OTAN: la plus grande des saintes alliances militaires capitalistes de tous les temps. Sous la domination des Usa, elle sert leur politique de domination mondiale. Combattons sans arrêt cette machine de guerre impérialiste, agressive, colonialiste, ruineuse et dangereuse, pour tous les peuples de la planète. Pour recevoir ces articles, envoyer un mail à roger.romain@skynetblogs.be. Indiquer Otan. Merci !

samedi, octobre 08, 2011

n°17 -Médias et Manipulation de l'opinion - 06-10 - 1ap - : "Top secret america": aux Etats-Unis, un monde caché hors de tout contrôle.

Sent: Saturday, October 08, 2011 9:41 AM
Subject: n°17 -Médias et Manipulation de l'opinion - 06-10 - 1ap - : "Top secret america": aux Etats-Unis, un monde caché hors de tout contrôle.


Face aux ambitions hégémoniques de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.

Sa diffusion est un acte de résistance.

Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre

Les médias occidentaux dans leurs larges majorités ont de tout temps accepté les versions de l'armée israélienne et ferment les oreilles aux autres sources.



Annexe de Syrie

n°17 06-10

C.De broeder & M.Lemaire



Le " Dossier annexe de Syrie" est visible :

a) sur nos blogs :

http://journaldeguerre.blogs.dhnet.be/

http://journauxdeguerre.blogs.lalibre.be/

b) sur le site de Eva Resis : no-war.over-blog.com

c) Et sur le site de Robert Bibeau : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html & http://boycottisraelinternational.com

d) sur le site : www.palestine-solidarite.org à cette adresse : http://www.palestine-solidarite.org/Journaux_Palestiniens.htm

NB : Si vous vouleznous contacter ou obtenir le Journal par mail une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire :

1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos

Daniel Salvatore Schiffer : Les intellectuels faussaires.

1-2 Roland Dumas et Jacques Vergès : « Sarkozy sous BHL », une grenade dégoupillée dans la cour de l'Elysée.

2 Analyse & Réflexion

2-1 Allain Jules : Libye-Syrie : une fois oui, deux fois non, Sarkozy humilié.

2-2 Francisco Vielma : Les tyrans pétroliers dans le monde.

2-3 Pierre Khalaf : L'Occident ne comprend que le langage de la force.

2-4 Mère Agnès-Mariam de la Croix : Une guerre civile ne profiterait qu'à Israël.

2-5 Manlio Dinucci : MOYEN-ORIENT : L'incendie est hors contrôle...

3 Annexe

3-1 Dana Priest et William M. Arkin : "Top secret america": aux Etats-Unis, un monde caché hors de tout contrôle





1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos

11 Daniel Salvatore Schiffer : Les intellectuels faussaires.

Nb : Ndlr : La publication de l'article ne signifie nullement que la rédaction partage le point de vue de l'auteur mais doit être vu comme information.

Entretien avec Pascal Boniface :

C'est une sévère critique des intellectuels les plus médiatisés de France à laquelle Pascal Boniface, directeur de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), s'adonne dans son dernier livre, « Les Intellectuels faussaires »*.

Un essai pamphlétaire dont le très corrosif sous-titre, « Le triomphe médiatique des experts en mensonge », s'attaque aux dérives du débat intellectuel d'aujourd'hui.

Daniel Salvatore Schiffer : Votre dernier ouvrage a comme très explicite et critique titre « Les Intellectuels faussaires ». Son sous-titre n'est pas moins corrosif, ni dévastateur : « Le triomphe médiatique des experts en mensonge ». Qu'est-ce à dire ?

Pascal Boniface : Je ne m'attaque pas, dans ce livre, à des gens avec lesquels je règle là des désaccords idéologiques, même si j'en ai avec la plupart des personnes que je cite. J'ai voulu y démasquer ces « intellectuels faussaires » uniquement dans le domaine de spécialisation qui est le mien : les relations internationales. Je ne m'aventure pas, par exemple, sur le terrain de l'économie, que je ne connais pas assez. Non : ceux que j'y critique, ce sont ces gens qui prétendent se faire une spécialité, alors qu'ils n'en ont pas les connaissances, des questions stratégiques. Et, ce, en employant des arguments qui, non seulement sont faux, mais dont ils savent, chose plus grave, qu'ils sont fallacieux !

DSS : Pourquoi ? A quelle fin se rendent-ils coupable de pareille forfaiture intellectuelle ?

P.B. : Leur but est d'influencer le public, pour une triple raison : soit pour les amener à des idées qui sont les leurs ; soit par intérêt professionnel ; soit, plus dommageable encore, parce qu'ils vont dans le sens du vent. Ils ne font que suivre, tout en se présentant comme de courageux résistants, la pensée dominante.

DSS : Un conformisme médiatique, doublé d'un dogmatisme politico-idéologique, en somme ?

P.B. Oui. Ils se gardent bien de dire certaines choses, même lorsqu'ils pensent qu'elles peuvent être vraies, car ce qu'ils craignent par-dessus tout, c'est de subir des représailles de la part de ce système médiatique dont ils ne sont, en réalité, que les porte-parole. Cette malhonnêteté intellectuelle, dont j'ai été souvent le malheureux témoin lors de débats télévisés, s'avère particulièrement néfaste pour nos démocraties. C'est contre ce genre de mensonges délibérés que mon livre s'insurge : livre qui s'est vu par ailleurs refusé par quatorze éditeurs !

DSS : Avez-vous des exemples concrets quant à ce genre d'attitude, particulièrement répréhensible sur le plan moral et intellectuel ?

P. B. : On peut avoir un réel et très légitime débat sur le concept d' « ingérence ». La Libye du colonel Kadhafi nous en fournit, ces semaines-ci, une nouvelle occasion. De même pour l'Irak. Au moment où Saddam Hussein était à sa tête, on pouvait avoir un véritable débat sur la nécessité ou non, pour nos démocraties occidentales, de s'ingérer dans les affaires internes de ce pays afin d'y renverser son dictateur.

Les questions, de ce point de vue-là, sont aussi nombreuses que fondées : est-ce la meilleure méthode pour libérer un pays de la tyrannie ? Est-ce que le remède est pire que le mal ? Comment atténuer les souffrances d'un peuple opprimé ? La notion de « guerre juste » est-elle recevable ? Ces problématiques peuvent faire, et doivent faire, l'objet d'un débat, y compris entre intellectuels. Mais à partir du moment où on affirme péremptoirement, sans preuves, que ce même Saddam Hussein possède des armes de destruction massive, et qu'il faut donc une guerre pour l'éliminer et l'empêcher ainsi de nuire, on n'est plus, là, dans le débat intellectuel ; on est, au contraire, dans la volonté d'influencer unilatéralement, dans un sens bien précis et par rapport à des intérêts bien calculés, l'opinion publique : c'est de la pure et simple propagande, destinée à justifier, à travers le mensonge, les fins les plus injustifiables : une guerre, illégale, de surcroît, car menée sans mandat international de l'ONU ! C'est cela qui me heurte le plus dans le comportement de ces intellectuels : la fabrication, à l'instar des politiques et pour leur seuls intérêts personnels, de mensonges.

DSS : Certains d'entre eux vous rétorqueront, à tort ou à raison, qu'une guerre, aussi abominable soit-elle, vaut parfois mieux que maintenir au pouvoir un dictateur, surtout lorsque c'est la démocratie que l'on veut instaurer !

P.B. : Dans le cas spécifique de la guerre d'Irak, cela s'est révélé, en tout état de cause, faux !

A l'inverse, toutes les mises en garde que j'avais pu, avec d'autres, adresser, à l'époque, se sont révélées, a posteriori, exactes. Mais le pire, en l'occurrence, c'est que ces mêmes personnes, qui avaient justifié cette guerre au prétexte fallacieux de la présence d'armes de destruction massive, continuent, à ma grande surprise, à être considérés comme des experts en matière de géostratégie et, donc, à occuper le terrain médiatique.

DSS : Quelles conclusions en tirez-vous ?

P.B. : De deux choses, l'une. Soit ces intellectuels mentaient sciemment, et donc ils étaient de vulgaires propagandistes, auquel cas il ne faut les considérer que comme tels.

Soit ils se sont lourdement trompés, auquel cas ce ne sont tout simplement pas des « experts »… sinon en mensonges éhontés, précisément !

POSTURES MEDIATIQUES ET IMPOSTURES INTELLECTUELLES

DSS : D'autres exemples de ce genre de manipulation ?

P.B. : J'ai été frappé par la façon dont ces mêmes intellectuels ont détourné l'irruption de la morale, dont tout humaniste était pourtant censé se féliciter, dans les relations internationales. J'en veux, pour preuve, la guerre du Kosovo, en 1999, qui a été menée par l'OTAN sans, là non plus, de mandat international. En ce sens, la guerre du Kosovo annonçait celle d'Irak. Cela n'a cependant pas empêché, à l'époque, cette sortie incroyablement arrogante de Bernard-Henri Lévy, à la « une » du journal « Le Monde », à l'encontre de Régis Debray. Certes pouvait-on avoir, là aussi, un débat, entre intellectuels, de haute tenue : sur la guerre du Kosovo elle-même ; sur le nettoyage ethnique ; sur les méthodes employées par les Serbes pour résoudre leur conflit avec les Kosovars ; sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; sur les limites de l'autodétermination ; sur le sécessionnisme, etc. Mais non : toutes ces questions se sont vues transformées, par Lévy, en un sommaire et expéditif article intitulé « Adieu Régis ». Avec, comme conséquence, la condamnation de ce même Debray, intellectuel à l'œuvre pourtant nettement plus conséquente que celle de son accusateur, à une sorte d'exil, de forclusion médiatique. Telles sont les raisons pour lesquelles, indigné, je me suis décidé, après moult hésitations, à écrire ce livre, « Les Intellectuels faussaires » : afin de lever le voile sur ceux qui nous racontent, du haut de leurs postures médiatiques et impostures intellectuelles, des sornettes !

