OTAN: la plus grande des saintes alliances militaires capitalistes de tous les temps. Sous la domination des Usa, elle sert leur politique de domination mondiale. Combattons sans arrêt cette machine de guerre impérialiste, agressive, colonialiste, ruineuse et dangereuse, pour tous les peuples de la planète. Pour recevoir ces articles, envoyer un mail à roger.romain@skynetblogs.be. Indiquer Otan. Merci !

mardi, décembre 23, 2008

Fw: n° 18 - Dossier des Guerres de l'Otan - 21-12.- 1- Zbigniew Brzezinski : le Méphisto de l’Amérique.

 

Sent: Tuesday, December 23, 2008 9:05 AM
 
Subject: n° 18 - Dossier des Guerres de l'Otan - 21-12.- 1- Zbigniew Brzezinski : le Méphisto de l'Amérique.

 

                                      Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.

                               Les médias occidentaux dans leur large majorité accepte les versions de l'armée américaine et ferment les oreilles aux autres sources. .  

                                                                      Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre! 

                                                                                      Sa diffusion est un acte de résistance.

  



     Les dossiers des Guerres de l'Otan. n° 18- 21-08
Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
                                                                             Par M.Lemaire                                                                                 



 "Le'Dossier des guerre de l'Otan" est  visible :

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire..

Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

1-1 Le rôle d'Israël dans la guerre entre la Georgie et la Russie.

1-2 Un marché transatlantique impérial.

2 Annexe

2-1 Ceux qui ont conçu et préparé l'attaque génocidaire contre le peuple ossète par l'armée georgienne.

2-2 Zbigniew Brzezinski : le Méphisto de l'Amérique.

2-3 Helga Zepp-LaRouche : Fusion UE-OTAN : Non à une Europe empire !

2-4 L'ombre de la crise plane sur la destruction des armes chimiques.

.



1 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

1-1 Le rôle d'Israël dans la guerre entre la Georgie et la Russie.

En s'impliquant en Georgie, Israël a fait sa part du travail en formant l'armée de ce qui devait devenir « l'Israël du Caucase » au service des ambitions impérialistes euro-atlantiques.

Au moment où la Georgie a lancé la semaine dernière une attaque par surprise sur la minuscule région semi-indépendante de l'Ossetie du sud, provoquant une féroce contre-attaque russe, Israël a essayé de prendre ses distances par rapport au conflit. C'est compréhensible : avec les forces georgiennes en déroute, un grand nombre de civils tués et blessés et une Russie dont la colère est loin de se calmer, la profonde implication d'Israël est extrêmement embarrassante.

L'effondrement de l'offensive georgienne représente non seulement un désastre pour ce pays et ses dirigeants soutenus par les Etats-Unis, mais il porte un autre coup au mythe du prestige et des prouesses militaires d'Israël. Pire encore, Israël craint que la Russie puisse exercer des représailles en renforçant son aide militaire aux adversaires d'Israël dont l'Iran.

« Israël suit avec avec la plus grande inquiétude les développements en Ossetie du sud et en Abkhazie et espère que la violence cessera, » a indiqué son ministère des affaires étrangères, ajoutant avec un inhabituel vocabulaire de colombe : « Israël reconnait l'intégrité nationale de la Georgie et appelle à un règlement pacifique. »

Le premier diplomate de Tbilisi à Tel Aviv s'est plaint que la réponse israélienne soit si terne face à la situation fâcheuse de son pays et il a peut-être surestimé l'influence israélienne, réclamant « une pression diplomatique israélienne sur Moscou. » Le diplomate a prétendu que comme Israël, la Georgie menait une guerre contre le « terrorisme. » Les officiels israéliens ont poliment répondu aux georgiens que « l'adresse pour ce type de pression était Washington » (Herb Keinon, « Tbilisi veut qu'Israël fasse pression sur la Russie, » Jérusalem-Post, 11 août 2008).

Alors qu'Israël était pressé de minimiser l'importance de son rôle, la Georgie a peut-être espéré que la flatterie pourrait engager Israël plus profondément [dans le conflit]. Le ministre georgien Temur Yakobashvili — qui serait juif selon le quotidien israélien Haaretz — a déclaré à la radio de l'armée israélienne que « Israël devrait être fier de ses militaires qui ont formé les soldats georgiens. » Yakobashvili a revendiqué, de façon peu crédible selon Haaretz, qu' « un petit groupe de soldats georgiens avait pu éliminer une division militaire russe entière grâce à l'entraînement israélien » (« Le ministre georgien déclare à la radio israélienne : Grâce à la formation israélienne, nous sommes à l'aise contre l'armée russe, » Haaretz, 11 août 2008).

Depuis l'année 2000, Israël a vendu à la Georgie pour des centaines de millions de dollars d'armes et de stages d'entraînement au combat. Les armes comprennent des pistolets, des munitions, des obus, des systèmes de missiles tactiques, des systèmes antiaériens, des tourelles automatiques pour les véhicules blindés, du matériel électronique et des avions sans pilote. Ces ventes ont été autorisées par le ministère de la défense israélien (Arie Egozi, « Guerre en Georgie : l'Israël connection, » Ynet, 10 août 2008).

Les formations ont également impliqué des dirigeants du service secret du Shin Bet israélien — celui-là même qui depuis des décennies assassine et torture les Palestiniens dans les territoires occupés — la police israélienne, ainsi qu'Elbit et Rafaël, les principales compagnies de ventes d'armes du pays.

L'axe militaire Tel Aviv-Tbilisi semble avoir été cimenté aux niveaux les plus élevés, et selon YNet, « le fait que le ministre de la défense de la Georgie, Davit Kezerashvili, soit un ancien israélien à l'aise avec l'hébreu a contribué à cette coopération. » On trouve parmi les personnes impliquées dans ce juteux commerce d'armes l'ancien ministre israélien et maire de Tel Aviv Roni Milo ainsi que plusieurs officiers militaires israéliens de rang élevé.

L'homme-clé était le brigadier général de réserve Gal Hirsch qui a commandé les forces israéliennes à la frontière libanaise pendant la seconde guerre contre le Liban en juillet 2006. (Yossi Melman, « Violence en Georgie - une alliance gelée, » Haaretz, 10 août 2008). Il a démissionné de l'armée après que la commission Winograd ait sévèrement critiqué la conduite de la guerre contre le Liban et qu'une enquête israélienne interne à l'armée l'ait blâmé pour la capture de deux soldats par le Hizballah [mouvement de la résistance libanaise].

Selon un des instructeurs israéliens pour le combat, un officier dans une unité « d'élite » de l'armée israélienne, Hirsch et des collègues auraient parfois personnellement dirigé la formation des forces georgiennes qui incluait « le combat maison par maison. » La formation a été prise en charge par plusieurs compagnies « privées » ayant des liens étroits avec les militaires israéliens.

Alors que la violence faisait rage en Georgie, l'instructeur essayait désespérément de contacter ses anciens élèves georgiens sur le champ de bataille par l'intermédiaire d'un téléphone portable : les israéliens voulaient savoir si les georgiens avait « assimilé la technique militaire israélienne et si les forces spéciales de reconnaissance avaient remporté un quelconque succès » (Jonathan Lis et Moti Katz, « Les instructeurs qui ont formé les troupes georgiennes disent que la guerre avec la Russie n'est pas une surprise, » Haaretz, 11 août 2008).

Mais au sol, les forces georgiennes entraînées par Israël et sans surprise complètement dominées par les Russes, ont peu fait pour racheter l'image des militaires israéliens après leur défaite face au Hizballah en juillet -août 2006.

La question demeure quant à savoir pourquoi Israël a été impliqué en première ligne. Il y a plusieurs raisons à cela. La première est simplement l'opportunisme économique : pendant des années, particulièrement depuis les attaques du 11 septembre 2001, les exportations d'armes et « l'expertise en sécurité » ont été des industries en expansion pour Israël. Mais la forte implication israélienne dans une région que la Russie considère d'un intérêt essentiel suggère qu'Israël pourrait avoir agi dans le cadre d'un accord plus large avec le projet des Etats-Unis d'encercler la Russie et de contenir sa puissance renaissante.

Depuis la fin de la guerre froide, les Etats-Unis s'en sont résolument pris aux frontières de la Russie et ont étendu la zone de l'OTAN d'une façon que le Kremlin considère fortement provocatrice. Peu de temps après sa prise de fonction, l'administration Bush a mis en pièces le traité sur les missiles anti-ballistiques et comme l'a fait le gouvernement Clinton, elle a pris sous son aile d'anciens états satellites soviétiques, les utilisant pour y installer des systèmes anti-missiles que la Russie considère comme une menace. En plus de leur « guerre globale contre la terreur, » les faucons de Washington avaient récemment évoqué une nouvelle guerre froide avec la Russie.

La Georgie était un volontaire très motivé et elle a rapidement appris la rhétorique correcte : un ministre georgien a clamé que « chaque bombe qui tombe sur nos têtes est une attaque contre la démocratie, contre l'Union Européenne et contre l'Amérique. » La Georgie avait tenté d'adhérer à l'OTAN et envoyé 2000 soldats pour aider les Etats-Unis à occuper l'Irak. Une fois la guerre commencée, elle a sans doute espéré que sa fidélité serait récompensée avec un transport aérien d'armes jour et nuit, du genre de celui dont Israël a bénéficié de la part des Etats-Unis pendant ses guerres. Au lieu de cela, le seul transport aérien fourni par les Etats-Unis était pour le rapatriement les troupes georgiennes d'Irak vers le nouveau front.

En aidant la Georgie, Israël a semble-t-il fait sa part pour reproduire sa propre expérience en soutenant l'expansion à l'est de l'empire « euro-atlantique ». Alors que soutenir la Georgie était certainement risqué pour Israël étant donné la réaction russe possible, elle a une raison indiscutable d'intervenir dans une région qui est fortement contestée entre les puissances mondiales. Israël doit constamment se réinventer un rôle « capital » pour la puissance américaine afin de sauvegarder l'appui des Etats-Unis, lesquels assurent sa survie en tant qu'enclave coloniale au Moyen-Orient. C'est un rôle habituel : dans les années 70 et les années 80, à la demande de Washington, Israël a aidé le régime d'Apartheid d'Afrique du Sud à combattre les insurrections soutenues par les soviétiques en Namibie et en Angola occupées par cette même Afrique du Sud, et il a formé les escadrons de la mort alliés des Etats-Unis qui combattaient les mouvements et gouvernements de gauche en Amérique Centrale. Après 2001, Israël s'est placé sur le marché en tant qu'expert pour combattre « le terrorisme islamique. »

Le président vénézuélien Hugo Chavez a récemment dénoncé la Colombie — depuis longtemps un des plus grands bénéficiaires de l'aide militaire américaine après Israël — comme « l'Israël de l'Amérique latine. » Le gouvernement de la Georgie, au détriment de son peuple, a pu avoir voulu jouer le rôle d'un « Israël du Caucase » — un fidèle valet des ambitions des Etats-Unis dans cette région — et perdu au jeu. Jouer avec des empires est dangereux pour un petit pays.

La doctrine Bush ayant échoué à donner naissance au « nouveau Moyen-Orient » dont les Etats-Unis ont besoin pour maintenir leur puissance dans la région face à une résistance grandissante, un Israël toujours plus désespéré et plus voyou [« rogue » dans le texte - N.d.T] doit rechercher des occasions de prouver sa valeur partout ailleurs. C'est terriblement effrayant.

