui aurait loué les services de mafieux mexicains - hypothèses que des sites de gauche américains comme Counterpunch jugent aussi peu crédible que la théorie du viol systématique de femmes par les troupes de Kadhafi utilisée par la propagande de guerre occidentale il y a quelques mois, mais qui n'avait pas empêché Washngton le 11 octobre de lancer une "alerte mondiale contre le terrorisme" sur cette base. Le lobby néoconservateur et Mme Clinton au département d'Etat joueraient un rôle très important dans l'entretien de ce climat anti-iranien. Mme Clinton dans une interview le 26 octobre dernier dans une interview à la BBC a même appelé le mouvement "vert" iranien (réformateurs vaincus lors de dernières élections présidentielles dans ce pays) à solliciter ouvertement l'aide occidentale (une attitude d'ingérence que l'opposition iranienne a fermement condamnée).
La réalité du danger que représenterait un programme nucléaire militaire iranien fait pourtant l'objet de controverses. En janvier 2007, le résident français Jacques Chirac avait fait scandale en déclarant dans le Herald Tribune : «Où l'Iran enverrait-il cette bombe? Sur Israël? Elle n'aura pas fait 200 mètres dans l'atmosphère que Téhéran sera rasée». En outre beaucoup de voix s'élèvent pour que la question du désarmement nucléaire de l'Iran soit traitée globalement avec celui d'Israël et de la flotte militaire étatsunienne qui patrouille dans la région.
Atlas Alternatif
Dimanche 6 novembre 2011
Original et liens complets sur http://atlasalternatif.over-blog.com/article-nouvelle-escalade-contre-l-iran-88101377.html
Ses conclusions étaient largement attendues et viennent quelques jours après qu'Israël ait carrément déclaré qu'une action militaire contre l'Iran se rapprochait, faisant craindre que le rapport puisse être un prétexte pour une attaque.
En réponse au rapport de l'AIEA, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré mercredi que son pays « ne bougera pas d'un iota » de sa voie dans le domaine nucléaire.
Il est apparu que la France entendait organiser une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter du rapport de l'AIEA sur le programme nucléaire iranien.
La Chine, l'un des membres du Conseil de sécurité disposant d'un droit de veto, dit qu'elle est en train d'étudier le rapport, et elle s'est abstenue de formuler des commentaires sur les allégations contre Téhéran.
En fait, le chien de garde nucléaire des Nations Unies (l'IAEA) n'a pas trouvé de preuve, mais il a réussi néanmoins a provoquer des craintes que l'Iran ne poursuive ses recherches sur les armes nucléaires.
Selon l'agence américaine Fox New : « [le rapport] ne dit pas que l'Iran est en train de construction une arme [nucléaire], mais il dit que [l'Iran] collecte toutes les informations dont il aurait besoin pour ce faire. Il dispose de beaucoup de technologie. »
L'AIEA affirme disposer de modèles informatiques d'ogives nucléaires iraniennes, ce qu'il interprète comme une indication possible que l'Iran envisage de construire une bombe atomique.
Parmi d'autres indications il y a une image satellite d'un conteneur en acier qui pourrait être utilisé pour tester secrètement les explosifs nécessaires permettant de déclencher une arme nucléaire.
Mais certains, comme l'ancien officier de la CIA Philip Giraldi, ont de sérieux doutes sur la valeur du rapport de l'AIEA.
« Je suis très sceptique sur ce rapport qui sort de l'Agence internationale d'énergie atomique, parce que l'AIEA n'a pas vraiment toute les capacités de renseignement par elle-même. C'est en s'appuyant sur des rapports qui viennent d'ailleurs. Je soupçonne plutôt que ces indications proviennent des États-Unis et d'Israël », a dit Giraldi.
Le précédent des services de renseignement américains présentant de fausses preuves pour monter un dossier pour la guerre en Irak, tire la sonnette d'alarme quant à l'exactitude du dernier rapport sur l'Iran produit par l'agence atomique.