DSS : Votre ouvrage ne se limite pas à une simple, pour acerbe qu'elle soit, galerie de portraits. Il tente de pousser un peu plus loin, dans sa première partie, intitulée « De la malhonnêteté intellectuelle en général », la réflexion : comment se fait-il que des gens, dont l'absence de sérieux tout autant que de crédibilité est connue par le public comme par les journalistes, peuvent continuer, malgré tout, à triompher sur la scène médiatique ? Quelles en sont les raisons profondes ? Quelles sont les causes de cet incroyable paradoxe, du moins en France ?

P.B. : Les causes en sont multiples et diverses. Car il n'y a pas à cette incompréhensible dérive - le triomphe médiatique de ces intellectuels faussaires - qu'une seule raison. Il ne faudrait pas tomber, non plus, dans une absurde théorie du complot. Mais il y a là, c'est vrai, une spécificité française.

DSS : Qu'entendez-vous par là ?

P.B. : Nous sommes, en France, plus accommodants, avec le mensonge, que dans d'autres pays. C'est peut-être dû à notre culture latine. Ce déplorable état de fait, en Angleterre et, plus généralement, dans les pays anglo-saxons, ne serait pas possible. Surtout pas aux Etats-Unis, où ceux qui sont pris en flagrant et répétitif délit de mensonge ne sont guère appréciés.

Davantage : un Bernard Henri Lévy, en Amérique, ne jouirait plus d'aucune crédibilité, et ne serait plus invité nulle part, après l'affaire Botul ! On pourrait multiplier ce genre d'exemples en France, où il y a une sorte de bienveillance négligente, une espèce de laisser-faire ou de laisser-aller, quant au mensonge, surtout lorsqu'il émane de gens qui détiennent le pouvoir. Ils sont intouchables. Peu importe ce qu'ils racontent : on continue, indéfiniment, à les respecter ou à les encenser. Pis : personne, à de rares exceptions près, n'ose dénoncer, tant ils sont craints, leurs petits arrangements avec la vérité !

DSS : N'est-ce pas aussi là l'image que donne à voir, hélas pour nos démocraties, la classe politique elle-même ?

P.B. : Absolument ! Nous assistons au même phénomène, en France, avec la politique : ses responsables peuvent mentir et continuer leur activité, comme si de rien n'était, sans que rien ne s'oppose à leurs démagogiques mensonges. Aux Etats-Unis, pays dont les français aiment à se moquer, le jugeant trop rigoriste, le mensonge est disqualifiant dans la vie politique. En France, bizarrement, il ne l'est pas, ni dans la vie politique ni dans la vie intellectuelle. C'est très dangereux !

SERIAL-MENTEURS

DSS : Pourriez-vous préciser la nature de ce danger ?

P.B. : Cela conduit, à terme, au populisme, que ces mêmes intellectuels dénoncent pourtant.

Cela mène à une sorte de méfiance par rapport aux élites. Il y a, en France, une très grande coupure entre les masses populaires et les élites intellectuelles, du moins celles, privilégiées, occupant le haut du panier. Car il existe aussi des élites intellectuelles qui, bien que très informées, n'ont aucun accès à la voix médiatique : des enseignants, des professeurs, des médecins, des avocats, etc. Il y a, dans l'Hexagone, des dizaines de milliers de gens qui possèdent une excellente information, qui ne sont pas dupes de ces faussaires, mais qui, malheureusement, n'ont pas d'autre choix que de constater, parfois à leur détriment, que ce système leur impose constamment, quotidiennement, les mêmes personnages, les mêmes figures, les mêmes faussaires. Bref : ceux que j'appelle, dans ce livre, les « serial-menteurs », lesquels assènent sans scrupules ni vergogne, chaque soir sur tel ou tel plateau de télévision, chaque matin dans telle ou telle chronique radio, un nombre invraisemblable de contrevérités.

DSS : La deuxième partie de votre essai, intitulée « De quelques 'faussaires' en particulier », nous livre, de ce point de vue-là, quelques exemples concrets !

P.B. : Effectivement : ces intellectuels faussaires, qui squattent en permanence nos plateaux de télévision et occupent régulièrement nos studios de radio, ont pour nom, principalement, Alexandre Adler, Caroline Fourest, Mohamed Sifaoui, Thérèse Delpech, Frédéric Encel, François Heisbourg, Philippe Val et, bien entendu, Bernard-Henri Lévy, leur seigneur et maître.

DSS : Ne croyez-vous pas qu'il y ait là, en cet arbitraire éventail de noms disparates et même hétéroclites, quelque amalgame un peu trop rapide, facile ou simpliste ?

C'est là un des reproches adressés, par une certaine critique philosophico-littéraire, à votre livre. Qu'ont en commun, par exemple, une Caroline Fourest et un Bernard-Henri Lévy, un Alexandre Adler et une Thérèse Delpech, hormis ce fait, par-delà leurs différentes sphères de compétence, qu'ils publient tous, même si cela n'est probablement pas un hasard, chez Grasset, maison d'édition germanopratine par excellence ?

P.B. : Ce à quoi on a affaire là, avec ces intellectuels faussaires, c'est, pour reprendre l'heureuse et célèbre expression de Julien Benda, une nouvelle « trahison des clercs », où l'intérêt personnel prime, moyennant une série de mensonges les uns plus énormes que les autres, sur l'intérêt général. C'est là une menace qui pèse aujourd'hui, non seulement sur l'information, mais sur la démocratie elle-même. Il est donc impératif, à l'heure actuelle, de se montrer vigilant : c'est là, face à ce danger qui nous guette, une nouvelle forme de résistance intellectuelle, alliée à une exigence sociale en même temps qu'à un devoir moral !

*Publié chez Jean-Claude Gawsewitch (Paris).

DANIEL SALVATORE SCHIFFER

5 octobre 2011

Daniel Salvatore Schiffer (son site)


1-2 Roland Dumas et Jacques Vergès : « Sarkozy sous BHL », une grenade dégoupillée dans la cour de l'Elysée.
Après la Libye, Sarkozy menace la Syrie et l'Iran. Où s'arrêtera-t-il ?

Interview de Roland Dumas et Jacques Vergès - Propos recueillis par Gilles Munier (Octobre 2011)

Il y a quelque chose de pourri au royaume de France !

On attendait les révélations de Saif al-islam sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par la Libye…

À la place, on a eu droit, sur le même sujet, à la relance de l'affaire Bettencourt, le scandale politico-fiscal de la principale actionnaire de la société L'Oréal, puis à un déluge de révélations sur la remise de valises de billets en provenance de présidents africains, par l'entremise de l'avocat de la Françafrique Robert Bourgi (l'un des dénonciateurs, qui reconnaît avoir porté des valises) à des hommes politiques français, toutes tendances confondues. Dans cette atmosphère de fin de règne, on lira avec délectation le pamphlet de Jacques Vergès et Roland Dumas qui connaissent bien les dessous crapuleux du renversement du colonel Kadhafi. Un pamphlet à lire d'une traite*.

Afrique Asie : « Sarkozy sous BHL », le pamphlet que vous venez de publier, est une volée de bois vert contre le pouvoir de l'argent en politique. Pouvoir et argent ont toujours cohabité, sauf peut-être dans certains pays socialistes. Qu'apporte de nouveau la présidence Sarkozy dans ce domaine ?

Roland Dumas : Le pouvoir de l'argent a toujours existé. Au travers des siècles. Dans tous les régimes. Il est triste de voir une grande démocratie ou « prétendue telle » comme la République française, être en proie à un phénomène aujourd'hui décuplé.

Les révélations qui sortent chaque jour sont édifiantes à ce sujet mais la « France Afrique » n'est pas simplement un problème d'argent et de valises de billets. C'est aussi une méthode qui nous ramène des siècles en arrière et qui repose sur des actions militaires, en bref, sur le colonialisme : « Un régime vous déplaît, on le change, on en installe un autre ». Peut-on dire que c'est là le progrès ?

Jacques Vergès : Ce que la présidence Sarkozy apporte de nouveau dans les relations entre pouvoir et argent est l'hypertrophie du rôle de l'argent sale et de la corruption qui s'ensuit, faisant de la République française une République bananière. Ses relations avec les pays africains et arabes ne se font plus à travers des diplomates mais à travers des affairistes douteux.

BHL, la « mouche du coche »

Afrique Asie : Vous vous en prenez à « Lévy d'Arabie »… BHL. Est-ce la première fois, sous la République, qu'un intellectuel détient publiquement un tel pouvoir? Peut-on comparer son influence à celle de Jacques Attali sur François Mitterrand ou de Marie-France Garaud sur Georges Pompidou puis Jacques Chirac ?

Jacques Vergès : On ne peut comparer les rôles discrets de M. Attali auprès du président Mitterrand ou de Madame Garaud auprès de Georges Pompidou avec le rôle de M. Lévy auprès de Sarkozy qui est un rôle de décideur. Le président Sarkozy entérine les conciliabules de M. Lévy avec des émissaires libyens dans les hôtels parisiens.

Roland Dumas : C'est sans doute la première fois qu'un intellectuel aussi médiocre que M. Bernard-Henry Lévy joue un rôle aussi important dans la République. On ne peut le comparer ni à Jacques Attali qui était une institution dans la République ou à Marie-France Garaud qui disposait d'une relation personnelle avec Georges Pompidou. La situation insolite de M. BHL ne relève ni d'un cas ni d'un autre. Il n'est rien dans la République. Il s'impose. Il virevolte. Il joue les « mouches du coche ».