Ali Abunimah

Ali Abunimah est co-fondateur de The Electronic Intifada, est l'auteur de One Country : A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006).

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=5473


1-2 Un marché transatlantique impérial.
Dans les pays membres de l'ancienne Union européenne, l'Europe des quinze, la question de la souveraineté extérieure est réglée depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Généralement occupés par l'armée américaine et membres de l'OTAN, ces pays ont transféré leur prérogative régalienne, de faire la guerre et d'assurer leur défense, à l'exécutif étasunien. La phase actuelle des relations entre l'Union européenne et les Etats-Unis est spécifique. Elle consiste dans l'abandon de la souveraineté intérieure des pays membres des l'Europe des 27. Grâce à une hégémonie du droit des Etats-Unis sur le sol européen, l'exécutif américain exerce un pouvoir direct sur les populations européennes. A travers de nombreux accords, cette souveraineté est légitimée par les institutions de l'Union.
L'instauration d'une souveraineté interne de l'exécutif étasunien sur les pays de l'ancien continent conduit à la formation d'une nouvelle forme d'Etat, à la mise en place d'une structure impériale sous direction américaine. Il s'agit d'une forme d'organisation stable qui diffère fortement de la situation antérieure.

Dans le cas où les Etats-Unis disposaient de la seule souveraineté extérieure des pays européens, un retour en arrière partiel ou plus profond restait possible sans une révolution sociale, tel que l'atteste le retrait de la France, effectué par De Gaule, du commandement de l'OTAN. Une telle tentative d'indépendance d'un pouvoir constitué européen n'est même plus envisageable, si les Etats-Unis exercent un contrôle direct sur les populations de l'ancien continent.

Un grand marché transatlantique à l'horizon 2015

Une résolution du Parlement européen de mai 2008 opère une légitimation du projet de création d'un grand marché transatlantique pour 2015. Elle prévoit l'élimination des barrières au commerce, d'ordre douanière, technique ou réglementaire, ainsi que la libéralisation des marchés publics, de la propriété intellectuelle et des investissements.

L'accord prévoit une harmonisation progressive des réglementations et surtout la reconnaissance mutuelle des règles en vigueur des deux côtés de l'atlantique. Dans les faits, c'est le droit américain qui s'appliquera.
Parallèlement aux négociations sur l'existence d'un grand marché, des discussions discrètes se sont développées afin de créer un espace commun de contrôle des populations. Un rapport secret, conçu par des experts de six Etats membres, a établit un projet de création d'une aire de coopération transatlantique en matière de «liberté de sécurité et de justice», d'ici 2014. Il s'agit de réorganiser les affaires intérieures et la Justice des Etats membres «en rapport avec les relations extérieures de l'Union européenne», c'est à dire essentiellement en fonction des relations avec les Etats-Unis.
Plus encore que le transfert des données personnelles et la collaboration des services de police, processus déjà largement réalisé, l'enjeu de la création d'un tel espace consiste dans la possibilité, à terme, de la remise des ressortissants de l'Union aux autorités étasuniennes. Rappelons que le mandat d'arrêt européen, qui  résulte de la création d'un «espace de liberté, de sécurité et de justice» entre les Etats membres, supprime toutes les garanties qu'offrait la procédure d'extradition. Le mandat d'arrêt repose sur le principe de reconnaissance mutuelle. Il considère, comme immédiatement conforme aux principes d'un Etat de droit, toutes les dispositions juridiques de l'Etat demandeur. L'installation d'une telle aire de coopération transatlantique ferait que l'ensemble de l'ordre de droit étasunien serait reconnu par les 27 et que les demandes américaines d'extradition seraient, après de simples contrôles de procédure, automatiquement satisfaites.
Or, aux Etats-Unis, le Military Commissions Act of 2006 permet, de poursuivre ou d'emprisonner indéfiniment, toute personne désignée comme ennemi par le pouvoir exécutif. Cette loi concerne tout ressortissant d'un pays avec lequel les USA ne sont pas en guerre. On est poursuivi comme «ennemi combattant illégal» non pas sur des éléments de preuve, mais simplement parce qu'on est nommé comme tel par le pouvoir exécutif. Cette loi, de portée internationale, n'a été contestée par aucun gouvernement étranger.

Grand marché et contrôle des populations

Le parallélisme entre la libéralisation des échanges entre les deux continents et le contrôle américain des populations européennes existe durant les 13 années qu'a duré le processus de négociation. Ainsi, le 3 décembre 1995, au sommet USA-UE de Madrid, fût signé le «Nouvel agenda transatlantique» visant à promouvoir un grand marché transatlantique, ainsi qu'un plan d'action commun en matière de coopération policière et judiciaire.
Alors que les négociations en matière de coopération policière furent continues, les discussions visant à créer un grand marché connaîtront un point d'arrêt. Elles seront abandonnées en 1998. Il faudra attendre 2005 pour que le projet soit réactivé par une déclaration économique, adoptée lors du sommet US-UE de juin 2005.
Les progrès dans la création d'un marché transatlantique sont dus à l'action d'un institut euro-américain, le Transatlantic Policy Network. Fondé en 1992 et réunissant des parlementaires européens, des membres du Congrès des Etats-Unis et d'entreprises privées, il appelle à la création d'un bloc euro-américain aux niveaux politique, économique et militaire. Il est soutenu par de nombreux think tanks comme l'Aspen Institute, l'European-American Business Council, le Council on Foreign Relations, le German Marshall Fund ou la Brookings Institution. Il est alimenté financièrement par des multinationales américaines et européennes comme Boeing, Ford, Michelin, IBM, Microsoft, Daimler Chrysler, Pechiney, Michelin, Siemens, BASF, Deutsche Bank, Bertelsmann..
Un élément important de cet «espace de liberté, de sécurité et de justice», le transfert général des données personnelles est en train d'aboutir. Un rapport interne écrit conjointement par des négociateurs appartenant au Ministère de la Justice et au Département de la sécurité intérieure côté américain et par le Coreper, un groupe de représentants permanents, en ce qui concerne l'Union Européenne, annonce un accord en ce sens pour 2009.
Il s'agit de favoriser la remise de données d'ordre administratif et judiciaire, mais aussi relatives à la «défense du territoire».

Les négociateurs se sont déjà mis d'accord sur 12 points principaux. En fait, il s'agit de remettre, en permanence aux autorités américaines une série d'informations privées, telles le numéro de la carte de crédit, les détails des comptes bancaires, les investissements réalisés, les itinéraires de voyage ou les connexions internet, ainsi que des informations liées à la personne telle la race, les opinions politiques, les mœurs, la religion…
Les Américains inscrivent leurs exigences dans le contexte économique. Pour eux, cet accord se présente comme «une grosse affaire, car cela va diminuer la totalité des coûts pour le gouvernement US dans l'obtention des informations de l'Union européenne».
L'enjeu n'est pas de pouvoir transmettre ces données aux autorités américaines, ce qui est déjà largement réalisé, mais de pouvoir légalement les remettre au secteur privé. Il s'agit de supprimer tout obstacle légal à la diffusion des informations et de garantir des coûts les plus bas possibles. Il faut avant tout assurer la rentabilité du marché.

Primauté du droit américain

Les négociateurs européens ont abandonné leur propre légalité en ce qui concerne la nécessité d'un contrôle indépendant et ont accepté les critères américains. Ils admettent que le pouvoir exécutif se surveille lui-même en considérant que le système de contrôle interne du gouvernement US offrait des garanties suffisantes. Ils ont accepté que les données concernant la «race», la religion, les opinions politiques, la santé, la vie sexuelle, soient utilisées par un gouvernement à condition «que les lois domestiques fournissent des protections appropriées». Chaque gouvernement pourrait décider lui-même s'il respecte ou non cette obligation.
Le processus qui conduit à l'installation d'un grand marché transatlantique est l'inverse de celui de la construction de l'Union européenne. Le marché commun européen est d'abord une structure économique basée sur la libéralisation des échanges de marchandises. Le grand marché transatlantique s'appuie sur la primauté du droit US. Il est d'abord une construction politique, même la création d'une Assemblée transatlantique est évoquée. L'exercice de la souveraineté des autorités étasuniennes sur les populations européennes et la légitimation de ce pouvoir par l'Union sont les conditions de la mise en place de nouveaux rapports de propriété et d'échange: transformer les données personnelles en marchandises et libérer ce grand marché de toute entrave.

Jean-Claude Paye, sociologue, auteur de «La fin de l'Etat de droit» (La Dispute 2004)
http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id

Jeudi 18 Décembre 2008http://www.alterinfo.net/Un-marche-transatlantique-imperial_a27281.html?PHPSESSID=7e02ef2deaed6e3cfac0e57c3fde8628



2 Annexe
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information.

2-1 Ceux qui ont conçu et préparé l'attaque génocidaire contre le peuple ossète par l'armée georgienne.

Ceci est la transcription d'une interview de Vadim Stolz (VS) président du Comité Editorial International de burtsev.ru - groupe de journalistes d'investigation affilié à l'hebdomadaire internet LEFT RUSSIA (www.left.ru)
Interview réalisée le 13 Aout 2008 par Natasha Barch (NB) membre du groupe de Moscou de burtsev.ru. VS parlait au téléphone depuis l'Azerbaïdjan
.

NB - Vadim, que pouvez-vous nous dire sur ceux qui ont conçu et préparé l'attaque génocidaire contre le peuple ossète par l'armée georgienne ?

VS - Nous pensons que cette conspiration s'est formée au printemps 2008 dans le triangle formé par l'équipe de campagne de Mac Cain, d'anciens membres du « groupe super secret » de BOB GATES de 1989-1991 et les représentants du centre clandestin BANDEROVITE (NDT : Banderovites : fascistes ukrainiens, voir plus loin) dans le service central du renseignement militaire du Ministère Ukrainien de la Défense.

NB
- Pourriez-vous être plus précis et nous donner des noms et des détails ?

VS - OK. D'abord, je mentionnerais le bureau du Vice-président DICK CHENEY comme le lien entre la campagne MAC CAIN et le pouvoir exécutif. Chez MAC CAIN nous avons identifié deux personnages clés : RANDY SCHEUNEMANN et ROBERT KAGAN. SCHEUNEMANN est le conseiller de MAC CAIN pour les affaires internationales. Il est également patron d'une firme de lobbying engagée par SAAKASHVILI pour favoriser l'entrée de la Georgie dans l'OTAN. En 2002, SCHEUNEMANN a fondé le COMITE POUR LA LIBERATION DE L'IRAK et est devenu le principal propagandiste de la guerre US contre ce pays. Il a pris part à la falsification du renseignement US sur les armes de destruction massive de l'Irak et à la mise sur pied du gouvernement irakien fantoche. Il était proche du fameux AHMED CHALABI du Conseil National Irakien. CHALABI a été la principale source de désinformation de la CIA et du Pentagone et leur a fourni les alibis quand le trucage est devenu évident. Il est probable que SCHEUNEMANN ait travaillé avec l'ex-officier de haut niveau de la CIA FRITZ ERMARTH dans cette opération de désinformation. A cette époque ERMARTH était employé de la SAIC un des plus gros fournisseurs du Pentagone, de la CIA et du FBI qui comptait ROBERT GATES parmi ses administrateurs et était très impliquée dans l'invasion de l'Irak. Un des contrats de la SAIC était de former les membres du gouvernement irakien fantoche mis en place hâtivement par Washington.