« Vous avez peut être un élément de preuve d'une certaine sorte, mais cet élément de preuve dépend de votre interprétation », dit Giraldi. « Quand ils ont vu les photographies aériennes en Irak montrant certaines choses, ils ont interprété ces photos dans un sens qui n'était pas correct. »
En 2003, les Etats-Unis avaient été catégoriques sur les soit-disant preuves sur les armes irakiennes de destruction massive et les capacités terroristes [de l'Irak].
Les images satellites d'une base où Saddam Hussein était censé former des terroristes d'Al Qaïda, les vues de laboratoires mobiles d'armes biologiques, des tubes en aluminium présentés comme des éléments de centrifugeuses pour enrichir l'uranium - tout cet ensemble s'est avéré être un canular.
Et pourtant, ce fut suffisant pour démarrer une guerre qui durera huit ans et plus et tuera plus de 100 000 civils - en faisant juste référence aux chiffres plutôt modérés publiés par les Etats-Unis.
« Israël envisage une action militaire pour détruire des installations nucléaires de l'Iran de façon préventive », a annoncé Fox News dans une récente émission.
La question que beaucoup de monde se pose à présent est : le rapport de l'IAEA doit-il servir de justification pour lancer une guerre contre l'Iran ?
Les experts en sécurité disent que les conséquences d'une telle action seraient catastrophiques.
La journaliste Barbara Slavin, une ancienne journaliste diplomatique de USA Today, déclare : « Nous aurons très probablement de nouveaux types d'attaques, probablement sur Israël par le Hezbollah ou d'autres groupes, et nous verrons des attaques contre les troupes américaines, peut-être en Irak et en Afghanistan, à un niveau encore plus élevé que ce que nous avons vu jusqu'ici. »
« L'Iran pourrait riposter avec des moyens conventionnels. Il pourrait attaquer les champs pétrolifères d'Arabie saoudite, si vous voulez vraiment voir une crise dans l'économie internationale. »
Malgré la rhétorique agressive d'Israël et des Etats-Unis, beaucoup s'accordent à dire que Washington et Tel-Aviv sont plus susceptibles de vouloir exploiter le rapport comme un levier politique pour essayer d'isoler l'Iran et, éventuellement, de stopper le développement des relations économiques [de ce pays] avec la Chine.
Personne dans la communauté internationale, dont la Russie et la Chine, ne veut que l'Iran dispose de l'arme nucléaire. Mais ce qui est craint, c'est une action violente unilatérale par Israël avec le soutien des Etats-Unis qui pourrait mettre le feu à la région à un moment où celle-ci est très instable.
Des millions de vies pourraient être en danger si ceux qui sont au pouvoir à Washington ou à Tel-Aviv décident de lancer une guerre pour des motifs qui sont loin d'être transparents.
Russia Today
9 novembre 2011
Traduit de l'anglais (9 novembre 2011) par Info-Palestine.net
Source :
http://www.info-palestine.net/article.php3 ?id_article=11419
Si quelqu'un a déjà lu le rapport et peut confirmer/infirmer ce qui est présenté ci dessous...
Issu de "Mécanoblog" (http://mecanoblog.wordpress.com/2011/11/09/rapport-de-l%e2%80%99aiea-sur-l%e2%80%99iran-les-%c2%ab-preuves-%c2%bb-sont-perimees/)
Rapport de l'AIEA sur l'Iran : Les « preuves » sont périmées !
Avant même sa sortie, le rapport de l'AIEA sur les activités nucléaires iraniennes a servi de tremplin à la propagande mondiale des va-t-en guerre. Sa publication hier a pourtant révélé l'absence de tout élément de preuve contre l'Iran.
Toutes les affirmations ne reposent en effet que sur une seule phrase du rapport, au paragraphe 53 : « L'agence a de sérieuses inquiétudes sur de possibles dimensions militaires du programme nucléaire iranien » ; et sur ses annexes contenant de nombreuses accusations fournies principalement par les services britanniques, américains et français, et que l'agence n'a pas pu évaluer en détail. D'autre part, ces éléments d'accusation ne comportent aucune date !