Afrique Asie : En Libye, le CNT occupe Tripoli. Qu'en est-il de la plainte que vous comptiez déposer accusant Nicolas Sarkozy de crime de guerre ?

Jacques Vergès : Cette plainte attend que M. Sarkozy ne soit plus à même d'empêcher cette plainte de suivre son cours.

Afrique Asie : Après la Libye, Sarkozy menace la Syrie et l'Iran. Où s'arrêtera-t-il ?

Jacques Vergès : M. Sarkozy est irresponsable, il est capable désormais de toutes les folies à moins que le peuple français ne lui passe une camisole de force auparavant.

Roland Dumas : C'est cela qui nous inquiète. Les menaces contre la Syrie sont précises. Elles sont sérieuses. Les menaces contre l'Iran existent. On a l'impression que tout est fait pour embraser le Proche-Orient. A quoi cela correspond-il ? On peut se le demander. Je ne peux séparer la situation actuelle de ce qui se passe à l'ONU au sujet des Palestiniens.

L'humanité se déshonore en laissant tomber le peuple palestinien qui est raisonnable, paisible et ne demande pour lui que ce que les israéliens ont obtenu pour eux-mêmes.

Retour du colonialisme

Afrique Asie : Après le renversement de Saddam Hussein, de Laurent Gbagbo et du colonel Kadhafi, ne sommes-nous pas en définitive en train d'assister à un retour accéléré du colonialisme ?

Roland Dumas : Tout à fait. Nous assistons à un retour, non seulement accéléré mais amplifié, démultiplié du colonialisme avec des moyens énormes. Saura-t-on un jour le coût des campagnes de l'Afghanistan et de la Libye ? Le peuple français a le droit de savoir. Au moment où tout le monde s'agite autour de la crise, n'est-il pas raisonnable de poser la question du coût de guerres inutiles et monstrueuses ?

Jacques Vergès : C'est évident que la politique de M. Sarkozy marque un retour du colonialisme à un moment où la France et l'Occident en général n'en ont plus les moyens. Il peut renverser les gouvernements mais ne peut assurer l'ordre ensuite.

Afrique Asie : Pensez-vous que l'Algérie soit sur la liste des « pays à casser » ?

Roland Dumas : Pourquoi pas. Le contentieux entre la France et l'Algérie est durable. Quand vous imaginez que les Français n'ont pas encore souscrit à la proposition de négociations avec l'Algérie sur un contrat d'amitié, parce que trop de blessures sont encore saignantes… Tout est à craindre pour l'Algérie, mais ce sera pour M. Sarkozy un autre « morceau »…

* Lire « Bonnes feuilles » dans Afrique Asie d'octobre 2011

Mercredi 5 octobre 2011 3 05 /10 /Oct /2011 14:21

http://www.afrique-asie.fr/index.php/category/accueil/actualite/article/sarkozy-sous-bhl-interview-de-jacques-verges-et-roland-dumas

« Sarkozy sous BHL », par Roland Dumas et Jacques Vergès (Ed. Pierre-Guillaume de Roux) – 126 p. – 13,90 euros

http://www.france-irak-actualite.com/article-sarkozy-sous-bhl-une-grenade-degoupillee-dans-la-cour-de-l-elysee-85909437.html



2 Analyse & Réflexion
2-1 Allain Jules : Libye-Syrie : une fois oui, deux fois non, Sarkozy humilié.

Nicolas Sarkozy vient d'être humilié aux Nations-unies (voir caricature québécoise en dessous). Le texte rédigé par la France en coopération avec l'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Portugal qui menaçait le régime syrien de « mesures ciblées » s'il ne mettait pas fin à la « répression » dans les trente jours a été rejeté. »Le monde est injuste » disent aujourd'hui les pays va-t-en-guerre du Conseil de sécurité à savoir, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne. « Cette fois-ci, on ne nous prendra plus » semblent dire les délégations russes et chinoises au Conseil de sécurité, qui ont fait parler leur « droit de véto ». Après avoir accepté la barbarie en Libye, cette crise de conscience-là, fera date.

Dans ce dossier syrien, les « grands » n'ont jamais demandé aux insurgés syriens, qui viennent de mettre en place leur CNT par mimétisme, personne n'a jamais demandé aux opposants de mettre un peu d'eau dans leur vin. La grande hypocrisie vient du Canada. En effet, il a décidé de renforcer ses sanctions contre le régime syrien en visant le secteur pétrolier, mais toute fois, sans freiner les activités du géant énergétique canadien Suncor dans ce pays. Cherchez l'erreur.

Alors que dans le même temps, le régime du prix Nobel frauduleux de la paix, Barack Hussein Obama, a interdit la vente d'équipements de télécommunications à la Syrie, tout en autorisant certaines télécommunications entre les Etats-Unis et ce pays. De quel droit, donc ? Prendre ainsi parti n'est clairement qu'une ingérence dans les affaires internes des pays souverains étrangers. La Syrie s'est-elle impliquée dans la répression des indignés américains à Wall Street ?

Alors que le même préalable qu'en Libye est exigé en Syrie, à savoir toute discussion ne pouvant avoir lieu qu'avec le départ de Bachar Al-Assad du pouvoir, n'est pas acceptable. Au nom de quel principe démocratique, de quelle loi internationale, un gouvernement quelconque, peut-il exiger le départ d'un président quel qu'il soit ? Ce qu'ils ont réussi à faire en Libye, c'est à dire installer le chaos, ne se produira pas en Syrie. Et c'est tant mieux. On peut être contre une répression mais, il faut aussi demander aux insurgés d'avoir l'amour de son pays et non la haine de son dirigeant et exiger son départ.

Quand on sait que les résolutions onusiennes 1970 et 1973 ont été triturées à souhait, quel crédit peut-on encore accorder à des prédateurs prêts à tout pour faire marcher leurs économies moribondes ? Au détriment des Libyens, ces gens mènent une guerre contre les populations civiles qu'ils étaient sensées défendre, simplement parce que celles-ci sont favorables au régime de Kadhafi. Ceux qui refuse de croire ou de voir, peuvent toujours s'acheter des lunettes et un cerveau.

Syrte, aujourd'hui, représente ce qu'il y a de pire. C'est un génocide. Les terroristes de l'OTAN/CNT sont entrain de commettre dans un silence assourdissant, des crimes de guerre. Cette mascarade n'a que trop durée

Allain Jules |

5 octobre 2011

http://allainjules.com/2011/10/05/libye-syrie-une-fois-oui-deux-fois-non-sarkozy-humilie/


2-2 Francisco Vielma : Les tyrans pétroliers dans le monde.

Après la seconde guerre mondiale, les puissances triomphantes ont commencé une nouvelle phase de contrôle hégémonique sur le monde. Des facteurs tels que la position stratégique et l'énergie, ont été les principaux éléments qui expliquent l'intervention militaire, la guerre, l'interventionnisme politique, les coups d'État et les assassinats partout dans le monde entier, comme action spécifique et historiquement démontrée de pays comme les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, entre autres.

Mais il convient de s'arrêter au facteur énergétique. Comme nous le savons, l'énergie fossile est un élément clé dans le système économique mondial. C'est le produit qui fait marcher la planète. Le pétrole est la clé du système de production des pays développés, parce qu'ils n'ont pas su concevoir un système de développement au-delà des règles du capitalisme et du faux developpementisme, dans lequel la nature du capital est de croître indéfiniment, de croître ou de périr. Cela implique l'utilisation démesurée et accélérée des ressources naturelles comme le pétrole, qui se trouve à l'extérieur des pays développés.

La clé de la survie des Empires, est le contrôle de l'énergie et des matières premières. C'est pourquoi, depuis le début du XXe siècle le contrôle politique de l'énergie des pays dotés d'énergie et de matières premières s'est déjà pratiqué. Ce contrôle a été imposé sur la base de l'inégalité, ce qui a évidemment historiquement favorisé les pays développés au détriment de la richesse des pays propriétaires de l'énergie et des matières premières, Cette inégalité a été imposée par le contrôle de la direction politique des pays dotés de ces ressources, par l'utilisation de la force militaire, ou par l'utilisation de règles inégales dans le commerce international. Concrètement dans le cas du pétrole, l'OPEP a pris naissance dans les années 1960 dans le but de défendre les intérêts des pays possesseurs de ce point.

Dans un cadre global inégal dans l'exploitation des richesses, dans commerce international injuste, dans des conditions injustes impliquant le pillage des richesses pétrolières des pays à des prix dérisoires, nous avons vu comment historiquement, dans la plupart des pays riches en ressources, leurs peuples ont été soumis à des conditions de pauvreté et d'inégalité. Un cas emblématique à cet égard, a été le Venezuela du XXe siècle, qui, alors qu'il était le principal exportateur de pétrole au monde de 1925 à 1960, a maintenu un niveau de pauvreté autour de 68 %. Les asymétries ont toujours été visibles, dans les pays riches en pétrole, c'est pourquoi s'y sont trouvés des secteurs sociaux qui ont exigé des changements dans l'utilisation de la richesse nationale, c'est pourquoi il y a eu des troubles politiques et sociaux qui sont clairement prévisible.