[
Note de l'éditeur FRITZ ERMARTH sert de lien entre un groupe d'anciens agents du renseignement soviétique opérant sous la bannière de la compagnie FARWEST LLC et les groupes de droite du complexe militaro-industriel et la classe politique.]

Quant à ROBERT KAGAN, il est le conseiller informel de MAC CAIN émanant des élites de l'extrême-droite atlantiste et leur idéologue à la mode qui milite pour un retour à l'impérialisme occidental d'avant la Première Guerre Mondiale. Sa femme est le représentant US à l'OTAN. Ils vivent à Bruxelles. Avec WILLIAM CHRISTOL, KAGAN a cofondé le PNAC (Projet pour un nouveau siècle américain) qui a été le porte-drapeau du projet militaro-politique proto-fasciste qui inclut les néoconservateurs, l'extrême droite des Républicains, des éléments racistes et les Likudniks, tous à la recherche de la domination mondiale.
Les personnes du « groupe secret » qui ont participé au dernier coup du Caucase sont ROBERT GATES, CONDI RICE, ERMARTH et ERIC EDELMAN qui travaille pour GATES en qualité de sous-secrétaire à la Défense. C'est un groupe idéologiquement cohérent de vétérans de la guerre secrète contre l'URSS et la Russie.
Nous
pensons que le rôle principal dans le « coup » a été joué par les services de renseignement ukrainiens, représentés par leurs chefs informels : les généraux VLADIMIR FILIN (né Vladimir Vladimirovitch Litouchenko) et ALEXI LIKHVINTSEV (né Alexei Alexevitch Kolosovskii)
[Note de l'éditeur : Le général FILIN a plusieurs visages. Outre ses fonctions au service central du renseignement militaire ukrainien, il est le Vice-président de FARWEST LLC (précédemment FARWEST LTD) dont le siège est à Dubaï. Cette société commerciale sert de paravent à une alliance antirusse des services de renseignement US, britanniques, Saoudiens, Ukrainiens et quelques autres. FILIN intervient également comme « politologue » dans deux publications qui appartiennent à FARWEST LLC : Forum.msk.ru et Pravda.info. Jusqu'à récemment, lui et ses partenaires de FARWEST écrivaient également dans la revue Zavtra, principal hebdomadaire « nationaliste » qu'il soutenait financièrement. Un autre ami de FILIN est l'homme d'affaires brésilien FT CARVALLO qui possède plusieurs usines d'éthanol et s'est récemment associé aux entreprises d'éthanol de GEORGE SOROS au Brésil]
Selon nos sources en Ukraine, FILIN et LIKHVINTSEV représentent le centre BANDEROVITE au ministère de la Défense ukrainien. Leurs partenaires sont le colonel en retraite du service de renseignement militaire russe ANTON SURIKOV, le général RUSLAN SALDOV, conseiller de RUSLAN MIRZAEV, ministre de la Défense de l'Ouzbékistan et le chef du service illégal de renseignement extérieur de la République Tchétchène. Je dois aussi citer le prince saoudien RASHEED, Président de FARWEST LLC et un parent du prince TURKI AL FAISAL. Ce troisième groupe d'agents de renseignement n'a pas de poids politique significatif. Ce sont des collaborateurs des atlantistes, saoudiens, panturkistes et nationalistes ukrainiens.
Banderovite : mouvement fasciste ukrainien héritier de STEFAN BANDERA, nationaliste ukrainien anti-soviétique qui à la tête de ses milices combattit l'Armée Rouge aux côtés des Nazis. Réfugié en Occident après la guerre, il fut assassiné par les services secrets soviétiques en 1959.
La division de la société ukrainienne entre « pro russes » et « anti russes » même si elle ne conduit pas à des formes de guerre civile reste cependant une donnée actuelle de la vie politique ukrainienne et explique l'instabilité permanente de ce pays depuis la révolution orange, aucun des deux camps ne parvenant à s'imposer et la division entre un Ouest plus pro-occidental et où l'antisémitisme reste vivace et un Est plus pro-russe n'a pas disparu.
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Note Comaguer : Avant d'être candidat Républicain à la Présidence, MAC CAIN a été très impliqué dans les ingérences étasuniennes partout dans le monde en qualité de patron de l'« INTERNATIONAL REPUBLICAN INSTITUTE » (IRI) la structure qui reçoit des fonds d'Etat via la NATIONAL ENDOWMENT FOR DEMOCRACY et les utilise pour créer des structures pro-US (ONG diverses, agences de communication, imprimeries, station de radios et de télévisons oppositionnelles ou pirates selon les cas...dans les pays pas assez soumis à WASHINGTON.

Dans le cadre de ces fonctions il est beaucoup intervenu dans les préparatifs des révolutions de couleur en Georgie et en Kirghizie. MAC CAIN est toujours membre du Conseil d'Administration de l'IRI.
Randy Scheunemann a fondé l'entreprise ORION qui a été recrutée comme conseiller de SAAKASHVILI.


L'IRI a un pendant démocrate animé par MADELEINE ALBRIGHT qui se livre au même type d'activités.

FRITZ ERMATH ancien de la CIA travaille aujourd'hui au NIXON CENTER présidé par HENRY KISSINGER. Il est à noter que, avant son accession à l'Elysée, NICOLAS SARKOZY DE NAGY BOCSA a détaillé sa future politique internationale dans une publication du NIXON CENTER.

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NB - Que pouvez-vous dire de l'histoire du « coup » ?
VS - Du point de vue politique, l'attaque georgienne sur l'Ossétie du Sud est une nouvelle phase de ce que nous appelons BARBAROSSA n° 3, le projet de démembrer la Russie sur le modèle du démembrement de l'URSS et de prendre le contrôle de ses ressources naturelles et de son arsenal nucléaire. Avant le printemps 2008 le principal objectif de FARWEST était de salir la direction russe, en particulier le groupe de SILOVIKI autour d'IGOR SECHIN. Les services de renseignement ukrainiens ont même créé un groupe spécial « R » [R pour Russie] occupé par d'anciens espions soviétiques pour rassembler des informations « sales » sur le groupe SECHIN et sur d'autres groupes de la haute administration et du business russes. L'idée était de susciter des conflits entre eux et peut-être de provoquer un coup d'Etat à Moscou et de détruire la Russie de l'intérieur. POUTINE devait soit être assassiné, soit être pris en otage par le groupe SECHIN. Finalement POUTINE a été capable de conjurer le plan en utilisant la vieille méthode du bon flic et du mauvais flic (MEDVEDEV ET SERGUEI IVANOV). Le transfert de pouvoir à MEDVEDEV s'est fait en douceur. La description détaillée de cette bataille est écrite dans le livre «TROISIEME BARBAROSSA » d'ANTON BAUMGARTEN.
Sa principale victime, le lieutenant-général ALEXANDER BULBOV, chef du service opérationnel de l'Agence Fédérale de contrôle du trafic de drogue et ses adjoints qui ont pris « des mesures préventives » contre FARWEST. Ils ont été arrêtés fin 2007 et, malgré les protestations du bureau du Procureur Général, restent en prison sous de fausses charges fournies contre eux par l'allié de SECHIN, ALEXANDER BASTRYKIN, chef du Comité des enquêtes du bureau du Procureur général.
Une nouvelle phase de la guerre secrète contre la Russie a commencé quand l'échec de la tentative de profiter du transfert du pouvoir présidentiel au Kremlin en créant du désordre est devenu patent et lorsque les Républicains ont vu se profiler la menace d'une défaite aux Présidentielles. Dans cette nouvelle phase, la place centrale est revenue aux régimes « oranges » de SAAKASHVILI et YUSCHENKO. Leur rôle a été de provoquer une crise militaire avec la Russie qui pourrait servir à convaincre la « vieille Europe » qu'une nouvelle guerre froide avec la Russie était inévitable, à la faire s'aligner sur les Etats-Unis et à lever toutes les objections à la rapide intégration de la Georgie et de l'Ukraine dans l'OTAN. Non moins important était l'objectif de dynamiser la campagne poussive de MAC CAIN. A cet égard, il faut noter que pour de nombreux observateurs ROBERT GATES a été impliqué dans l' « OCTOBER SURPRISE » de 1980 qui a porté REAGAN et BUSH à la Maison Blanche. Nombre de commentateurs occidentaux ont relevé cette ressemblance avec l'attaque georgienne.
Il y avait d'autres considérations plus générales. Conformément à la proposition de KAGAN pour un nouvel impérialisme, l'ONU doit être dissoute et remplacée par une « LIGUE DES DEMOCRATIES » pour défendre la « civilisation » contre une « LIGUE DES AUTOCRATIES ». Il va sans dire que la Russie (et la Chine) appartiennent à ce second groupe. Il s'ensuit que les ATLANTISTES ont besoin d'une nouvelle guerre froide en vue de cimenter l'alliance ULTRA IMPERIALISTE, dénommée « L'OUEST ». Dans la vision de KAGAN, le système des relations internationales sera mis sur la touche, laissant une table rase pour l'affrontement final entre les forces de la Lumière occidentale et celles des ténèbres orientales. KAGAN rêve d'u retour à l'époque d'avant la Première Guerre Mondiale, quand les impérialistes occidentaux, ignorant superbement la correction politique décident de rosser les sauvages et les barbares .......
Cette fois, les barbares seront appelés « La ligue des autocrates » qui menacent les libertés de « l'humanité civilisée ». KAGAN appelle cela le « retour à l'Histoire et la fin des rêves ». Si l'on en juge par l'abondante publicité dont bénéficient ces conneries fascistes à l'Ouest, KAGAN peut être considéré comme le leader idéologique des élites Atlantistes et des Post-Nazis. L'opération « table rase » était idéologiquement enracinée dans la doctrine KAGAN et dans les discours de SAAKASHVILI, la Georgie est présentée comme « le bastion de la civilisation » contre « l'esclavage asiatique ». Le discours georgien officiel est plein de telles stupidités racistes.
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Note Comaguer :
SILOVIKI est la dénomination russe de tous les personnages du monde du renseignement et de l'espionnage. Il ne s'agit pas pour autant d'un groupe organisé et homogène car « les guerres des services » comme la corruption existent en Russie comme d'ailleurs en atteste l'épisode « Bulbov » dont parle VADIM STOLZ.