Préparant l'opinion à la guerre, les médias omettent de rapporter la suite du paragraphe 53 : « Après évaluation attentive et critique de la très grande somme d'informations disponibles, l'Agence les trouve crédibles dans leur ensemble. Elle indiquent que l'Iran a mené des activités servant au développement d'un dispositif explosif de type nucléaire. Les informations indiquent aussi qu'avant fin 2003, ces activités ont eu lieu sous un programme structuré, et que certaines de ces activités pourraient encore se poursuivre. »
Qu'est-ce à dire ?? Dans leur évaluation officielle (NIE) de 2007, les services de renseignement américains concluaient que l'Iran avait eu un programme nucléaire militaire, mais qu'elle l'avait arrêté en 2003. Et le NIE de 2011, étouffé par Obama comme le fit Cheney avec les versions précédentes, maintient cette affirmation, selon les sources de l'EIR à Washington et du journaliste Seymour Hersh dans le New Yorker. Tous les éléments contenus dans les annexes du nouveaux rapport de l'AIEA et présentés dans la presse comme des preuves fraîches, datent en réalité d'avant 2003 !
La seule affirmation concernant 2011 est que « des activités pourraient encore se poursuivre »… ça fait un peu court quand même pour déclencher une escalade nucléaire mondiale, non ? Et pourtant…
Propagande anglo-américaine
Dès que le rapport de l'AIEA a été remis aux Etats-membres de l'agence hier après-midi, il a été publié sur le site de l'Institute for Science and International Security (ISIS), un organe de désinformation stratégique tenu par le propagandiste David Albright, ancien employé de l'AIEA en Irak dont les méthodes ont été dénoncées par le célèbre inspecteur en armement de l'ONU Scott Ritter. L'ISIS est financée par la fine fleur de la finance anglophile américaine – les fondations Ford, Rockefeller, Smith-Richardson, etc.. Revêtu de son costume d'expert, Albright a été le premier a être interrogé hier par les agences de presse pour dire que l'Iran est une menace pour le monde.
Ce que personne ne vous expliquera
L'Agence Internationale à l'Energie Atomique exerce une étroite surveillance sur le programme iranien d'enrichissement de l'uranium, y compris par des dispositifs vidéo, afin de s'assurer qu'aucun matériau n'est détourné à d'autres usages que le nucléaire civil. Et lorsque l'on vous affirme que l'Iran possède suffisamment d'uranium enrichi pour quatre bombes atomiques, l'on devrait en fait vous dire qu'elle a suffisamment d'uranium enrichi à 20%, à condition qu'il soit détourné puis enrichi à 90% (le minimum pour l'usage militaire) dans des installations qui n'existent pas.
À lire également sur la crise iranienne :
Le 09/11/2011 20:06, Claudine Pôlet a écrit :
Le rapport de l'AIEA sur les soi-disant "activités de l'Iran visant à développer un engin explosif nucléaire" tombe curieusement à point pour les nouveaux préparatifs de guerre de l'Otan. Après avoir renversé le gouvernement de la Jahmariya de Libye, et assassiné son chef d'Etat, Mouammar Kadhafi, l'Otan pousse plus loin ses ambitions de gendarmer le monde. La Syrie est toujours en ligne de mire. Et à nouveau l'Iran. Derrière les menaces du gouvernement israélien d'agression contre l'Iran, il y a l'Otan, même si tous les Etats de l'Alliance Atlantique ne se prononcent pas (pas encore?) aussi catégoriquement. L'article du Soir informe que "des exercices d'alerte ont eu lieu et des manœuvres de l'aviation militaire menées jusqu'en Sardaigne – une distance supérieure à celle qui sépare le pays de l'Iran – ont reçu une ample publicité médiatique". Ce qui permet à Israel de faire de telles manoeuvres jusqu'en Italie, ce sont les accords spéciaux de partenariat de l'Otan grâce auxquels les bases militaires d'Italie sont à la disposition d'Israel. Les manoeuvres israéliennes ne sont pas une initiative isolée. L'accélération de l'installation du bouclier anti-missiles, notamment à la base de Rota, dans le sud de l'Espagne, participe des mêmes préparatifs. C.P.