Les bouleversements sociaux et les changements politiques se sont produits par intermittence dans tous les pays riches en pétrole. Mais dans de nombreux cas, ces transformations n'ont pas eu l'approbation des pays développés, surtout des États-Unis, le pays qui consomme le plus de pétrole sur la planète. Les changements politiques dans les pays riches en pétrole qui n'ont pas été approuvés par les États-Unis, ont été précisément ceux qui imposent de nouvelles règles dans le commerce dans l'exploitation du pétrole et dans sa fourniture, par le biais de taxes, des concessions et de collecte de redevances. La création de conditions plus favorables pour les pays détenteurs de pétrole, met en péril la marge de profit des compagnies pétrolières transnationales et les sociétés captatrices de la richesse engendrée par la fourniture de cette matière première.

Historiquement les Etats-Unis dans leur quête de matières premières et d'énergie bon marché ont assuré ce pillage des pays du tiers-monde, en utilisant l'ingérence politique et dans beaucoup de cas l'ingérence militaire. Mais ces stratégies ne fonctionnent pas elles seules, car, après la seconde moitié du XXe siècle, ils utilisent les armes de propagande mondiale, de l'intermédiation des organismes internationaux et de l'utilisation d'alliances politiques pour sécuriser leur hégémonie. Les États-Unis et les membres de l'OTAN (organisation du traité de l'Atlantique Nord), après la deuxième guerre, se sont assuré un rôle de « policiers du monde ». Comme dans n'importe quel film où il doit y avoir les « good guys » il doit y avoir les « bad guys », qu'ils le soient vraiment, ou simplement parce qu'il est nécessaire de les diaboliser afin que les « good guys » puissent agir. C'est ainsi que les « tyrans pétroliers », ont été groupe de « bad guys » sélectionné dans le monde par les Etats-Unis, parce qu'ils sont particulièrement riches et « Tyrans ».

Beaucoup de dirigeants des pays riches en pétrole, ont été identifiés par les Etats-Unis comme « tyrans ». Tous les moyens de propagande mondiale ont été utilisés pour attaquer ces « tyrannies » et leurs dirigeants, toutes les formes d'ingérence politique visant à les renverser par tout moyen ont été utilisées, des organismes internationaux (comme l'ONU spatialement son Conseil de sécurité ont été utilisés pour imposer des sanctions sur ces pays et à l'occasion (pour diverses raisons) la guerre frontale a été utilisée contre ces pays pétroliers gouvernés par « tyrans ».

Certes, dans les pays pétroliers il y a eu des tyrannies, comme il ya pu en avoir dans n'importe quel lieu dans le monde. Mais la préférence ou des États-Unis et en Europe pour un tyran, ne dépend pas de son niveau de tyrannie, mais de la façon dont ces personnages traitent l'industrie pétrolière. Si le tyran gère l'entreprise en faveur des pays impériaux, il n'est pas un tyran, il est un « ami ». Si le tyran gère l'entreprise pétrolière dans une perspective nationaliste, c'est un tyran et un ennemi. Les Exemples sont multiples, examinons les !

Les bons tyrans

L'Arabie saoudite est gouvernée par une monarchie avec des dizaines d'années au pouvoir et dont le chef est le roi Abdullah bin Abdul Aziz, dans cette nation il n'y a pas de démocratie, mais une terrible ségrégation sociale et un processus systématique de violation des droits des femmes et des enfants. Ce n'est pas une tyrannie.

Le Venezuela a été gouverné pendant 4 ans à partir de 1988 et par Carlos Andres Perez, qui a envoyé à l'armée pour repousser les manifestations populaires de 1989, faisant plus de 6000 morts dans tout le pays soit au moment des émeutes, soit par la répression et la disparition systématique de personnes dans les jours suivants. Après cela, Pérez a été décrit par le père de George Bush, comme un « démocrate » exemplaire Il ne s'agissait pas d'une tyrannie.

L'Iran a été gouverné par Mohammad Reza Pahlavi connu comme le Shah ou l'empereur d'Iran de, qui fut roi de l'Iran du 16 septembre 1941 jusqu'à la révolution iranienne, le 11 février 1979. Il était le deuxième souverain de la dynastie Pahlavi. Il est célèbre pour avoir supprimé et interdit des partis politiques, pour avoir promu la ségrégation tribale et pour avoir appauvri le peuple iranien en favorisant les secteurs de l'aristocratie de pétrole. Son règne s'est maintenu par la répression. Cela n'était pas considéré comme une tyrannie.

Les exemples de tyrannies avec consentement impérial peuvent être infinis à s'effriter de l'histoire, mais ont tous un dénominateur commun : tous géraient de manière complaisante les richesses pétrolières dans l'inégalité des conditions pour leurs pays et en favorisant les intérêts économiques des transnationales étasuniennes.

Les mauvais tyrans

Regardons la liste des dirigeants des pays riches en pétrole, qui ont reçu le label de « tyrans ».

Malgré les actions de ces personnages, dans tous les cas, leur description comme « tyrans » par les États-Unis et l'Europe, a apporté l'élément additionnel justifiant le renversement de ces régimes pour installer le système démocratique occidental et le développement du système économique capitaliste international. Certains d'entre eux ont été destitués par les États-Unis, par les méthodes déjà expliquées, d'autres ont donné naissance à des systèmes de gouvernement plus qu'eux-mêmes. Ce sont :

Mohammad Mossadegh : a été le premier ministre démocratiquement élu d'Iran, entre 1951 et 1953. Il est connu pour avoir décrété la nationalisation du pétrole le 20 mars 1951, mesure qui a conduit à l'intervention des États-Unis et la Grande-Bretagne qui financèrent un coup d'état organisé par la CIA en 1953, qui renversa Mossadegh et établit une dictature monarchique avec à sa tête le Shah Mohammad Reza Pahlavi. Il fut accusé de terrorisme international et d'avoir une attitude anti-étasunienne affectant les entreprises transnationales à partir de la nationalisation de l'industrie pétrolière iranienne. Après le départ de Mossadegh Les entreprises de pétrole, retombèrent aux mains de British Petroleum et Texaco, jusqu'à l'arrivée de la révolution islamique de 1979.

Cipriano Castro : était un militaire et politicien vénézuélien qui devint chef d'État de 1899 à 1908, premier président de facto après le triomphe d'une guerre civile et à partir de 1901, comme Président constitutionnel du Venezuela. Il proposa de nouvelles règles pour les taxes et les redevances des compagnies pétrolières lesquelles développaient des activités échappant au contrôle. Il entreprit des actions judiciaires spécifiquement contre la Compagnie « New York and Bermúdez, Co. » dans lesquelles la nation réclamait une indemnité de 50 millions de bolivars ; et, deuxièmement, il commence l'expropriation de l'Orénoque Steamship Co. Toutes deux compagnies pétrolières. Ces deux cas actions entraînèrent la rupture des relations diplomatiques entre le Venezuela et les États-Unis en 1908. Année où Castro fut renversé par Juan Vicente Gómez. Castro était décrit comme « tyrannique et incompétent » par les États-Unis juste après la rupture des relations diplomatiques. Sous le gouvernement de Gómez, le Venezuela devint le premier producteur mondial de pétrole, avec une fourniture préférentielle aux Etats-Unis à des prix bas et inhabituels, libres de redevances et offrant une rente préférentielle.

L'ayatollah Ruhollah Khomeiny était un imam et un Ayatollah chiites iraniens leader politico-spirituel de la révolution islamique de 1979 et qui le reste encore. Les puissances occidentales le considéraient comme un « leader messianique, dont les initiatives politiques mettaient en danger la stabilité internationale ». En 1979, il a renversé le Shah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi. Khomeiny a dirigé l'Iran jusqu'à sa mort en 1989. Iran nationalisa la compagnie pétrolière et créa de nouvelles règles en matière de taxes et de redevances, et fit des réformes pour faire bénéficier de grands secteurs de la société des ressources pétrolières. L'Iran est maintenant qualifié (comme au temps de Khomeiny) par les Etats-Unis de « sponsor international du terrorisme et de pays hors-la-loi et tyrannique ».

Saddam Hussein : fut 1979 à 2003 avec le soutien de la CIA un dirigeant irakien qui entreprit une guerre contre l'Iran pour renverser le gouvernement de l'Ayatollah. Son gouvernement dans les premières années, a eu le soutien des Etats-Unis des d'armes y compris des gaz et des armes bactériologiques qu'il utiliserait contre l'Iran. Hussein était un allié clé des Etats-Unis, jusqu'à ce qu'il décide de faire des réformes pétrolières dans son pays, l'Irak devint un membre clé de l'OPEP et décida d'attaquer le Koweït (ancienne province pétrolière de l'Irak) pour le rattacher. Après, cela a engendré « Tempête du désert » et la guerre Golfe où les Etats-Unis envahirent le golfe Persique, attaquant l'Irak et créant une zone de non survol. En 2003, au prétexte de l'existence d'armes de destruction massive, les Etats-Unis et d'autres partenaires de l'OTAN, envahirent l'Irak, capturèrent puis exécutèrent Hussein et maintiennent jusqu'à présent une occupation .Il n'y a jamais eu d'armes de destruction massive en Irak. Hussein a été décrit comme « dictateur et bailleur de fonds du terrorisme international ». A présent les accords pétroliers en Irak sont excessivement injustes envers l'Irak et ont tellement libéré la production que le pays en déjà ne fait déjà plus partie de l'OPEP.

Gamal Abdel Nasser : était un militaire et un homme d'État égyptien et le principal dirigeant politique arabe de son temps. Il fut président de l'Égypte de 1956 jusqu'à sa mort en 1970. Il nationalisa le Canal de Suez, provoquant une intervention militaire de l'Angleterre avec le soutien des Etats-Unis. L'Egypte, pays pétrolier et pays membre de l'OPEP, fit des réformes dans ce domaine, ce qui signifiait que Nasser était au centre d'attaques et de déstabilisation systématique, sa proposition de l'unité arabe est devenue une ingérence internationale plus constante. Après sa mort naturelle, de nouveaux groupes politiques prirent le pouvoir en l'Égypte, Sadate et puis Hosni Moubarak ouvrirent Égypte au marché libre avec l'Europe et les Etats-Unis, signant de nouveaux accords pétroliers préférentiels avec ces pays.