IGOR SECHIN est un des personnages-clés du régime. Secrétaire particulier de Poutine à la Présidence il vient récemment de le rejoindre dans la même fonction chez le Premier Ministre. Quand il parle de « prise d'otage de Poutine par le groupe SECHIN » l'article semble lui prêter des ambitions personnelles mais il est difficile de corroborer cette affirmation.
La manœuvre de POUTINE à laquelle VADIM STOLZ fait allusion est la méthode du « bon flic » et du « mauvais flic ». Elle fait référence aux préparatifs de la succession de POUTINE à la Présidence. On se souvient qu'à l'approche du terme de second mandat consécutif, l'Occident a déclenché une grande campagne pour faire croire que Poutine allait se représenter et violer ainsi la Constitution qui interdit trois mandats consécutifs (mais pas trois mandats !). S'il était tombé dans ce panneau il aurait endossé lui-même le costume de dictateur qui lui avait déjà été taillé. Mais il lui fallait en même temps déjouer les manœuvres locales qui l'auraient empêché de choisir le successeur qui avait ses préférences. D'où le lancement de la candidature de SERGEI IVANOV qui se trouva soudain promu du Poste de Ministre de la Défense à celui de Premier Ministre et présenté aussitôt comme présidentiable. SERGEI IVANOV considéré comme un « dur » en Occident va donc jouer le rôle du mauvais flic, celui qui fait peur et permettre à DIMITRI MEDVEDEV de rester dans l'ombre le plus longtemps possible et d'apparaître comme un doux ou un faible au point qu'il a été rapporté que sitôt après la vigoureuse riposte russe à l'attaque Georgienne de l'Ossétie du Sud, BUSH a téléphoné à MEDVEDEV et lui a manifesté sa surprise en lui disant : « je croyais que vous étiez un libéral !» La subtilité politique de BUSH n'est évidemment pas très développée mais il ne faisait que répéter ce que son entourage lui avait dit : « on a échappé au méchant (IVANOV) on a eu le gentil (MEDVEDEV) ». L'occasion de faire remarquer que le pouvoir politique à Moscou fait l'objet d'une surveillance minutieuse des services officiels du gouvernement des Etats-Unis et de toutes les fondations et ONG pro US installées à Moscou et que cette surveillance n'a guère diminué depuis l'ère soviétique. Mais la preuve est faite aussi que Poutine et les SILOVIKI connaissent toujours la musique ! Le Livre d'ANTON BAUMGARTEN ne semble exister que dans sa version originale russe. Un bref résumé en anglais est disponible sur le site de LEFT.RU.

Le thème de la « LIGUE DES DEMOCRATIES » a été repris récemment par MAC CAIN dans sa campagne. Sans surprise ! Il est un nouveau symptôme de la volonté des néoconservateurs et de la droite étasunienne de détruire tout l'édifice du droit international construit après 1945 autour de l'ONU. De la même façon le discours sur les « barbares orientaux » rappelle tristement le discours nazi et en particulier la haine des slaves qu'il n'était pas moindre que celle des juifs.

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NB - Les néo-conservateurs US et les origines idéologiques du génocide georgien contre le peuple ossète sont un sujet très important et nous en traiterons. . Mais que pouvez-vous nous dire sur la préhistoire de l'opération « Table rase » ?
VS - Il y a quelque temps nous avons publié l'information, basée sur nos sources au ministère de la Défense ukrainien, que le général FILIN a, fin 2007, été affecté au département spécial « R » pour coordonner l'activité des services de renseignement ukrainien et georgien. En pratique, cela veut dire que FILIN contrôlait la circulation des renseignements ukrainiens sur l'armée russe à la Georgie.
Les
services de renseignement georgiens n'avaient pas les moyens de faire ce travail et devaient s'appuyer sur les ukrainiens. FILIN disposait de cadres expérimentés, beaucoup ayant travaillé pour les services soviétiques, et d'un puissant réseau d'information de terrain en Russie du Sud et à Moscou. FILIN avait aussi des informateurs au Ministère russe de la Défense, au FSB et dans d'autres services officiels. FILIN et ses partenaires de FARWEST LLC ont développé ces sources via des « contrats commerciaux » ou avec des partenaires dans le crime, le trafic de drogue et le trafic d'armes. On peut dire que , pour la partie renseignement humain, l'opération « Table rase » était soutenue par le renseignement militaire ukrainien et pour la partie renseignement technique qu'elle était assurée par les services US installés autour de la ville de GORI et ailleurs.
Selon nos sources allemandes, mi-mars 2008, ROBERT KAGAN a tenu une première réunion avec la direction de FARWEST LLC, FILIN, RUSLAN SAIDOV et ANTON SURIKOV. Ils ont été présentés à KAGAN à Bruxelles par FRITZ ERMARTH, aujourd'hui membre de la fondation NIXON. Cette réunion permit d'établir les liaisons entre FARWEST LLC et les responsables pour la politique étrangère et le renseignement de la campagne MAC CAIN. Ensuite en Mai, FILIN commença son chantage nucléaire contre la Russie, laissant entendre que l'armée ukrainienne avait conservé quelques armes nucléaires en violation de l'accord de Budapest de 1995. Il continua aussi à diaboliser les Sociaux-démocrates allemands en comparant le Chancelier SCHRÖDER et le Ministre des Affaires étrangères STEINMEIER à des nazis et le pipeline NORTH STREAM au pacte MOLOTOV-RIBBENTROP.

NB - FILIN pouvait-il soulever la question de la renucléarisation de l'Ukraine sans l'accord de Washington.
VS - Ceci est hors de question. Les affirmations de FILIN furent évidemment approuvées par. l'entourage de DICK CHENEY et suggérées par des personnes de la campagne de MAC CAIN très probablement KAGAN et SCHEUNEMANN .C'est évident quand on considère la suite. En Mai, BUSH va à Berlin et dit à MERKEL que les Ukrainiens sont décidés à avoir la bombe si les allemands n'approuvent pas leur entrée dans l'OTAN. Après sa rencontre avec BUSH, MERKEL va à Kiev où le renseignement militaire a préparé pour YUSCHENKO et le Conseil National de Sécurité un projet de déclaration sur la sortie de l'Ukraine du traité de Budapest et sa décision de ne pas demeurer un Etat sans armement nucléaire. A Kiev, MERKEL temporise sur la question de l'OTAN mais convainc YUSCHENKO d'attendre avant de faire sa déclaration. Pendant ce temps, la presse ukrainienne répond à la publication de lefr.ru en ouvrant une discussion publique sur le statut nucléaire de l'Ukraine. Très vite, le député communiste LEONID GRACH demande officiellement une enquête sur une supposée violation par l'Ukraine du traité de Budapest. Il écrit à YUSCHENKO et aussi à l'ambassadeur US WILLIAM TAYLOR. Pendant que la presse russe continue à faire croire qu'il ne se passe rien, le maire de Moscou LUZKHOV réitère ses propos provocants sur la Crimée et de non moins provocantes publications anti-ukrainiennes sortent de l'écurie des « politologues » de SURKOV et BELKOVSKII. Les passions se mirent à monter des deux côtés. C'est précisément ce que souhaitent les organisateurs de l'opération « Table rase ».
Finalement, quelques jours avant l'attaque georgienne, le prince RASHEED [note de l'éditeur : Président de FARWEST LLC] SAIDOV, FILIN et SURIKOV vinrent aux USA, apparemment pour faire les dernières mises au pont avec les soutiens politiques de l'opération et les hommes de GATES à la DIA [DIA renseignement militaire US qui dépend directement du Pentagone, ne pas confondre avec la CIA] FILIN vole directement des USA vers la Georgie. Selon nos sources, son rôle à Gori était d'éviter la fermeture du tunnel stratégique de ROKI par les Georgiens. Après que les premiers bataillons de la 58° armée eurent atteint Tskhinvali, FILIN se déplaça vers les gorges de Kodori en Abkhazie. Nous pensons que son rôle était double. Dans la mesure où la défaite georgienne était imminente, il devait assurer une évacuation sans danger des spécialistes militaires ukrainiens et s'assurer que les Abkhazes prenaient le contrôle de la totalité des gorges. Cette ultime et importante tâche avait une portée stratégique pour les plans de FARWEST et ses sponsors Atlantistes et Panturkistes. Les gorges de Kodori sont un lien entre les Abkhazes et leurs cousins Tcherkesses du Nord Caucase. L'organisation des indépendantistes Tcherkesses anti-russes : « le congrès Tcherkesse » et les LOUPS GRIS turcs envisagent la création d'une « grande Tcherkessie » comme partie d'un empire pan-turk : « le grand Touran ». ANTON SURIKOV est considéré comme chargé des services de sécurité du « Congrès Tcherkesse » et de leur liaison avec les LOUPS GRIS en Turquie.

NB - Si votre récit est correct, FILIN a réellement aidé l'armée russe. Pourquoi voulaient-ils garder le tunnel ouvert ?
VS - C'est parce qu'amener les russes en Georgie était le principal objectif de l'opération « Table rase » au moins pour ses sponsors US et Ukrainiens sinon pour SAAKASHVILLI .Ils ne pouvaient pas imaginer que l'armée georgienne se désintégrerait si vite. Leur objectif stratégique était d'attirer la Russie dans une guerre prolongée aussi sanglante et épuisante que possible, avec de grandes pertes dans la population civile et la propagation du chaos dans tout le Caucase et au-delà à l'intérieur de la Russie. N'oubliez pas que la même attaque génocidaire était planifiée aussi contre l'Abkhazie. Les plans militaires georgiens sur lesquels l'armée russe a mis la main, montrent l'encerclement des forces abkhazes et de la majorité de la population. Il est probable que la plus forte concentration de spécialistes militaires ukrainiens se trouvait dans les gorges de Kodori plus qu'autour de Tskhinvali. Mais l'armée russe ne s'est pas attardée à Tskhinvali et sa progression comme l'éclair stupéfia les militaires US. Même l'utilisation des spécialistes ukrainiens n'aida pas l'armée georgienne. Selon nos sources, ce sont des missiles ukrainiens SAM, dirigés par des équipages ukrainiens qui ont abattu les 4 avions perdus par les russes. Mais cela eut peu d'incidence sur l'issue de la guerre. Peut-être la perte des deux bombardiers stratégiques TU 22 a-t-elle ralenti le mouvement des troupes russes. Mais, aussitôt les Georgiens délogés de leurs positions sur les hauteurs autour de Tskhinvali, nous avons commencé à avancer rapidement vers Gori. Face au « blitzkrieg » russe, FILIN a évacué les ukrainiens des gorges de Kodori. Je pense que c'était une toute petite partie de leur plan dans tous les cas. Personne ne pouvait sérieusement escompter une victoire finale de la Georgie. Ils ont utilisé la Georgie comme un pays sacrifiable comme un appât et un hameçon pour la Russie. Le projet ukrainien était tout autre. Le lobbying de FILIN pour la dénucléarisation de l'Ukraine avait commencé en prélude à la guerre russo-georgienne qu'il a contribué à provoquer

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Note Comaguer :
Quelques éclaircissements sur les opérations militaires du 7 au 12 Aout :
Pour parvenir en Ossétie du Sud les troupes russes ne pouvaient pas emprunter la « route stratégique » qui relie VLADIKAVKAZ en Ossétie du Nord (donc en Russie) à TBILISSI puisqu'elles auraient ainsi directement envahi le territoire georgien, elles n'avaient donc qu'un seul itinéraire possible : la route qui franchit le Caucase sous le tunnel de ROKI et qui est le seul et unique lien direct entre l'Ossétie du Nord et l'Ossétie du Sud. Si le tunnel de ROKI avait été détruit, l'intervention au lieu d'être massive (régiments entiers arrivant par la route) devenait une opération de commandos héliportés inévitablement moins percutante. Mais comme l'objectif était de piéger l'armée russe en Ossétie du Sud il fallait au contraire qu'elle puisse arriver en force et en nombre.
Ce qui a déjoué le plan georgien c'est la décision russe de ne pas rester en Ossétie du Sud et de pénétrer aussitôt en Georgie pour y anéantir les forces et les équipements militaires qui étaient destinées à détruire les siennes et , cette mission accomplie, de s'installer en Georgie dans la zone tampon périphérique créée autour l'Ossétie du sud jusqu'à l'arrivée, ces derniers jours, des « casques bleus » de l'Union Européenne.