Le Soir - 9.11.2011 : Moyen Orient, l'AIEA rend public un rapport qui évoque ses "inquiétudes".
Rarement un rapport de l'AIEA aura-t-il été attendu avec une telle impatience. L'Agence internationale de l'énergie atomique a fait patienter tout le monde, mardi à Vienne, avant de diffuser en fin de journée le précieux document qui concerne le programme nucléaire iranien. Le rapport pourrait faire date car il est le plus sévère jamais établi contre les intentions nucléaires supposées du régime iranien. « L'agence a de sérieuses inquiétudes concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire iranien », écrit l'AIEA, qui dit s'appuyer sur des informations « crédibles ». « Ces informations indiquent que l'Iran a mené des activités visant à développer un engin explosif nucléaire. Elles indiquent aussi qu'avant 2003, ces activités se sont déroulées dans le cadre d'un programme structuré, et que certaines activités pourraient toujours être en cours. » L'AIEA critique à nouveau l'absence de coopération des autorités iraniennes et le non-respect de leurs obligations découlant de leur adhésion au traité de non-prolifération nucléaire.
Les Occidentaux, Washington en tête, avaient fait savoir qu'ils utiliseraient le rapport non seulement pour durcir leurs propres sanctions contre l'Iran, mais aussi pour convaincre les très réticentes Russie et Chine d'accepter de traduire ce durcissement dans de nouvelles résolutions au Conseil de sécurité des Nations unies. On doit s'attendre à une intense activité diplomatique en ce sens ces prochaines semaines. En Israël, seule puissance nucléaire régionale (non-signataire du traité susmentionné), le gouvernement a déjà débattu ces derniers jours de l'opportunité de bombarder les installations nucléaires iraniennes connues. Tout le pays est tenu en haleine par cette question qui fait même l'objet de sondages. Des exercices d'alerte ont eu lieu et des manœuvres de l'aviation militaire menées jusqu'en Sardaigne – une distance supérieure à celle qui sépare le pays de l'Iran – ont reçu une ample publicité médiatique.
Ces bruits de bottes ne laissent évidemment pas les Iraniens indifférents. Qui multiplient les déclarations de défiance. Le ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré mardi qu'il n'y avait « aucune preuve sérieuse que l'Iran est en train de fabriquer une ogive nucléaire ». Et Ali Akbar Salehi d'ajouter : « Nous n'avons cessé de répéter que nous n'allons pas fabriquer d'armes nucléaires. Notre position a toujours été de ne pas utiliser notre programme nucléaire à des fins autres que pacifiques ». La semaine dernière, le chef d'état-major des forces iraniennes, le général Hassan Firouzabadi, avait averti : « L'Iran punira Israël en cas d'attaque. Mais les Etats-Unis savent que toute attaque du régime sioniste contre l'Iran leur causera aussi de sérieux dommages. »
La guerre se profile-t-elle donc à l'horizon ? Cette perspective effraie la communauté internationale. A Washington, Barack Obama hésite, qui sent dans le cou le souffle des républicains qui font assaut de loyauté envers Israël. Mais la Russie, par exemple, a rappelé sa position par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov : « Ce serait une très grave erreur, aux conséquences imprévisibles. » Enfin, Paris, qui a longtemps adopté une position en flèche contre le supposé programme nucléaire militaire iranien, s'est fait plus mesuré. Alain Juppé, premier diplomate de l'Hexagone, a commenté une attaque israélienne : « Cela pourrait créer une situation totalement déstabilisatrice pour la région. Nous avons pris des sanctions que nous ne cessons de compléter. On peut encore les durcir pour faire pression sur l'Iran . »
AFP - 9.11.2011 - Netanyahu appelle à « arrêter la course de l'Iran vers l'arme nucléaire »
« Ce rapport signifie que la communauté internationale doit parvenir à arrêter la course de l'Iran vers les armes nucléaires qui met en danger la paix du monde et du Moyen-Orient », a affirmé M. Netanyahu, réagissant pour la première fois au document de l'AIEA.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé mercredi la communauté internationale à « arrêter la course de l'Iran vers l'arme nucléaire », après la publication du rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le programme de Téhéran. « Ce rapport signifie que la communauté internationale doit parvenir à arrêter la course de l'Iran vers les armes nucléaires qui met en danger la paix du monde et du Moyen-Orient », a affirmé M. Netanyahu, cité dans un communiqué de son bureau et réagissant pour la première fois au document de l'AIEA. « Le rapport de l'AIEA corrobore la position de la communauté internationale et d'Israël, selon laquelle l'Iran développe des armes nucléaires », a-t-il souligné.