Jaime Roldós Aguilera : a été président de l'Équateur de 10 août 1979 jusqu'au 24 mai 1981. Il est mort dans un accident d'avion qui selon de nombreux indices aurait été provoqué. John Perkins, présenté comme un « assassin économique » confirme les actions spécifiques de la CIA pour l'assassiner. Roldos proposa des réformes politiques majeures. Sur la question du pétrole Équateur avait à l'époque avec une production de pétrole naissante et les projections futures de gaz, l'intention de créer une entreprise de production nationale au moyen d'une excluant les sociétés transnationales. Il fut présenté par les Etats-Unis comme une « menace » et fut accusé d'être lié au réseau communiste international en seulement 2 ans du gouvernement. Après la mort de Roldos, l'Équateur, repassa sous le contrôle de la classe politique qui l'avait précédé. Le projet pétrolier de Roldos fut transporté vers le futur de telle façon qu'il se réalise aujourd'hui sous la direction de Rafael Correa, l'Équateur disposant de ressources énergétiques suffisantes pour se considérer comme un pays exportateur et être maintenant membre de l'OPEP.

Isaías Medina Angarita : Président de la République du Venezuela, de 1941 à 1945. Il a été renversé par un coup d'état « civil-militaire » dans lequel a participé le parti d'Action démocratique. Il décréta l'augmentation de la participation de l'Etat vénézuélien à 50 % des bénéfices du pétrole, établissant également l'obligation pour les titulaires de licences de payer, non seulement les taxes consacrées par cette loi, mais aussi toutes les taxes générales qui seraient instituées c'est pourquoi les compagnies pétrolières ont été soumises depuis au paiement de l'impôt sur le revenu. Les transnationales intéressées ont aidé à son renversement, appuyant les civils et les militaires, parmi lesquels on compte Marcos Pérez Jiménez, qui deviendra plus tard un dictateur, Medina Angarita a été accusé de « nationaliste dangereux ». Après son départ s'ouvre une autre étape dans la dynamique des concessions pétrolières vénézuéliennes.

Ben Bella : gouverna l'Algérie entre 1962 et 1965. Ben Bella nationalisa les propriétés abandonnées par les français après la décolonisation, ainsi que d'autres entreprises clés de l'économie du pays. Il établit un régime socialiste fondé sur l'autogestion des petites et moyennes entreprises, entreprit une réforme agraire et conçut un programme de libération des femmes, les encourageant à abandonner le voile et à s'intégrer dans la vie sociale et politique. LE pétrole comme ressource principale de l'Algérie fit l'objet de réformes. Ben Bella a été renversé et emprisonné pendant 10 ans. Il a été accusé de pratiquer la tyrannie et la persécution politique. Après son renversement, les conservateurs au pouvoir sont devenus des alliés de l'Amérique au Maghreb.

Mahmoud Ahmadinejad : actuel président de la République islamique d'Iran, depuis le 2 août 2005. Il a continué la politique pétrolière de son pays mise en œuvre depuis le début de la révolution islamique. Cette politique a été très nationaliste et a conduit à l'Iran à une place de puissance moyenne, étant le pays le plus puissant en Asie centrale et l'un des plus influents du golfe Persique. Ahmadinejad et l'Iran sont considérés comme ennemis des Etats-Unis comme parrains du terrorisme international et « obstacle à la paix dans le monde ».ils insistent sur le fait que le programme nucléaire iranien est pacifique (pour la production d'électricité, le dessalement d'eau de mer à usage humain et à des fins médicales) a, à la demande des membres de l'OTAN, engendré des sanctions économiques pour l'Iran. L'Iran est soumis à de possibles actions militaires des États-Unis étant considéré comme une menace contre Israël et le monde occidental par sa possible puissance militaire nucléaire, chose qui n'a pas été confirmée et l'Iran a nié en se soumettant à l'inspection internationale de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique). La droite républicaine américaine au complet, demande à Barak Obama d'agir militairement en Iran, d'envahir ce pays pour « sauvegarder la paix et la sécurité des Etats-Unis ».

Kadhafi : dirigeant libyen installé au pouvoir depuis 1969 et qui, depuis les années 1970 a nationalisé l'industrie pétrolière. Bien qu'actuellement l'activité pétrolière ne soit pas entièrement nationalisée, la Libye recèle près de 50 milliards de pétrole ultraléger, le plus convoité et qui avant le conflit de 2011 était dirigé vers l'Europe à raison d'environ 1 600 000 barils par jour. La Richesse de la Libye est estimée à 200 milliards de dollars en dépôts dans les banques européennes. Depuis la politique Kadhafi la Libye est considérée comme un pays hors-la-loi, il a traversé des moments d'isolement international, dont il est sorti seulement après une ouverture de Kadhafi à l'investissement International, principalement français, italien et britannique. Au début de 2011, les tribus hostiles à Kadhafi, conjointement avec la coopération internationale de mercenaires armés, ont pris des postes militaires du gouvernement, y ont pris l'armement et ont entamé une rébellion contre Kadhafi en essayant de créer une République séparatiste dans l'est pétrolier du pays. Kadhafi a répondu militairement. Les médias internationaux et la diplomatie internationale où les USA ont joué un rôle de premier plan, ont soulevé la nécessité de prendre des mesures contre Kadhafi puisqu'il attaquait des« civils sans défense, qui réclamaient la liberté ». Au moment de la rédaction de cette note, il y a des sanctions économiques et militaires et la création d'une zone d'exclusion aérienne en Libye permettant le bombardement par les États-Unis et la France, avec la collaboration des membres de l'OTAN.

Tripoli est assiégée et les habitants massacrés dans les rues par des mercenaires séditieux et infiltrés, représentant la dissidence du soi-disant Conseil national de transition, soutenu par l'Occident.

Les comptes de la Libye en Europe ont été gelés sans qu'on connaisse leur avenir, confisquant les richesses du peuple et de l'État libyen pour asphyxier Kadhafi. Le maintien au pouvoir de Kadhafi est incertain.

Hugo Chávez : dirigeant vénézuélien élu depuis 1998. Avec un Discours anti-impérialiste et une action progressiste, il a fait 2 changements à la Loi sur les hydrocarbures, donnant la priorité à l'État dans la capture des revenus pétroliers et le revenu par la redevance. Il a renationalisé la compagnie pétrolière, mettant un terme à « l'ouverture pétrolière » de la présidence précédente. Après un sabotage pétrolier, il a repris le contrôle complet de l'État sur PDVSA et commence une nouvelle étape dans la politique pétrolière nationale, où l'entreprise d'Etat est le principal actionnaire et l'unique gérant de l'économie pétrolière. Chavez, accusé de « Communiste » par les États-Unis, a subi un coup d'état en 2002, mais deux jours plus tard il a été réinstallé à son poste par les militaires et les civils qui le soutenaient. Il a été constamment accusé par les médias internationaux et la diplomatie étasunienne et européenne de financer le terrorisme international (FARC, ETA, HEZZBOLLAH, le HAMAS et Al-Qaïda), de mettre fin à la liberté d'expression, d'emprisonner ses ennemis politiques et d'entraîner son pays dans la pauvreté grâce à sa version du communisme. Le Venezuela est le pays qui détient les plus grandes réserves de brut lourds et ultralourds certifiées et vérifiés dans le monde, environ 296,5 milliards de barils. Hugo Chávez est la cible de toutes sortes d'attaques politiques et de complots dans son pays, par le biais de secteurs d'opposition principalement constitués par les groupes politiques et économiques (médias, partis et associations) liés aux Etats-Unis qui détenaient la richesse et le pouvoir avant son arrivée. Les gouvernements antérieurs ont conduit des politiques pétrolières préjudiciables à l'intérêt national et en faveur du premier client du pétrole du Venezuela : les Etats-Unis.

La liste est trop courte pour intégrer les cas de pays comme le Nigeria, l'Indonésie et le Gabon, qui ont été membres de l'OPEP, comme aussi le cas des autres pays pétroliers à l'extérieur de l'OPEP. Dans un monde aux ressources de plus en plus limitées, les puissances consommatrices et surtout les Etats-Unis et l'Europe, ont lancé une nouvelle étape dans la chasse aveugle au pétrole que ce soit par les voies régulières de l'entreprise, par la subordination politique des producteurs ou par une intervention militaire directe.

N'apparaissent pas dans cette note, les tyrans anonymes du pétrole, ceux qui gèrent les sociétés pétrolières transnationales qui bénéficient de ces méthodes pour le contrôle de l'énergie. Des entreprises comme Exxon, Halliburton, Chevron, BP, ENI, Shell, entre autres, ont participé ouvertement au financement des politiciens aux États-Unis et en Europe, au soutien aux forces militaires, à la création de lobbies internationaux en soutien à l'ingérence la guerre et au pillage de la richesse des pays visés.

La raison du captage du pétrole bon marché, par les pays développés et même de puissance émergentes comme la Chine, le Brésil et l'Inde, consiste à externaliser les dépenses, à maintenir le système de production et de consommation mondial. Externaliser les coûts, implique baisser le prix des matières premières à un niveau ridicule, afin de produire à bas prix et ainsi maximiser les profits, dans le même temps de mettre les biens de consommation sur une grande échelle au niveau mondial. Cela indique que, dans la continuité du système mondial capitaliste, aucun pays détenteur de ces matières premières(ne peut éviter ((être soumis (pacifiquement ou violemment) aux intérêts du système de domination mondiale.