Dans le cas de l'Abkhazie le projet était le même : laisser libre le passage par les gorges de KODORI, entre l'Abkhazie et sa voisine du Nord la république Tcherkesse de Karatchevo-Tcherkessie pour que le maximum de troupes russes puissent pénétrer sur le territoire abkhaze et s'y trouver ensuite enfermées. De plus une force présence militaire russe en Abkhazie aurait permis d'allumer un nouveau feu « indépendantiste » islamiste et antirusse dans cette république.

Dernier point important : de l'avis des experts militaires, les troupes russes qui ont été engagées dans la « guerre de Georgie » sont les meilleures troupes russes actuelles et n'ont plus grand-chose à voir avec « l'armée en déroute » des années 90 mal payée, ravagée par l'alcool et corrompue au point de vendre ses armes aux groupes indépendantistes qu'elle était supposée combattre. C'était évidemment ces troupes là qu'il fallait immobiliser dans le siège programmé de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie.
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NB - Aurions-nous pu éviter de mordre à l'hameçon ?
VS - Aucune chance. Ils savaient que la Russie ne pouvait pas attendre et assister à un génocide en Ossétie du Sud. Aussi ont-ils poussé SAAKASHVILI à cette aventure stupide et criminelle. Leur but n'était pas d'occuper l'Ossétie du Sud. Les américains s'en fichent. Autrement la première chose qu'ils auraient eu à faire aurait été de détruire le tunnel de Roki. Au lieu de quoi ils ont commencé par tuer les casques bleus et la population civile comme pour inviter la Russie à les secourir. Leur calcul était juste. La Russie avait le choix entre le très mauvais et le pire, entre la guerre et l'abandon des Sud-Ossètes à l'extermination. Nous devions choisir la guerre et contribuer à détériorer encore plus nos relations avec l'Ouest, ce qui allait sérieusement contrarier nos alliés comme STEINMEIER et les autres.

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Note Comaguer :
STEINMEIER vient d'être choisi par le SPD allemand comme leur tête de file pour les élections parlementaires allemandes et ses chances de remplacer ANGELA MERKEL ne sont pas minces.

NB - Mais pourquoi n'avons-nous pas lancé une frappe préventive ? Bien sur je pense que c'est une question stupide, ils nous auraient présentés comme les agresseurs.
VS - C'est certain ; Dans ce cas, la Russie aurait payé beaucoup plus pour sauver deux mille vies. L'Ukraine aurait eu le feu vert pour rentrer dans l'OTAN et nous aurions du agir rapidement et avec une grande force au risque de conséquences dangereuses.

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NB - En d'autres termes, notre victoire en Ossétie du sud n'a, somme toute, pas été une victoire.
VS - Ni une victoire, ni une défaite. Après tout en russe le mot a deux sens opposés. Nous avons échoué à protéger la vie de deux mille personnes et à empêcher les destructions. Nous avons du mordre à l'hameçon, parce qu'ils avaient l'initiative stratégique et que rien ne les arrêterait. Mais nous avons gagné moralement. C'est la chose la plus importante.
Ils ne peuvent plus prévoir quoi que ce soit, notre activité diplomatique commence à produire des résultats qu'ils n'attendaient pas.

NB - Le régime de SAAKASHVILI a été armé jusqu'aux dents par l'Ukraine, Israel, et les USA. Quel était le rôle de FARWEST dans l'armement de la Georgie ?
VS - Leur rôle était exceptionnel. FILIN et LIKHVINTSEV représentent les services secrets ukrainiens dans l'organisation de la coopération militaire avec les pays étrangers. Ils étaient également des partenaires en affaires du Ministre de la défense OKRUASHVILI, vendant des armes à la Georgie avec leur maison-mère FARWEST LTD et ensuite à travers BIVIS-RU. Au passage, c'est la raison pour laquelle la publication dans PROFIL au sujet de transports d'armes d'Ukraine en Georgie, en Azerbaïdjan et aux Etats-Unis a provoqué une réaction hystérique de FILIN. Cet article accusait ouvertement l'Ukraine de pousser à la guerre et de déclencher une course à l'armement dabs le Caucase. Comme je le rappelle c'est à ce moment-là que FILIN a pour la première fois présenté la Russie et l'Ukraine comme adversaires militaires potentiels et a menacé de rendre publique l'information sur les rétro-commissions dans les ventes d'armes de la Russie au venezuela. FARWEST a vendu à la Georgie non seulement des armes provenant des arsenaux du Ministère de la Défense ukrainien mais aussi des armes produites dans des usines clandestines en Pologne, en Bulgarie et en Jordanie.

NB - Qu'est ce qui va se passer ?
VS - Ils vont débarquer SAAKASHVILI. Pour les USA il est devenu remplaçable depuis longtemps. Au printemps il avait été décidé de mettre BURDJANADZE [présidente du parlement georgien après la « révolution des roses »] à sa place. Depuis lors, elle avait pris ses distances avec SAAKASHVILI. YUSCHENKO est dans le même bateau que SAAKASHVILI. Les américains et les BANDEROVITES vont le remplacer par TIMOSHENKO. Ils pensent qu'ils peuvent la contrôler. Pendant un certain temps elle a défendu son indépendance mais finalement FILIN, GALAKA, LIKHVINTSEV et les BANDEROVITES l'ont brisée psychologiquement. [Note de l'éditeur : GALAKA est le chef des services de renseignement ukrainiens]
Maintenant, TIMOSHENKO pense qu'ils la tueraient si elle désobéissait. La Russie va devoir faire face à de nouvelles provocations à Sébastopol puisqu'ils vont tenter de nous entrainer dans une guerre avec l'Ukraine. S'ils réussissent, il sera impossible d'éviter une nouvelle guerre froide et l'ouest poussera les BANDEROVITES à devenir une puissance nucléaire. Le noyau des ultras nationalistes en Ukraine est très capable de lancer la bombe sur Moscou. KADYROV [Ndt : Président de la République Tchétchène] et ses 25000 combattants de régime DOUDAEV-MASHKADOV (ne pas confondre avec le bataillon héroïque pro-Moscou des forces spéciales tchéchènes « Est et Ouest ») se tiennent tranquilles pour l'instant. Ils ne constituent pas une menace. Mieux vaut les laisser tranquilles. Nous avons mieux à faire pour le moment. En Turquie les LOUPS GRIS ont utilisé la Cour Suprême pour intimider ERDOGAN. Il a peur et recherche la compréhension et le soutien de la Russie. Israël, où tous les politiciens sont obsédés par l'Iran et se font concurrence pour être le plus dur au risque de se trouver dans la position de SAAKASHVILI au cas où Israel attaquerait l'Iran. Les USA et les arabes du Golfe veulent qu'Israël y aille parce qu'ils ont peur de l'Iran et souhaitent l'affaiblir par personne interposée. Les USA ont des négociations en coulisses avec la Chine. A ce que nous savons, les chinois veulent avoir leur propre secteur de responsabilité en Afghanistan. Ceci fera immédiatement de l'Asie Centrale et du Kazakhstan leur sphère d'influence. En échange ils peuvent utiliser l'Iran comme une monnaie d'échange avec les USA. Malheureusement nous ne pouvons pas vérifier cette information.
Autant que nous puissions voir, les relations entre Pékin et Moscou demeurent bonnes, mais il ya des efforts constants à l'intérieur comme à l'extérieur pour enfoncer un coin entre les deux. La presse occidentale et la presse russe contrôlée par FARWEST dépeint délibérément POUTINE comme un fasciste. L'exclusion de la Russie du G8 est presque inévitable. Dans la CEI personne n'a soutenu ouvertement la Russie. MEDVEDEV et POUTINE ont demandé personnellement à LUKASHENKO, NAZARBAEV et KARIMOV leur soutien mais ils ont refusé.
C'est tout ce que j'ai à dire pour le moment.

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Note Comaguer :
Ces commentaires faits le 13 Aout ne prennent évidemment pas en compte les développements diplomatiques de la situation après cette date, développement qui les font apparaître assez pessimistes puisqu'ils ignorent :

• la reconnaissance par la Russie des deux nouvelles républiques et les accords de défense qui vont bientôt les lier à la Russie
• l'approbation rétrospective de l'action russe par les membres de l'Organisation de coopération de Shanghai
• le resserrement des liens entre les membres de l'Organisation du Traité de Sécurité Collective (Russie, Belarus, Arménie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, République Kirghize
• l'incapacité de l'Union Européenne à sanctionner la Russie comme le souhaitait Washington et l'obligation dans laquelle elle s'est au contraire trouvée de prendre en charge le dispositif de sécurité destiné à prévenir une nouvelle attaque georgienne sur l'Ossétie du sud
• le blocage des plans d'Israel d'attaque de l'Iran depuis des bases georgiennes
• l'abandon par le gouvernement de L'Azerbaïdjan de son discours guerrier sur la récupération du Haut Karabach par la force
• le fait que l'exclusion de la Russie du G 8 n'ait même pas été à l'ordre du jour

En concerne la CEI, même s'il s'agit d'une organisation très faible et peu active, l'appartenance de la Georgie et de l'Ukraine à cette entité semble la condamner soit à l'inaction soit à la disparition complète à moins d'un très improbable changement d'équipe au pouvoir dans ces deux pays.

Pour autant, dans cette guerre du Caucase, l'Occident ne lâche pas prise. Il est simplement redescendu à un niveau d'intensité inférieur en revenant aux actions « terroristes », les plus récentes ayant eu lieu en Ossétie du Sud et en Ingouchie (embuscade meurtrière contre les troupes russes).

Camaguer

CONTRE LA GUERRE, COMPRENDRE ET AGIR
Bulletin n°201– semaine 43 – 2008

 


Que n'a-t-on pu voir et entendre à la télévision, écouter sur les ondes ou lire dans les journaux sur la soif de la liberté et de la justice du peuple ukrainien, sur son ardent désir de s'affranchir de la tutelle esclavagiste russe et de rejoindre l'Union européenne et l'Otan, sur le caractère spontané et démocrate des manifestations de Kiev, sur l'ingérence des Russes dans les affaires d'Ukraine et sur la complète innocence et la loyauté des Occidentaux, sur le scrutin frauduleux et la victoire volée à l'opposition lors des élections présidentielles dans ce pays en novembre-décembre 2004 !

On eût dit que le sort du monde était suspendu à l'arrivée à la tête de l'Ukraine de Victor Iouchtchenko à la figure mystérieusement ravagée par l'acné, promu soudain chevalier, sinon martyr de la démocratie.

Or la gigantesque farce orange de Kiev, relayée par les médias du monde entier, avait été ourdie, mise en scène et financée par les Etats-Unis d'Amérique qui continuent sans relâche de tisser leur vaste conspiration contre la Russie, en lançant des campagnes médiatiques calomnieuses à son encontre, en l'encerclant de bases militaires par le biais de l'élargissement de l'Otan, en dressant les peuples de l'ex-espace soviétique contre elle, en se livrant au travail de sape et en organisant la subversion économique et autre à l'intérieur d'elle-même. Le but évident en est de déstabiliser et d'affaiblir la Russie, avant de pouvoir la soumettre, s'emparer de ses richesses, la démembrer et l'effacer de la carte du monde.