L'AIEA a fait part de « sérieuses inquiétudes » concernant le programme nucléaire iranien, s'appuyant sur des informations « crédibles » selon lesquelles Téhéran a travaillé à la mise au point de l'arme atomique, d'après un rapport confidentiel que l'AFP a pu consulter mardi à Vienne. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak avait pour sa part déclaré à la radio publique mardi, peu avant la publication du rapport, qu'Israël « n'a pas encore décidé d'une opération militaire contre l'Iran ». Israël, considéré comme la seule puissance atomique dans la région, n'a jamais confirmé ou démenti disposer d'un arsenal nucléaire.
3-4 Monde diplo : Ormuz, détroit de la peur.
Et si l'Iran, qui en est le principal riverain, fermait le détroit d'Ormuz ?
La crainte d'un blocage de cette voie d'eau stratégique, par laquelle transite 40 % du pétrole exporté du Proche-Orient, ressurgit à chaque montée de tension à propos de l'Iran : c'est à nouveau le cas après la déclaration du président israélien Shimon Pérès, le 5 novembre dernier, selon laquelle la perspective d'une option militaire contre l'Iran pour l'empêcher d'obtenir l'arme nucléaire se rapproche. Et après la publication le 8 novembre du rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) évoquant de « sérieuses inquiétudes concernant une possible dimension militaire du programme nucléaire » de Téhéran, alors que de son côté le président français Nicolas Sarkozy assurait le 9 novembre à une délégation à Paris du Congrès juif mondial vouloir accentuer les pressions sur l'Iran, « Israël n'ayant n'a pas de meilleur partenaire pour sa sécurité que le gouvernement français ».
· La perspective d'une option militaire
Sur Israël-Infos, Gerard Fredj relève que le numéro un français a reçu mercredi« durant quatre vingt onze minutes » cette délégation du Congrès juif mondial, conduite par son président Ronald Lauder, ainsi que Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives (CRIF), désireux d'obtenir de M. Sarkozy l'assurance qu'il inciterait les pays occidentaux à agir rapidement pour empêcher l'Iran de parvenir à assembler une bombe nucléaire. Selon Richard Prasquier, Nicolas Sarkozy aurait effectivement assuré qu'il« pousserait » à un renforcement des sanctions internationales contre Téhéran, qui rendraient difficiles les transactions de la Banque centrale iranienne et les exportations de pétrole. En revanche, le président français aurait insisté sur les« conséquences lourdes » d'une intervention militaire destinée à frapper les sites nucléaires iraniens.
Deux mentions récentes de ce qui pourrait se passer autour de ce passage d'Ormuz, long de 63 km et large de 40 km, avec deux rails de navigation de 3 km de large essentiellement situés dans les eaux omanaises - détroit qui relie la mer d'Oman au Golfe arabo-persique, et voit passer chaque année deux mille quatre cents pétroliers, au long de la côte iranienne [1]. Pour Kaveh L. Afrasiabi, professeur de science politique aux universités de Téhéran et Boston, « l'Iran peut couper le détroit d'Ormuz pratiquement à tout moment, et cela mettrait un coup d'arrêt à l'exportation des quelque 6 millions de barils de pétrole embarqués chaque jour [2] ».