Les guerres du pétrole, sont une réalité de notre temps. Nous avons vu le cas de l'Irak et de la Libye, comme les menaces contre l'Iran. Dans le même temps, il convient de souligner les menaces directes et indirectes contre le Venezuela, se souvenant de sénateur Paul Coverdell, qui, comme Rapporteur du Plan Colombie « pour contrôler le Venezuela, il est nécessaire d'occuper militairement la Colombie ». À présent les Etats-Unis ont 7 bases en Colombie et 6 bases dans les Caraïbes, toutes entourant le Venezuela.

Le système des médias internationaux dans les mains des intérêts transnationaux, ont pratiqué la soi-disant « fabrication du consentement » tant au sein des frontières de l'Europe que dans l'arène de l'opinion publique mondiale. Cela consiste à créer l'approbation, créent une masse critique, d'adopter les motifs des guerres et des invasions. Ils ont fabriqué et protégés des tyrans, comme nous l'avons dit, cela dépend sur complaisants qu'ils sont les intérêts économiques des pouvoirs. De cette façon, l'Empire a fait leurs villages dans le service des guerres, assumant un rôle de police dans le monde et en leur faisant croire leurs peuples que ces mesures d'interférence sont dus à des raisons liées à la paix et la sécurité des américains et des européens dans leur propre territoire et d'aide humanitaire. N'oubliez pas que le cas de l'Irak, a été le cas d'une « guerre préventive », c'est-à-dire, envahir l'Irak pour éviter l'attaque avec des armes de destruction massive qui n'a jamais existé, en Europe et aux USA. Ils omettent et refuser, l'entreprise transnationale découlant de la guerre dans les pays occupés.

« Pour voir les fanons de votre voisin brûler, mets les tiens à tremper », explique une expression populaire. Est laissée à la réflexion des pays possédant des Richesses naturelles et ses peuples, la compréhension du cycle historique de notre temps. Une ère de respect pour le droit international, la fabrication des « raisons de guerre » et les actions plus flagrantes des pouvoirs et ses multinationales par des ressources.

Combien de tyrans de pétrole ont été ou sont en fait une telle chose ? Quelques tyrans de pétrole n'ont jamais été ni ne seront appelés comme tel ? Seule la mémoire vivante des peuples a réponse à cette question. Cela nous ne le saurons jamais par CNN, ni par la voix officielle des maîtres du monde.

Mais pour déchiffrer la relation tyrannie-pétrole nous pouvons appliquer le principe du rasoir d'Occam (principe philosophique selon lequel, lorsque deux théories égales ont les mêmes conséquences, la théorie qui a le plus de chances d'être correcte est la plus simple). Exprimé en ces termes : qu'est ce qui est le plus probable ?

Option A :

Partout dans le monde Les pays riches en pétrole, indépendamment de leur latitude et de leur culture, pour des raisons inexpliquées, ont une forte propension à être dirigés par les tyrans terroristes.

Option B :

Les Etats-Unis et l'Europe qualifient tyran à tout dirigeant d'un pays de pétrole qui touche aux entreprises transnationales.

L'option la plus simple dans ce cas, est probablement en appliquant le rasoir d'Occam, est l'option B, étant la plus simple au premier abord, et étant confirmée par les lignes qui précèdent et étant une réalité inscrite dans l'histoire des pays victimes de l'impérialisme comme étape suprême du capitalisme.

Mon dernier message au lecteur :

Si vous vivez dans un pays pétrolier et si votre pays est gouverné selon CNN par un « tyran », n'oubliez pas qu'il est dans le collimateur d'intérêts transnationaux. Votre pays, est un pays de hors-la-loi. Il est probable que des soldats viennent de l'étranger pour vous « libérer » vous et les vôtres, qu'il est possible qu'ils entrent dans votre maison et vous soumettent vous et les vôtres. N'oubliez pas, que lorsque des soldats étrangers, certainement étasuniens sont dans votre pays, ils ne vous entendront probablement pas si vous criez que vous n'êtes pas un terroriste, parce que vous faites partie de l'ennemi. Pas plus qu'ils ne vous entendront vous si vous insistez sur le fait que vous étiez contre la « tyrannie », car vous faites partie de l'ennemi. Comprenez que vous êtes considéré un ennemi, si de l'occupation de leur pays par une force étrangère vous déplait. Comprenez que, que vous sympathisiez ou non avec votre « tyran », vous serez un ennemi de tout citoyen au sein des frontières des Etats-Unis, surtout si ce citoyen américain est un soldat, est dans l'obligation de vous tuer ou de vous arrêter ou de vous torturer. Sachez que s'ils viennent pour votre pétrole, passera sous occupation par une force étrangère pour des années, et il faudra des décennies pour que votre pays atteigne une situation économique favorable et équitable. Mais voyez le côté positif ; ce qui a conduit ces forces étrangères à « libérer » votre pays, prendra fin, le tyran et le pétrole disparaitront. Et puis ils s'en iront. Ceci suggère que plus jamais ils ne « libéreront » votre son pays pour ces mêmes raisons. A moins que ne surgisse une autre ressource et que surgisse ensuite un autre tyran qui veut la gérer pour votre bien. Mais ceci est déjà une autre histoire.

Francisco Vielma. Sociologue

Francisco Vielma

1er septembre 2011

Source : COMAGUER


2-3 Pierre Khalaf : L'Occident ne comprend que le langage de la force.

Le soutien accordé à Israël par l'Occident face à la demande déposée par les Palestiniens à l'Onu pour la reconnaissance de leur État est une preuve supplémentaire de l'hypocrisie de la communauté internationale concernant la cause palestinienne, depuis 1948.
La reconnaissance par les Nations unies d'un État palestinien virtuel est un gain moral et politique qui renforcerait la position diplomatique des Palestiniens face à Israël ; cet État spoliateur, protégé depuis sa création par le véto états-unien, lequel a neutralisé toutes les résolutions prises par le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale, empêchant ainsi toute enquête sérieuse sur les crimes qu'il a commis contre le peuple palestinien.
Cette protection états-unienne et européenne a bloqué tout débat sérieux dans les instances et les organisations internationales sur les politiques racistes dont sont victimes les Palestiniens sur leur terre natale, de la part du dernier État de la planète qui pratique encore une colonisation basée sur la discrimination et la séparation des races depuis la fin de l'Apartheid en Afrique du Sud. Il ne faut pas oublier que le soutien de l'Occident à l'État hébreu a consacré les crimes perpétrés par les organisations terroristes sionistes qui ont déraciné un peuple, volé sa terre et tenté de le faire disparaitre politiquement et physiquement avec l'aide du colonisateur britannique qui occupait la Palestine.
L'Occident peut se vanter d'avoir poussé au défaitisme la direction palestinienne officielle ainsi que la plupart des États arabes. Ceux-ci ont présenté concession sur concession, acceptant de ne revendiquer que 22 % de la Palestine historique, des miettes qu'Israël se refuse à leur restituer sous n'importe quel prétexte. Pourtant, la résistance des Palestiniens a marqué des points importants ces dernières années, les plus importants étant d'avoir contraint l'État hébreu à se retirer unilatéralement de la Bande de Gaza et de l'empêcher d'y revenir, lors de l'offensive de l'hiver 2008-2009.
L'attitude américano-européenne vis-à-vis de la question de la Palestine prouve, une nouvelle fois, que la mission de ces pays est de consacrer l'hégémonie israélienne sur le monde arabe et de liquider la cause palestinienne. Leur but est aussi d'empêcher tout revers, même moral, pour le projet israélien, dont l'objectif est, actuellement, de consacrer la judaïté d'Israël et le contrôle du Machrek arabe.
Le président Nicolas Sarkozy a évoqué, dans son discours à l'Onu, un rôle supposé de l'Europe. Mais le chef d'État français sait plus que tout autre que ce présumé rôle européen a toujours été, depuis la fin du mandat de Charles de Gaule, d'appliquer à la lettre les instructions US. Sarkozy sait, aussi, que la Syrie, contre laquelle il complote actuellement, a tout fait pour encourager cette même Europe à avoir une politique indépendante des États-Unis au Moyen-Orient. Mais en vain. Le Vieux continent se complait dans son rôle peu glorieux de fidèle suiveur et serviteur. Sarkozy sait pertinemment qu'Israël commet tous les jours des dizaines de crimes contre les Palestiniens, en tuant, en blessant, en arrêtant, en humiliant et en expulsant des militants, en séparant les familles, en découpant les villages, en bâtissant des murs de la honte, en démolissant des maisons, en confisquant des terres, en empêchant le retour de cinq millions de réfugiés depuis 1948… mais il fait semblant de ne rien voir.
La mascarade de New York s'est transformée en tragi-comédie lorsque Nicolas Sarkozy a évoqué un soi-disant rôle européen, alors que tout le monde sait que l'Europe n'a jamais osé s'opposer à la volonté israélienne. Et cette comédie noire, qui se poursuit dans les positions du « Quartet international » et dans le « processus de paix », dans lequel les dirigeants palestiniens se sont fait piéger depuis les accords d'Oslo, ne font que conforter les Palestiniens dans leur conviction que seule la résistance est susceptible de leur rendre leurs droits légitimes.
L'Occident n'a qu'un seul souci, celui d'assurer la protection d'Israël après la fuite des États-uniens hors d'Irak. Il se partage le pétrole et les eaux du Moyen-Orient et complote contre le dernier bastion anti-israélien de la région, représenté par la Syrie. Tout cela prouve que l'Occident ne comprend que le langage de la force et que tout ce qui s'appelle « négociations » et « processus de paix » ne sont que supercherie et tromperie.