Il suffit, qui en douterait encore, de rouvrir le livre, écrit il y a huit ans, par le géopolitologue, apôtre du Nouvel ordre mondial américain, Zbigniew Brzezinski, Le Grand Echiquier où il développe les idées de la mise en faillite géostratégique de la Russie dans les ex-républiques soviétiques et dans l'ensemble de l'Eurasie. C'est ce ressortissant polonais, naturalisé américain, qui, en tant que conseiller du président Jimmy Carter de 1977 à 1981, conçut le piège islamiste afghan aux Russes, sans se douter que le mal islamiste ne tarderait pas à se retourner contre l'Amérique, mais qui devait hâter néanmoins l'écroulement de l'Union soviétique. Le jeu donc en valait la chandelle et Brzezinski ne manquera pas de s'en vanter notamment dans une célèbre interview au Nouvel Observateur du 15 janvier 1998.

Il devint ainsi le principal inspirateur de la politique hégémonique des Etats-Unis avec des résultats aussi spectaculaires que la guerre contre les Serbes que fit sa fervente disciple Madeleine Korbel Albright et la contribution qu'elle apporta à l'expansion de l'OTAN à l'Est en vue de la conquête de l'Eurasie. Cependant l'emprise des talibans sur l'Afghanistan qu'il fallait tenter de renverser au prix d'une terrible guerre, l'émergence de l'hydre Al-Qaïda du sein du monde islamique avec l'apocalypse sur Manhattan, le 11 septembre 2001, ainsi que d'autres actions terroristes, l'enlisement de la puissance américaine en Irak, le spectre des nouvelles guerres qui se profile contre l'Iran, la Syrie, la Corée du Nord et même contre la Russie, enfin l'antiaméricanisme universel, constituent autant de fruits monstrueux de la doctrine coupable de Brzezinski, qu'il se peut bien que ce grand gourou de la domination de l'Amérique sur le monde, se révèle l'artisan de sa perdition, son mauvais esprit, son Méphisto.

Sa haine à la fois atavique, rationnelle et froide de la Russie, qui n'a d'égal que celle dont furent animés les idéologues nazis envers ce pays, s'est manifestée en particulier au sujet de l'Ukraine dont il prône le détachement et l'éloignement de la sphère russe, afin d'en finir à jamais avec les ambitions impériales de Moscou : « L'indépendance de l'Ukraine modifie la nature même de l'État russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l'échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l'Ukraine, la Russie cesse d'être un empire en Eurasie. Et quand bien même elle s'efforcerait de recouvrer un tel statut, le centre de gravité en serait alors déplacé, et cet empire pour l'essentiel asiatique serait voué à la faiblesse, entraîné dans des conflits permanents avec ses vassaux agités d'Asie centrale. »[1] Et plus loin : « Sans l'Ukraine et ses cinquante deux millions de « frères slaves », toute tentative de la restauration impériale commandée par Moscou est vouée à rencontrer la résistance prolongée de populations devenues très sourcilleuses sur la question de leur identité nationale et religieuse. »[2] Pour revenir ainsi sur nombre de pages de façon quasi obsessionnelle, en dénonçant le droit divin de la Russie sur l'Ukraine, en allant jusqu'à contester le lien organique qui lie les deux pays, en cautionnant la création artificielle de l'Ukraine dans ses limites actuelles par les bolcheviks obsédés de combattre la fameuse hégémonie grand-russe, en plaidant pour la souveraineté de l'Ukraine sur la presqu'île de la Crimée donnée en cadeau à cette république par Khrouchtchev en 1954, en se félicitant du refus systématique des dirigeants ukrainiens d'une union naturelle avec la Russie et la Biélorussie. Par contre, il insiste sur la création de l'alliance, patronnée par Washington, entre la Georgie, l'Ukraine, l'Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan et la Moldavie, en réponse aux accords entre la Russie et la Biélorussie. Il ne se lasse pas de répéter que l'Ukraine constitue l'enjeu essentiel dans le refoulement (roll-back) de la Russie, la nouvelle stratégie qui doit remplacer celle de l'endiguement (containment), développée par George Kennan en 1947 et pratiquée pendant près d'un demi-siècle de guerre froide.

N'ayant pour but que d'affaiblir la Russie, de la couper de toute sa partie méridionale et de la mer Noire, de la refouler en définitive dans les limites d'avant Pierre le Grand et Catherine II, la doctrine de Brzezinski ne repose point sur des données géographiques, historiques et ethniques. Il ignore délibérément l'épopée de la Russie kiévienne durant le Xe et XIe siècles, avec les souverains Rurikides, tels que Vladimir le Grand qui fit baptiser la Russie en 988, Iaroslav le Sage qui, après Charlemagne, promulgua le premier code des lois en Europe, la fameuse Rousskaïa Pravda, Vladimir le Monomaque, guerrier infatigable qui mena victorieusement quatre-vingt-cinq expéditions défensives et qui porta l'empire de Kiev à son apogée, avant que celui-ci soit détruit par les Mongols. Pour le stratège de la perdition de la Russie au profit des Etats-Unis, la bataille de Koulikovo en 1380 où Dimitri Donskoï défit les Tatares et initia la libération de la Russie du joug mongol, n'aurait jamais eu lieu ! Pas plus que l'insurrection cosaque conduite par Bogdan Khmelnitski en 1646 afin de libérer l'Ukraine de la féroce oppression polonaise. Mouvement qui aboutit à la création de l'Assemblée (la Rada) de Pereslavl en 1654, qui demanda au tsar Alexis Mikhaïlovitch la protection de toute la partie du pays à l'est du fleuve Dniepr, et qui l'accepta. Nulle trace également dans l'argumentaire de Brzezinski de la bataille de Poltava en 1709 où Pierre le Grand écrasa au cœur même de l'Ukraine, l'armée de Charles XII et celle de son allié, le traître hetman Mazeppa, mettant ainsi fin, après trente ans, à la guerre du Nord et à l'impérialisme suédois ! Les guerres libératrices de Catherine II, celle de 1769-1774 et celle de 1787-1791, qui affranchirent de l'esclavage turc toute la Russie méridionale, ainsi que la Bessarabie et la Moldavie, et permirent la fondation d'Odessa et de Sébastopol en Crimée, ne se seraient, non plus, jamais déroulées ! Les Ukrainiens auraient été tellement oppressés par les Russes que les grands hommes d'État comme Grégory Potemkine et Alexandre Bezborodko, originaires d'Ukraine, n'auraient jamais administré l'empire de Russie. ! Enfin, Gogol, l'un des géants de la littérature russe et universelle, né à Poltava, ne serait qu'un auteur purement ukrainien ! En réalité, en l'amputant de l'Ukraine, on veut non seulement dépouiller la Russie de ses territoires et de ses biens, mais aussi de son histoire et de sa civilisation!

C'est que la seule donnée absolue concernant l'Ukraine qui compte dans l'esprit de Brzezinski, et qui l'emporte sur toutes les autres, sur la géographie, l'histoire, l'ethnographie et l'étymologie, est la chimère polonaise de la nation ukrainienne qui fut reprise et élaborée principalement par Pantéleïmon Koulich, homme des lettres, et Mikhaïl Grouchevski, historien, puis par les bolcheviks qui se servirent de ce dernier. Ils donnèrent à la fiction la réalité sous forme d'une république ukrainienne en usurpant de vastes territoires de la Vieille Russie centrale, alors que le mot oukraïna en russe, kraïna en serbe, ne signifie que les confins, en occurrence ceux de la Pologne face aux Tatares se partageant longuement avec celle-ci les terres russes méridionales. Cependant pour ce féroce anticommuniste qu'est Brzezinski, les bolcheviks et leurs suiveurs ont, certes, misérablement échoué dans tous les domaines, hormis dans un seul : la création de nombreuses républiques, en particulier celle de l'Ukraine, sur les ruines de la Russie impériale, où ils auraient réussi à merveille. En fait, Brzezinski ne voit l'Ukraine qu'à travers ses fantasmes polonais anti-russes habillés en une logique apparemment solide et mise au service de la pénétration américaine au cœur de la Russie.

Depuis plus d'une décennie que ce programme a été élaboré, il n'a cessé d'être appliqué pour connaître sa pleine réalisation colorée en automne dernier à Kiev, grâce à l'engagement de tels promoteurs de la démocratie que sont le milliardaire George Soros avec son Open Society Institute, l'ancien patron de la CIA James Woolsey avec son Freedom House, l'ex-Secrétaire d'État la précitée Madeleine Albright avec son National Democratic Institute, ainsi que The National Endowment for Democracy qui est l'une des multiples ramifications de la CIA. Il faut, sans être complet, ajouter à ces organisations, qui ont toutes fait leurs preuves lors des révolutions dites de velours en Serbie en 2000 et en Georgie en 2003, l'agence USAID directement liée au gouvernement américain.

Evidemment Brzezinski est loin de limiter sa stratégie à la seule Ukraine, puisqu'il va jusqu'à prôner la dislocation de la Fédération russe elle-même par le biais de la décentralisation pour laisser le champ libre aux Etats-Unis sur le grand échiquier, the grand chessboard, qu'est l'Eurasie. « Une Russie plus décentralisée aurait moins de visées impérialistes. Une confédération plus ouverte, qui comprendrait une Russie européenne, une république de Sibérie, et une république extrême-orientale, aurait plus de facilités », écrit-il. En même temps il vante les mérites démocratiques de la Turquie, en dépit de la politique répressive de celle-ci envers les Kurdes et salue le retour de son influence dans le Caucase ; il continue de jouer au protecteur des fanatiques islamistes tchétchènes et de gesticuler homme de paix entre eux et les Russes ; il donne des clins d'œil à la Chine communiste au sujet de la Sibérie ; il invite l'Union européenne à se joindre aux Etats-Unis dans leur action visant le dépérissement de la Russie ; il reconnaît que le fameux partenariat stratégique responsable, proposé par Washington à Moscou afin de conduire ensemble les affaires du monde, n'était qu'un leurre destiné à duper les dirigeants russes, aussi bien les nationalistes que les occidentalistes Eltsine en tête. « Jamais il n'était entré dans les intentions des Etats-Unis de partager leur prééminence mondiale et, quand bien même ils l'auraient envisagé, leur alter ego n'était guère en mesure de l'assumer », écrit-il en se délectant de multiples handicaps de la Russie dont l'incapacité des anciens dirigeants de mener une politique qu'exigeait la nouvelle situation. Et le redoutable stratège de la perdition de la Russie de poursuivre non sans cynisme : « Dès que sont apparus les premiers différends entre les 'partenaires stratégiques responsables', les disparités à tous les niveaux – puissance politique, poids financier, capacité d'innovation technologique, pouvoir d'attraction culturelle - ont montré l'inanité de ce concept. Il n'en fallait pas plus pour que de nombreux Russes tire la conclusion que ce slogan, forgé par les Américains, avait pour la seule fonction de les égarer »[3].

Si cette tactique fonctionnait à merveille du temps de Eltsine, les Etats-Unis avec leurs complices de l'Union européenne jouant sur deux atouts majeurs pour assurer la descente de la Russie aux enfers, la démocratie et la dipsomanie du personnage alliée à l'ignorance, les choses commencèrent à changer avec l'arrivée de Poutine. Ses tentatives d'arrêter le désastre, se traduisant par des mesures telles que le redressement de l'État, le frein à la puissance des oligarques et la récupération des biens nationaux usurpés par eux, la limitation de pouvoir des gouverneurs des régions au bénéfice du pouvoir central afin d'éviter la balkanisation de la Russie, firent qualifiées par l'establishment de l'Ouest comme autant des dérives autoritaires de Poutine. La lettre ouverte aux chefs d'États et des gouvernements de l'Union européenne et de l'Otan, que se fendirent les 115 atlantistes inconditionnels au lendemain de la tragédie de Beslan en septembre 2004, exhortant les responsables occidentaux de cesser d'embrasser Poutine, n'est que trop révélatrice de la russophobie actuelle à l'Ouest. Plus précisément de la hantise de voir le géant russe, qui n'a passé que trop de temps à genoux, se redresser enfin sur ses jambes. On peut trouver la liste exhaustive des signataires, parmi lesquels de tels coryphées d'humanisme et de démocratie que sont Vaclav Havel, Richard Holbrooke, James Woolsey, José Maria Aznar, André Glucksman, Bernard Kouchner, sur le site du Réseau Voltaire qui, par son non-conformisme, par son intelligence et par l'esprit de vérité qui l'anime, justifie parfaitement le nom qu'il porte.