Le détroit d'Ormuz
Philippe Rekacewicz
Comme une éventuelle intervention militaire israélienne contre les implantations nucléaires en Iran « nécessiterait, pour avoir des chances de réussite, d'effectuer des frappes sur une douzaine de sites, certains dans ou autour de secteurs peuplés, avec une forte probabilité de faire de nombreuses victimes civiles », cela déclencherait selon lui « un tsunami de colère populaire »dans le pays, qui conduirait les responsables politiques iraniens à lancer des représailles aussi dures que possible contre les intérêts américains et israéliens, avec notamment un blocage d'Ormuz.
Cet intellectuel, réputé proche du président Ahmadinejad, estime – comme d'autres experts de politique étrangère en Iran – que l'exécutif américain ne fait rien pour apaiser ce qu'il appelle la « rhétorique incendiaire » d'Israël : « C'est sans doute parce que le président Barack Obama est trop occupé par d'autres problèmes, mais cela peut constituer une erreur grave et coûteuse. »
« La pose de mines dans le Golfe arabique, surtout dans le détroit d'Ormuz, est la principale menace à prendre en compte », considère de son côté Ahmed Al Attar, un commentateur emirati, spécialiste des questions de défense et d'énergie. Il rappelle qu'en 1988, la frégate américaine Samuel B. Roberts avait heurté une mine iranienne, et avait été presque perdue. « L'installation de champs de mines à grande échelle entraverait considérablement le trafic de pétrole et l'ensemble du commerce maritime dans le Golfe, et serait difficile à contrer, quoique pas impossible, estime-t-il. Mais la pose de mines, ou l'utilisation de missiles, affecterait également le commerce pétrolier de l'Iran, autant sinon davantage que celui de ses ennemis. L'aviation et la marine iraniennes seraient rapidement annihilées ; les forces armées se retrouveraient sans couverture air, aux prises avec des attaques aériennes répétées. Et il serait vite l'heure d'abandonner la partie… »
Durant la guerre Iran-Irak des années 1980, des tankers avaient été bombardés par la chasse iranienne dans le Golfe persique. Les prix du brut avaient explosé, tout comme les tarifs d'assurances. L'Iran peut être tenté d'agiter la menace de sa « marine de guérilla » – constituée notamment d'escadrilles de vedettes rapides – et d'une éventuelle fermeture du détroit, au cas où Israël, les Etats-Unis ou l'Europe iraient trop loin dans les sanctions, ou dans des projets d'attaque de ses installations nucléaires.
Le dernier incident sérieux dans la région remonte au 5 janvier 2008. Des vedettes rapides iraniennes s'étaient faites menaçantes contre une petite escadre de l'US Navy, de passage dans le détroit : des bâtiments américains qui rasaient, semble-t-il, la côte iranienne. L'ancien président George W. Bush était alors attendu dans la région. L'incident, qui n'avait pas débouché sur une poursuite ou un tir, avait permis en revanche à la diplomatie américaine de battre le tam-tam auprès des pays du Golfe en faveur d'une coalition anti-iranienne, et au président lui-même de se poser en garant de la libre circulation dans le golfe et le détroit.
Les présidents américain et français ont profité du récent sommet du G20 à Cannes pour dénoncer le programme nucléaire militaire iranien, et agiter la menace de nouvelles sanctions, tandis qu'en Israël on débattait gravement d'une possible expédition punitive des forces armées, dans la foulée d'une déclaration du président israélien. Shimon Pérès [3] avait estimé le vendredi 5 novembre que la perspective d'une option militaire contre l'Iran pour l'empêcher d'obtenir l'arme nucléaire se rapprochait, et suscité une avalanche de débats et commentaires dans la presse israélienne.