La tendance au Liban

Le mode de scrutin proportionnel mettra fin à la représentation exclusive des communautés
Le débat politique de fond au Liban s'articule autour de la forme de la prochaine loi électorale, depuis que le gouvernement s'est engagé à élaborer une nouvelle législation basée sur la proportionnelle. Les réactions et prises de positions au sujet de cette question reflètent les intérêts des différentes forces politiques du pays.
Il est clair que le chef du Courant du Futur, Saad Hariri, mène une bataille par procuration contre le projet de la proportionnelle à travers ses alliés chrétiens, Samir Geagea et Amine Gemayel. Ces deux personnalités se sont visiblement engagées à torpiller toute entente sur cette question lors de la rencontre interchrétienne qui s'est tenue au siège du Patriarcat maronite. Hariri appréhende la proportionnelle car elle risque de lui faire perdre la représentation exclusive de la communauté sunnite, en effet ce mode de scrutin ouvrira la voie à la diversité politique dans chaque communauté religieuse au Liban. Ainsi, les opposants de Saad Hariri à Beyrouth et dans la plaine de la Békaa réussiront à accéder au Parlement alors qu'en ce moment, le mode de scrutin majoritaire lui permet d'écarter tous ses opposants. La proportionnelle permettra au courant centriste sunnite, aujourd'hui représenté par le Premier ministre Najib Mikati et le ministre des Finances Mohammad Safadi, tous deux originaires de la ville de Tripoli, au Liban-Nord, d'opérer une percée significative au sein de la communauté sunnite dans différentes régions du pays.
Samir Geagea et Amine Gemayel ont accepté de jouer les fers de lance dans la bataille contre la proportionnelle car ils semblent connaitre mieux que quiconque la réalité des rapports de force au sein de la communauté chrétienne. L'alliance du général Michel Aoun et du député et leader maronite du Liban-Nord, Sleiman Frangié, dispose d'une confortable majorité. Les nouvelles positions adoptées par le Patriarche maronite Mgr Béchara Raï au sujet de la crise en Syrie, de la crainte de voir des régimes extrémistes accéder au pouvoir au Machrek arabe, de la nécessité de préserver les armes de la Résistance au Liban jusqu'au retrait israélien de tous les territoires occupés, rejoignent celles défendues par ces deux chefs politiques et par le président de la République Michel Sleiman. Une telle alliance sur la scène chrétienne ne laissera que peu de chance à MM. Geagea et Gemayel de se constituer des blocs parlementaires significatifs. Sans l'aide de Saad Hariri, qui intègre dans ses listes quelques candidats proches de ces deux personnalités, leur poids politique sur la scène libanaise serait insignifiant. Voilà pourquoi ils s'efforcent de torpiller toute entente interchrétienne sur le mode de la proportionnelle.
Le député Walid Joumblatt a peur de la proportionnelle pour les mêmes raisons que Saad Hariri, car elle permettra à ses rivaux au sein de la communauté druze d'accéder au Parlement sans avoir besoin d'intégrer ses listes, comme le fait l'émir Talal Arslan depuis 1992. L'opposition au leadership de type féodal, exercé par Joumblatt, pourra alors se développer et menacer sérieusement le monopole qu'il exerce sur la communauté druze. De même qu'il libèrera l'électorat chrétien dans ses fiefs d'Aley et du Chouf de son hégémonie et permettra au Courant patriotique libre de Michel Aoun, fortement présent, de faire élire ses candidats.
Mais contrairement à MM. Geagea et Gemayel, Walid Joumblatt a ouvertement exprimé son hostilité au projet de loi électorale basé sur la proportionnelle.
Cependant, il est clair que l'adoption du mode de scrutin proportionnel avec le maintien du système du confessionnalisme politique (c'est-à-dire la répartition sur des bases communautaires des postes politiques dans le pays) présente de sérieux problèmes. La solution réside dans l'adoption du système bicaméral : l'instauration d'un sénat destiné à représenter les différentes communautés et l'élection d'un Parlement non-confessionnel. Ceci constituerait une réforme majeure du système politique libanais, grippé par le confessionnalisme politique qui encourage les doubles allégeances et la corruption.

La tendance en Syrie

« Des oppositions » sous perfusion atlantiste
Les divisions au sein « des oppositions » syriennes ont atteint un degré tellement dramatique que les opposants ont senti le besoin impératif de donner à la journée de mobilisation du 23 septembre le nom du « vendredi de l'unité ». Ces opposants reconnaissent que ces divisions sont provoquées par des luttes de pouvoir et par les ingérences des divers États qui les téléguident et qui ont chacun créé son « comité », « conseil » ou « rassemblement ». Ces structures naissent à un tel rythme que les Syriens ont le tournis et n'arrivent plus à adapter leurs « compteurs de comités ».
La semaine dernière, les scandales liés à l'opposition ont atteint un sommet lorsque Haïtham el-Maleh a prétendu, ouvertement sur les écrans de télévision, qu'il était l'opposant le plus en vue en Syrie. Alors que tout le monde sait qu'il est à l'origine du « Conseil » créé à Istanbul sous le parrainage des services de renseignement turcs et des Frères musulmans, il a dénigré à partir du Caire ce même conseil. Il a assuré que l'opposition syrienne souffre d'une lutte de pouvoir, tandis qu'un autre opposant, Burhane Ghalioune, a parlé de disputes autour de « la peau de l'ours avant de l'avoir tué ».
Ce même Haïtham el-Maleh a poussé le ridicule à son comble en appelant sur al-Jazeera à une intervention militaire étrangère pour renverser le régime syrien, avant de rejeter sur al-Arabiya toute attaque extérieure, à cause du tollé provoqué par ses précédents propos. Décidément, c'est un bien triste modèle de cohérence, de sérieux, de crédibilité et de patriotisme que proposent au peuple syrien les opposants.
Scandales également du côté des chaines satellitaires arabes qui pratiquent ouvertement la propagande et la désinformation. Celles-ci continuent de parler de « grandes manifestations », alors que l'Agence France presse a interviewé des opposants sur les raisons de la baisse de la mobilisation. Le 23 septembre, pas plus de 4 000 personnes ont manifesté dans toute la Syrie. Al-Jazeera a ainsi diffusé des images attribuées à des manifestations anti-régime en Syrie, alors que les manifestants portaient des pancartes dénonçant la famine en Somalie. Pressé de montrer des images de manifestants introuvables, le réalisateur a puisé au hasard dans ses archives, ne faisant pas attention que les banderoles permettraient de révéler sa mauvaise plaisanterie.
Toujours sur al-Jazeera, la présentatrice a eu en direct un accrochage avec un « témoin oculaire » qui prétendait parler de la région de Homs. N'arrivant pas à lui arracher ce qu'elle souhaitait sur les « manifestations monstres » et sur « la répression sanglante », elle a haussé le ton contre lui et a interrompu la conversation téléphonique. Un vrai scandale à inscrire dans les annales du « journalisme professionnel ». Autre scandale, les confusions géographiques qui montrent à quel point les chaines de télévisions manquent de crédibilité. Des localités situées dans un gouvernorat sont présentées comme faisant partie d'une autre région ; des habitants apprennent par les médias que des manifestations géantes se déroulent dans leur village, alors qu'ils n'ont rien vu etc…
Alors que la mobilisation a baissé, les actes terroristes contre la police, les véhicules et les postes militaires se poursuivent, avec les encouragements des puissances occidentales et de la Turquie. Des armes, de l'argent, du matériel de communication électronique, sont introduits en Syrie illégalement en provenance des pays voisins. Ankara s'est joint aux pays ayant imposé des sanctions contre la Syrie, et a commencé par des actes de piratage contre des navires se dirigeant vers ce pays. Pendant ce temps, les très démocratiques pétromonarchies du Golfe poursuivent leurs pressions politiques et diplomatiques et invitent à un renforcement des sanctions internationales et à un isolement de la Syrie.
Il semble que le plan de déstabilisation de la Syrie, orchestré par les États-Unis et exécuté par la Turquie et les pétromonarchies, va se poursuivre pendant des mois. Mais en parallèle, le pays va continuer à défendre son unité et sa stabilité et à appliquer les réformes politiques mises sur les rails par le président Bachar al-Assad.