Cependant, le plus extraordinaire, c'est que, le monstre froid, l'oracle de la nouvelle emprise esclavagiste sur le monde, Brzezinski, perdit les nerfs, se fâcha jusqu'à traiter, dans Wall Street Journal du 20 septembre 2004, le président Poutine de Mussolini et comparer la Russie actuelle à l'Italie fasciste, en écrivant : « Le régime de M. Poutine ressemble à maints égards au fascisme de Mussolini. Le Duce a 'fait rouler les trains à temps'. Il a centralisé le pouvoir politique au nom du chauvinisme. Il a imposé le contrôle politique sur l'économie sans la nationaliser… Le régime fasciste a évoqué la grandeur nationale, la discipline et a exalté le mythe d'un passé prétendument glorieux ». Et ainsi de suite, le tout relevant de la logique perverse d'après laquelle un Polonais américanisé au nom inarticulable pour la plupart de ses concitoyens qu'ils abrègent en Zbig, peut être un grand patriote états-unien et même s'en ériger en foudre, alors que le président de la Russie ne peut l'être dans son propre pays ! En même temps, il continue dans son dernier ouvrage, Le Vrai choix, de flatter, tel le tentateur de Faust, les démons impériaux de l'Amérique et de la monter dangereusement contre la Russie et le reste du monde.

Evidemment la Russie doit en être consciente et, passant outre les récriminations et les calomnies grotesques dont fait l'objet, continuer de prendre les mesures appropriées, politiques, économiques, militaires et autres, afin de pouvoir faire face, comme à l'époque de Nevsky et de Donskoï, aux nouveaux croisés et aux nouveaux Tatares, ceux de la démocratie qui l'assaillent et la menacent dans son existence même.

KOMNEN BECIROVIC

 http://ch.novopress.info/?p=998


2-3 Helga Zepp-LaRouche : Fusion UE-OTAN : Non à une Europe empire !
La tentative des gouvernements européens de faire ratifier le Traité de Lisbonne à la hussarde, tout en laissant les populations dans l'ignorance sur le fait que le peu de souveraineté qu'il leur reste sera broyé par une dictature supranationale, n'est que l'aspect le plus choquant d'un incroyable scandale.
Car, dans le même élan, l'Union Européenne sera transformée en alliance militaire étroitement intégrée dans l'OTAN, une OTAN transformée en capacité d'intervention planétaire intervenant dans toutes les circonstances possibles et imaginables. L'intégration de l'UE dans cette force de frappe impériale doit faire surgir en chaque citoyen pacifique le désir d'exercer un droit de résistance stipulé dans l'article 20, paragraphe 4 de la Loi fondamentale (constitution) allemande – un droit que nous possédons encore !

La session plénière du Bundestag du 13 mars, où moins d'un dixième des parlementaires furent présents, ressemblait plus à une scène de théâtre absurde qu'à un débat sérieux sur le Traité de Lisbonne, qui bouleverserait tout l'ordre légal de l'Europe. Les sophistes d'Athènes seraient morts de jalousie d'entendre les représentants des grands partis CDU/CSU, SPD, FDP [1] et Verts s'affronter sur « les défis globaux, » la « crédibilité européenne » et la « solution préventive des conflits ». Ni un mot sur la panique qui hante les marchés financiers à cause de l'effondrement du dollar et de la faillitedes hedge funds, ni réflexion sur la possibilité d'une solution à la Roosevelt dans le cadre du Traité européen.

Le danger d'une militarisation de l'UE et de son intégration dans l'OTAN résultant du Traité de Lisbonne devient clair quand on regarde les propositions de « réformes » de l'OTAN, parmi lesquelles se trouvent le changement des statuts visant la suppression du droit de veto et la fin des décisions à l'unanimité, à l'instar des décisions « à majorité qualifiée » au sein de l'UE.

Il faut souligner que le Traité de Lisbonne stipule que la politique de défense des Etats membres se conçoit dans le cadre de l'OTAN et que la clause de solidarité, applicable entre membres de l'OTAN, risque de s'étendre aux membres de l'UE. Ainsi, les deux institutions se fonderont en une seule puissance impériale libre de s'engager dans des interventions militaires auxquelles aucun Etat membre ne pourra s'opposer.

Le rapport des cinq généraux

Bien que ce ne soit pas encore la politique officielle de l'OTAN, il faut prendre très au sérieux la perspective indiquée par certains cercles néo-conservateurs cherchant à réformer l'alliance. Sous le titre « Vers une grande stratégie pour un monde incertain, » cinq généraux à la retraite ont mis en avant un nouveau concept pour l'OTAN, dans lequel une nouvelle structure de défense, comprenant les Etats-Unis, l'UE et l'OTAN, relèverait les six défis majeurs de notre époque :

la croissance démographique ( !)

le changement climatique ;

la sécurité des approvisionnements en énergie ;

le déclin de la rationalité et la montée de l'irrationnel ( !) ;

l'affaiblissement des Etats-nations et les institutions internationales telles que l'ONU, l'UE et l'OTAN ;

la face sombre de la mondialisation : le terrorisme, le crime organisé, la prolifération des armes de destruction de masse, l'abus des ressources financières ou du contrôle de l'énergie, les migrations de population, le sida et autres épidémies.

Ce document, signé par cinq anciens chefs d'état-major, le Dr Klaus Naumann (Allemagne), le maréchal anglais Lord Inge, le général étasunien John Shalikashvili, l'amiral français Jacques Lanxade et le général néerlandais Henk van den Breemen, est extrêmement inquiétant. Dans un amalgame de mensonges et de tromperies, les auteurs décrivent un monde débordant de dangers et de problèmes où l'on met sur le même plan la nuisance des paparazzis, le terrorisme et le changement climatique.

Pour l'essentiel, ce document se situe dans la tradition du National Security Study Memorandum 200, que Kissinger avait élaboré en 1974 en tant que Conseiller à la Sécurité du président Nixon, exigeant un droit absolu d'accès aux matières premières pour les pays développés. Le passage où les pays africains ou la Chine sont accusés d'abus d'influence financière (dite « rogue aid » ou aide illicite) est proprement scandaleux.

Les investissements dans les infrastructures, les chemins de fer ou les barrages pour lesquels ils utiliseront des matières premières ou de l'énergie, sont accusés de miner les intérêts de l'Occident ! Sur cette question, on peut dire qu'il n'y a aucun doute que si les pays occidentaux avaient aidé au développement de l'Afrique dans les soixante dernières années, ce problème ne se serait pas posé dans les mêmes termes.

En réalité, du point de vue des auteurs de ce document, le monde apparaît comme un cauchemar hobbesien, dans lequel on est forcé, en classant le monde en catégories malthusiennes et géopolitiques, d'imposer une montée en puissance d'une OTAN transformée, toujours ouverte à une plus grande expansion. Les auteurs font écho à la doctrine utopiste de la « révolution dans les affaires militaires, » lorsqu'ils parlent d'un « nouveau principe consistant à minimiser les dommages et à obtenir la victoire par la paralysie de l'ennemi » ; principe selon lequel « tous les instruments du pouvoir appliqués de façon chirurgicale » peuvent être appropriés.

Au chapitre 3, dans la section « principes, » le rapport affirme : « Observer simultanément la proportion de l'attaque et la limite des dommages deviendra extrêmement difficile dans les cas où l'emploi de l'arme nucléaire doit être envisagé. L'emploi d'armes nucléaires en premier doit rester, dans le frémissement de l'escalade, l'instrument ultime permettant de préempter l'usage des armes de destruction de masse afin d'éviter de vrais dangers existentiels. De prime abord, cela peut paraître disproportionné ; mais vu le danger que cela pourrait prévenir, cela pourrait bien être proportionné. »

Le fait même d'envisager l'emploi de l'arme atomique « en premier, » dans le simple « frémissement de l'escalade, » rend floue la distinction fondamentale entre l'arme nucléaire et les armes traditionnelles, une distinction à l'origine même du concept de dissuasion nucléaire ; cette distinction cesserait alors d'exister. Ainsi, une attaque avec les armes nucléaires devient pensable, notamment par des armes nucléaires miniaturisées propres (« mini-nukes ») dont l'emploi a été récemment envisagé par la faction militaire utopiste. En plus du scénario cauchemardesque d'une guerre globale asymétrique engendrée dans de telles circonstances, une autre considération importante existe : à savoir, si une frappe nucléaire en premier ne viole pas le paragraphe 80 du Code criminel et le paragraphe 2 du Chapitre 1 de la charte des Nations unies, et si une telle frappe ne doit pas être considérée comme une punition collective.

Jusqu'ici, la loi internationale reste de mise. Cependant, si cette nouvelle stratégie de l'OTAN devient une réalité, elle serait jetée aux oubliettes. Les auteurs évoquent, tout comme Tony Blair, un « monde post-westphalien ». Puisque c'est précisément la Paix de Westphalie qui a établi le droit international des nations, les auteurs entendent, en langage clair : un « monde post-droit international, » où, avant toute chose, le principe de la souveraineté nationale ne sera plus reconnu. Ainsi, dans le troisième chapitre de leur pamphlet, appelé « Eléments, » ils affirment qu'une nouvelle dissuasion serait nécessaire, qui lancerait un message extrêmement clair aux ennemis : il n'existe pas, et n'existera jamais nulle part, un endroit « où vous vous sentirez en sécurité ; un effort sans relâche sera fait pour vous poursuivre et vous priver de toute option que vous pourriez développer pour nous infliger des dommages ». Force est de constater qu'il n'existe aucune feuille de vigne assez large pour cacher les véritables intentions de ces prétendues « opérations militaires préventives à but humanitaire ».

Solana provoque les Russes

Que ces sources militaires soient correctes ou non, ce document sera au centre des discussions lors du sommet de l'OTAN à Bucarest début avril et on ne peut pas le mettre de côté comme une simple fabulation morbide de quelques docteurs Folamour. D'ailleurs, la semaine dernière, le commissaire européen Benita Ferrero-Waldner et le haut représentant pour la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), Javier Solana, ont présenté un document de l'UE qui reprend l'une des thèses des généraux sur l'impact du changement climatique sur la politique de Sécurité de l'UE, tout en formulant en même temps le besoin d'un nouveau concept stratégique pour l'OTAN.

Dans le document de Solana, le changement climatique est désigné comme « un multiplicateur de menaces, » intensifiant notamment les rivalités pour les matières premières stratégiques dans la région de l'Arctique, région où la fonte des glaces ouvrirait de nouvelles voies maritimes pour le commerce. Le quotidien britannique The Guardian, dans un article faisant le parallèle entre le texte de Solana et celui des généraux, note que les tensions montent entre la Russie et la Norvège, pays membre de l'OTAN, à propos des réserves de gaz et des champs pétroliers sous la glace des Iles Spitzberg.