Il semble admis, une semaine plus tard, que ce nouvel accès de fièvre était essentiellement verbal, à usage politique, dans l'attente de la publication d'un rapport « favorable » de l'AIEA ouvrant la voie à un nouveau train de sanctions internationales.
Au contraire de l'Egyptien Mohamed El Baradei, qui faisait preuve d'une certaine indépendance, même s'il a peut-être eu une tendance pan-islamique à minorer les tentatives iraniennes pour se doter de l'arme atomique, le Japonais Yukiya Amano – son successeur à la tête de l'AIEA – semble parfaitement en phase avec Washington (qu'il a consulté quelques heures avant de sortir son rapport), et avec Israël (qui a aussitôt clamé que ce rapport confirmait et même légitimait ses inquiétudes répétées). Selon Téhéran, qui ne compte pas changer de politique, ce rapport est fabriqué à l'aide d'éléments communiqués opportunément par des services secrets occidentaux, et ne reflète pas la réalité.
Sur un plan technique, on relève dans la lettre confidentielle TTU, spécialisée dans les questions de défense [4], « qu'à partir de la fin de l'année, l'aviation israélienne n'aura plus à demander la permission aux Etats-Unis pour survoler l'Irak et mener d'éventuelles attaques contre les installations nucléaires iraniennes ». La clause dans l'accord militaire entre l'Irak et les Etats-Unis signé en novembre 2008, incluse sous la pression du premier ministre chiite Nouri al-Maliki, qui a institué une zone interdite de vol au-dessus du territoire irakien en vue d'empêcher des raids israéliens contre l'Iran, arrive en effet à expiration à la fin 2011, après le départ officiel des troupes américaines d'Irak. Or, rappelleTTU, le plus court chemin vers l'Iran pour l'aviation israélienne passe par l'Irak. Par ailleurs, les vives tensions de ces derniers mois entre Israël et la Turquie excluent un passage par ce dernier pays [5].
Plus généralement, si l'ex-président Bush rêvait de remodeler le Proche-Orient, c'est ce même Proche-Orient avec ses évolutions politiques récentes qui, en attendant, contraint l'exécutif conduit par Barack Obama à redéfinir la posture stratégique des Etats-Unis dans le Golfe. Dans un dossier de la revue Diplomatie(juin-juillet 2011) sur « la géopolitique des Etats-Unis : la fin d'un empire ? », Anthony Cordesman, titulaire d'une chaire de stratégie au Center for Strategic and international Studies (CSIS), conseille au gouvernement américain - auquel il n'est pas hostile ! - de ne pas délaisser le Golfe, qui doit rester une priorité absolue pour les Etats-Unis (comme pour la plupart des pays dépendants du pétrole proche-oriental), quitte à laisser à l'Inde, la Chine, et la Russie le « grand jeu » dans l'Asie du Sud, et à « oublier » ou presque l'Afghanistan, le Pakistan, etc., en évitant en tout cas d'y contrarier les fragiles équilibres actuels.
Cordesman, qui dresse un tableau inquiétant des failles et zones de fracture au Proche-Orient, dans des pays qui étaient jusqu'ici des partenaires privilégiés des Etats-Unis (Egypte, Tunisie, Yémen, Bahrein), suggère par exemple :
Notes
[1] Une base française interarmées permanente a été créée en 2009 à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, aux approches du détroit, face à l'Iran.
[2] Voir son autre article dans Asia Times, « False bells on Iran's nuclear program ».
[3] Le même Shimon Pérès avait contribué à faire d'Israël une puissance nucléaire dans les années 1960, avec l'aide technique de la France.
[4] 9 novembre 2011 – n° 821.
[5] En septembre 2007, lorsqu'elle a attaqué un site nucléaire dans le nord de la Syrie, ses appareils avaient largué accidentellement des réservoirs de carburant sur le territoire turc.-----
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- " Déclaration Universelle des Droits de l'Homme - Article 19