Le document de l'UE élaboré par Solana a immédiatement provoqué un torrent de commentaires dans une bonne cinquantaine de medias russes. Typique de ces réactions fut la couverture de l'agence économique RBC qui titrait que « L'Union Européenne prépare une bataille avec la Fédération russe sur l'Arctique, » et cite l'analyste Dimitri Ievstafiei : « Contrairement à des prises de position similaires provenant d'experts européens et américains, il s'agit d'un document officiel. C'est la première déclaration officielle de l'UE qui affirme qu'il existe un antagonisme avec la Russie. »

RBC cite un autre expert, Alexander Iakouba de Cross Media Communications, qui estime que les Etats-Unis pourraient tenter de séparer le Groenland (le seul territoire européen qui borde l'Arctique) du Danemark, dans un scénario du type Kosovo. RBC ajoute : « Force est de constater que l'auteur du rapport [de l'UE], est un ancien secrétaire général de l'OTAN. Ce n'est pas un novice dans l'emploi de menaces ou de la force pour résoudre différents problèmes. Il suffit de rappeler son rôle dans la décision d'employer la force dans la guerre civile de l'ex-Yougoslavie. Par conséquent, ses déclarations peuvent être interprétées comme des tentatives visant à influencer la situation sur le continent en faveur des forces anti-Russes. Et cela veut surtout dire : donner plus de pouvoir, au sein de l'OTAN, aux Etats-Unis. »

Même si cet article ne saisit pas toute la complexité de l'emprise croissante de l'Empire britannique sur les Etats-Unis et l'Europe, car il serait plus juste de parler d'une nouvel empire USA-UE-OTAN, le message a bien été reçu : l'UE se place dans une position antagoniste à la Russie.

Comme le document de Solana, le Traité de Lisbonne et le document stratégique des cinq généraux risquent de consolider la conviction de la Russie, de la Chine, de l'Inde et d'autres nations, qu'aucune différence notable n'existe en définitive entre l'expansion de l'OTAN vers l'est et l'élargissement de l'UE, et que ces deux entités ne font partie que d'une même stratégie d'encerclement, en particulier de la Russie et de la Chine.

Le gouvernement russe en déduit également que la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par l'UE n'est que le début de la destruction d'un ordre international qui a mis des centaines d'années à émerger, un ordre précisément fondé sur le droit international appelé à exister à partir de la Paix de Westphalie.

Le sommet de l'OTAN

Dans ce contexte, il est intéressant de noter et de considérer comme positif que le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, fasse actuellement campagne pour une nouvelle version de l'Ostpolitik [2], comme celle mise en oeuvre par l'Allemagne pour rompre avec la guerre froide. Reste à savoir ce qui en sera la substance. Comment se fait-il qu'un diplomate aussi chevronné que Steinmeier, partisan d'une ratification rapide du Traité de Lisbonne, ne voit pas les dangereuses implications d'une fusion entre l'UE et l'OTAN ? Bien que la France et l'Allemagne tirent la sonnette d'alarme, sans grand enthousiasme, et refusent de mettre à l'ordre du jour du sommet de Bucarest les adhésions de la Georgie et de l'Ukraine à l'OTAN – afin, comme le formulait un diplomate allemand, de ne pas aggraver les tensions avec Moscou, déjà rudement mises à l'épreuve par l'affaire du Kosovo – tout cela ne met pas un terme à une politique de confrontation.

Un sujet important pour ce sommet de l'OTAN – auquel Poutine, président sortant, est également convié – est la situation et les perspectives pour l'Afghanistan. Tandis que le secrétaire étasunien à la Défense Robert Gates, tout comme le général allemand Klaus Naumann, plaident pour un déploiement des troupes allemandes dans le sud de l'Afghanistan dans cette guerre (déjà perdue), Poutine a formulé une offre qui fait sensation : que la Russie participe à la lutte contre les Talibans ; une offre qu'on aura bien du mal à rejeter sans soulever d'interrogations des plus désagréables, vu l'état désespéré de la situation des troupes de l'OTAN sur place.

Une autre proposition appropriée à la situation actuelle est celle du Lieutenant-Colonel Jürgen Rose. Ce gradé de l'armée allemande a acquis l'an dernier une certaine notoriété en s'opposant au déploiement des avions Tornado en Afghanistan. Vu la débâcle généralisée des opérations militaires en Irak, en Afghanistan et ailleurs, Rose recommande qu'on admette la fin peu glorieuse de l'alliance militaire. Selon lui, la dissolution de l'OTAN créera l'occasion unique d'un monde plus pacifique.

Conclusion

A l'heure où une vaste tempête financière secoue le système financier mondial, dont la chute du dollar, la faillite des hedge funds, l'assèchement des marchés du crédit pendant les huit derniers mois, et l'hyperinflation galopante ne sont que des éléments, la tentative de fusionner l'UE et l'OTAN en un monstre impérial doit être stoppée au plus vite.

Il est clair que l'oligarchie financière, dominée par la pensée de l'Empire britannique, a ni plus ni moins pour but de plonger l'ensemble du monde dans le chaos. C'est dans cette perspective qu'il faut situer la politique d'encerclement de la Russie et les provocations contre la Chine visant à ruiner les Jeux Olympiques, sans oublier l'ingérence dans les affaires internes des pays africains et de l'Inde. Pour toute personne qui réfléchit, poursuivre cette voie implique immédiatement de nouvelles guerres, notamment celle contre l'Iran, conduisant tôt ou tard à une guerre mondiale.

Pour cela, la ratification du Traité de Lisbonne, qui est une composante intégrale de ce dispositif impérial, doit être arrêtée et, en définitive, avortée. Le Parlement allemand est confronté au défi immédiat de créer une loi permettant un référendum populaire sur le traité, qu'on organisera de préférence au même moment où des référendums sur la même question se tiendront dans l'ensemble des pays européens.

Afin d'empêcher que le monde ne plonge rapidement vers l'équivalent d'un nouvel âge des ténèbres provoqué par le chaos, la guerre et l'effondrement des niveaux de vie, nous mettons sur la table la question d'une nouvelle architecture financière, celle d'un « Nouveau Bretton Woods » et d'un New Deal à l'échelle planétaire dont le « Pont terrestre eurasiatique, » un grand projet d'infrastructure reliant l'Atlantique au Pacifique, sera le pivot.

Nous n'avons pas besoin de la vision paranoïaque de l'homme propre à Hobbes, vision qui sous-tend l'étude des cinq généraux, et selon lequel l'homme est un loup pour l'homme. Abandonnons aussi la vision malthusienne et géopolitique qui résulte d'une telle vision bestiale de l'homme. Par ailleurs, la politique de frappe nucléaire « en premier » doit être bannie, parce qu'elle représente ce type de pensée pour laquelle, il y a à peine 60 ans, on jugea des hommes au tribunal de Nuremberg.

Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin d'affirmer de nouveau le principe de la Paix de Westphalie. Et encore mieux, nous avons besoin de l'amour pour l'humanité, et de l'idée d'une communauté internationale qui, par l'image de l'homme universel, nous unit, digne des meilleures traditions des grands penseurs de toutes les cultures. Beethoven et Schiller appartiennent à cette tradition, tout autant que Confucius, Vernadski ou les philosophes à l'origine des écrits védiques de l'Inde.

La question n'est donc pas de savoir si l'hymne à la joie de Schiller et Beethoven doit être l'hymne de l'Europe, mais si nous sommes encore dignes de telles beautés !

Notes :

[1] Union démocrate chrétienne/Union sociale chrétienne, Parti social-démocrate, Parti démocrate libre (NDLR).

[2] Il s'agit de la politique de détente vis-à-vis de l'Europe de l'est, débutée en 1963 sous le gouvernement Willy Brandt (NDLR).

par Helga Zepp-LaRouche, présidente du Büso

http://www.solidariteetprogres.org/article3934.html

 


2-4 L'ombre de la crise plane sur la destruction des armes chimiques.
La 13e conférence des Etats parties de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) s'est tenue du 2 au 5 décembre à la Haye. La délégation russe a pris elle aussi une part active à l'examen des problèmes en suspens relatifs à la destruction des substances toxiques à usage militaire. Elle était conduite par Grigori Rapota, représentant plénipotentiaire du président russe dans la région fédérale de la Volga, président de la commission d'Etat en charge du désarmement chimique. Pourquoi l'avoir choisi, lui ?
Parce que les principales installations de stockage des armes chimiques - soit 40 000 tonnes à une certaine époque - ainsi que la plupart des installations de destruction, en fonctionnement ou en chantier, sont précisément implantées dans cette région et les zones attenantes.
Comme Grigori Rapota l'a signifié à la Haye, la Russie avait éliminé, au début du mois de décembre, 11 842 tonnes d'armes chimiques, soit 29,8% de tous ses stocks et elle prévoit de parvenir à 45% d'ici à la fin de 2009. Le gouvernement russe a dégagé à ces fins un milliard d'euros environ, soit autant que les sommes accordées en 2008. Grigori Rapota a exprimé sa reconnaissance à l'Union européenne, au Canada, aux Etats-Unis, à la France, à la Grande-Bretagne, à l'Irlande, à l'Italie, à la Nouvelle Zélande, à la Norvège, aux Pays Bas, à la Pologne, à la République tchèque, à la Suisse et à tous les autres Etats qui ont aidé la Russie à "construire ses installations de destruction des agents toxiques à usage militaire". La Russie reçoit de ces pays environ 15 % de l'assistance financière indispensable à la destruction des produits toxiques.
De l'avis de certains analystes, il est vrai, le président de la commission russe a prodigué "d'avance" ses remerciements à certains Etats. Selon Natalia Kalinina, docteur en médecine, collaborateur scientifique de l'Institut de l'Economie mondiale et des relations internationales (IMEMO) près l'Académie des sciences de Russie, la situation n'est ni aussi simple ni aussi évidente que ce qu'en dit le gouvernement. L'application, par la Russie, des dispositions de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques pourrait se trouver bloquée du fait que certains Etats ne se montrent guère empressés de lui accorder l'aide financière importante qu'ils avaient promise.
La Russie n'a pas encore vu le moindre centime des 360 millions d'euros que l'Italie devait accorder au site de Potchep. C'est le gouvernement suisse qui a fourni 1,2 million de dollars pour aider à la construction de l'installation. Mais cette aide ne résout pas le problème. Or, cette usine de la région de Briansk renferme 19% de tous les stocks d'armes chimiques russes. Elle doit commencer à fonctionner en 2010, sinon le calendrier des opérations de destruction, qui doivent être achevées en décembre 2012, pourrait ne pas être respecté.
Les Etats-Unis tardent à remplir leurs promesses sous divers prétextes fallacieux, estime Mme Kalinina. Washington qui, selon elle, n'arrive pas lui-même à respecter ses engagements découlant de la Convention, retarde intentionnellement sa participation aux travaux afin que la Russie ne parvienne pas à détruire ses armes chimiques d'ici à la fin de 2012. Si bien que Moscou devra donner elle-même l'exemple à la communauté mondiale.
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Mercredi 10 Décembre 2008

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http://www.alterinfo.net/L-ombre-de-la-crise-plane-sur-la-destruction-des-armes-chimiques_a26935.html?PHPSESSID=f500732f16c773bb1e971a876c32eb35

 



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