Discours et déclarations

Mgr Béchara Raï, Patriarche des chrétiens maronites
« Ce que nous avons dit lors de notre tournée en France sur les craintes qui nous préoccupent, nous l'exprimerons de nouveau partout, parce que ces inquiétudes sont motivées par ce qui se passe dans le monde arabe, notamment en Irak et en Égypte. Nous en sommes arrivés là parce qu'au lieu de nous asseoir courageusement à la table de dialogue, nous avons préféré communiquer à travers les médias, derrière lesquels nous nous réfugions. Il y a des constantes que nous devons transformer en pacte national. Parmi ces constantes, la Résistance, qui poursuit sa lutte pour la souveraineté du Liban, ainsi que le dialogue national et la stratégie de défense en tant que fondement de l'État fort. Tout homme a le droit de vivre dans le respect des libertés publiques et a le droit de réclamer des réformes, mais ce que nous craignons est le passage de régimes de type autoritaire à d'autres qui le sont encore plus. »

Michel Aoun, principal leader chrétien libanais
« Ceux qui souhaitent le renversement du président syrien Bachar al-Assad vont s'en aller bien avant lui. Le président Assad se déplace dans toutes les régions syriennes. La chute du régime en Syrie n'est dans l'intérêt ni des chrétiens ni des musulmans. Nous avons soutenu les réformes constitutionnelles en vue de la création d'un climat démocratique libre dans ce pays. Nous assistons à une nouvelle tentative de turquisation ou un néo-ottomanisme, sachant que l'empire ottoman s'est effrité après la Seconde Guerre mondiale. Il ne faut pas oublier que ce fut une période sombre pour nous, marquée par la faim, l'esclavage et les persécutions religieuses. La politique ottomane a fini par saboter la coexistence islamo-chrétienne lorsque la Turquie ottomane a mis la main sur les pays arabes en transférant le califat à Istanbul. »

Nabih Berry, président du Parlement libanais
Extraits d'une réponse à Benyamin Netanyahu qui a déclaré que le Liban, contrôlé par le Hezbollah, préside actuellement le Conseil de sécurité des Nations unies
« Que les Nations unies soient fières de la présidence du Conseil de sécurité par ce pays (le Liban) qui a appris au monde l'alphabet, qui est le berceau de la culture, l'école de la démocratie et la source des législations et des droits de l'Homme. Celui qui préside le Conseil de sécurité n'est autre que le Liban où sont tombés des soldats internationaux sous les missiles israéliens ; le Liban qui parle au nom de tous les Arabes pour défendre leur droit à récupérer leurs territoires spoliés. Que Netanyahu et ses alliés le sachent, c'est le Liban résistant, qui a fait échec à l'agression israélienne, qui préside le Conseil de sécurité et qui prendra position avec la justice face à l'injustice que vous incarnez dans ce monde. »

Revue de Presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 22 septembre 2011)
Sateh Noureddine
La réinsertion de la Palestine sur l'agenda international après une longue période de négligence est un exploit important. L'Autorité palestinienne a su saisir au bon moment le signal provenant de la rue arabe, qui est désormais plus prête que jamais à contribuer à forger la politique étrangère arabe, à œuvrer pour se délester du poids politique et moral de la cause palestinienne, et à voir dans cette cause un test déterminant pour sa capacité à se faire respecter par l'Occident. L'Autorité palestinienne a certainement dû recevoir une inspiration de la part des capitales occidentales qui en ont assez du comportement des Israéliens et de leur gouvernement actuel présidé par Benjamin Netanyahu, qui semble vivre encore à l'époque de Hosni Moubarak et de Zein el-Abidine Ben Ali, et qui refuse de reconnaître le besoin pressant de l'Occident de se réconcilier avec la rue arabe. Il s'agit plus qu'une simple inspiration qui aurait été donnée à l'Autorité palestinienne par certains États-uniens et Européens qui souhaitent donner une leçon aux Israéliens et leur apprendre comment s'adapter aux bouleversements arabes radicaux. D'autant plus que la rue arabe est en train de reprendre l'initiative et d'imposer sa volonté au monde entier.

As Safir (20 septembre 2011)
Le Moyen-Orient se tient sur un champ gazier qui s'apparente à un baril de poudre, d'autant plus que Chypre a décidé de lancer l'exploration de ces ressources —décision qui a entraîné une riposte rapide de la part de la Turquie—. Le Liban se retrouve au seuil d'un conflit gazier qui menace la sécurité de la région, et probablement celle du monde entier. D'où les grands défis qui se présentent aussi bien au gouvernement qu'au Parlement, le Liban étant invité à se montrer intraitable à l'égard de toute partie pouvant porter atteinte à ses richesses naturelles. D'ailleurs, le gouvernement a bien fait d'adopter la délimitation de la Zone d'exclusivité économique (ZEE). Les démarches à venir sont les suivantes : après publication du décret dans le Journal officiel, l'Onu se verra remettre une copie de la loi libanaise adoptée précédemment, en plus de la décision relative à la délimitation de la ZEE. Ce qui devrait préparer le terrain à de nouvelles négociations avec le gouvernement chypriote, et pousser Chypre à amender l'accord signé avec Israël au détriment du Liban.

As Safir (20 septembre 2011)
Nabil Haïtham
Comment se fait-il que le président Michel Sleiman, qui d'habitude traite les dossiers polémiques avec une extrême prudence, ait soudain décidé de soutenir ouvertement les positions du patriarche maronite Béchara Raï ? Des observateurs voient dans ce positionnement de Sleiman les marques d'un vieux projet, cher au cœur du président depuis son accession au pouvoir : celui de créer une troisième force chrétienne qui viendrait contrebalancer le poids des Forces libanaises et des aounistes, une force sur laquelle Sleiman peut compter pendant et au-delà de son mandat présidentiel, lors des prochaines élections législatives. Le président a dû laisser de côté son projet pendant un certain temps, parce les conditions n'étaient pas propices pour la formation d'une troisième force chrétienne. Aujourd'hui, il semble avoir enfin trouvé le moment opportun, d'autant plus que Saad Hariri livre contre lui une guerre politique, ouvertement et en secret, depuis qu'il a été écarté du pouvoir.

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 23 septembre 2011)
Rajeh Khoury
Le président Barak Obama a mérité les remerciements de Netanyahu pour son discours à l'Onu, qui est tout « à son honneur », selon le Premier ministre israélien. Il est très « honorable » en effet de soutenir l'occupation, de combattre la revendication légitime d'un peuple, de s'opposer à la volonté de 137 États membres des Nations unies, ou de consacrer les doubles critères en appelant le Conseil de sécurité à imposer des sanctions contre la Syrie pour soutenir le peuple syrien, tout en menaçant de saboter ce même Conseil s'il soutient le peuple palestinien et accepte qu'il établisse son État. Obama a ainsi déclaré devant le monde entier que le Conseil de sécurité n'est qu'une serpillère pour la politique états-unienne.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, par contre, a marqué trois points importants. Il a fait de la cause palestinienne la star de cette session onusienne et lui a permis de remporter un soutien international croissant ; il a démasqué les véritables intentions d'Obama et ses fausses promesses ; il a, enfin, accepté l'idée d'un package-deal qui consisterait à déposer la demande d'adhésion auprès du Conseil de sécurité, tout en mettant à feu doux les propositions du président Sarkozy pour une solution

An Nahar (21 septembre 2011)
Hiyam Kosseify
Un responsable libanais proche de l'ambassadeur de France, M. Denis Pietton, explique que si l'ambassadeur a modifié sa position au sujet de la visite du Patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, en France, ce fut suite à une décision claire de la part de l'Élysée et non seulement du Quai d'Orsay. Des contacts ont lieu entre le Vatican et l'Arabie saoudite et une visite d'une délégation du Vatican est prévue à Riyad pour limiter les dégâts provoqués par les propos des maronites libanais et leur incidence sur les chrétiens du Golfe. Le Vatican avait prévu que le Patriarche Raï œuvre à l'institutionnalisation de l'Église pour la tenir à l'écart des conflits politiques, mais sept mois plus tard, Bkerké se retrouve au cœur de ces conflits, ce qui se fera certainement sentir lors de la prochaine tournée américaine du Patriarche.

An Nahar (20 septembre 2011)
Ali Hamadé
La couverture politique assurée par Michel Sleiman ou par Najib Mikati au patriarche maronite Béchara Raï ne suffit pas pour apaiser la polémique suscitée par les déclarations du prélat en France, car c'est l'opinion publique qui compte. Il est regrettable que lors de sa récente visite à Baalbeck, « dans la République du Hezbollah », le patriarche se soit obstiné à jeter le blâme sur les médias, qu'il accuse d'avoir rapporté ses propos de façon tronquée, mais sans pour autant clarifier ses positions. Mgr Raï doit exprimer clairement devant l'opinion publique ses positions sur deux points : le dossier syrien et sa vision du rôle des chrétiens en Orient : doivent-ils soutenir les régimes totalitaires si ces derniers leur garantissent une présence physique en Orient, ou sont-ils porteurs d'un message de liberté et de dignité humaine dans la région ; le dossier des armes du Hezbollah que Raï a lié, pour des motifs confessionnels, au retour des Palestiniens à leur terre.
Livrer le pays au Hezbollah et à l'Iran permettrait-il de vivre en paix et en sécurité, en repoussant le danger sunnite ? Si c'est l'avis du patriarche, qu'il dise alors clairement qu'il s'aligne sur l'axe chiito-alaouite pour contrebalancer la présumée prédominance sunnite dans le Machrek arabe.

An-Nahar (20 septembre 2011)
Rosanna Bou Mounsef
Le Liban prend parti de manière flagrante pour le régime syrien bien que ses responsables aient déclaré qu'il se gardait de toute ingérence dans les affaires intérieures syriennes. Peu avant de quitter le Liban à destination de New York dans le cadre de la délégation officielle libanaise, le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a exprimé ce parti pris en affirmant que le Liban rejettera toute résolution du Conseil de sécurité à l'encontre du régime syrien. De telles déclarations, faites avant le déplacement du président de la République et du Premier ministre à New York, seront une source d'embarras pour l'un et l'autre lorsqu'ils s'exprimeront sur le dossier syrien.

Al-Akhbar (Quotidien proche de la nouvelle majorité, 23 septembre 2011)
Mohammad Bdeir
Les Israéliens ont trois craintes principales au sujet de la reconnaissance par les Nations unies d'un État palestinien. D'abord, ils redoutent le déclenchement d'une troisième intifada inspirée des révoltes arabes, qui serait plus violente que les deux précédentes, avec la possible entrée en jeu de certaines tierces parties. Ils craignent que les Palestiniens n'exercent en pratique des activités qui consacrent le principe de souveraineté sur leur espace terrestre, aérien et maritime, notamment grâce à leur adhésion à de nombreuses organisations et conventions internationales. Enfin, ils craignent, surtout, d'être poursuivis par les Palestiniens devant la Cour pénale internationale.

Al-Akhbar (19 septembre 2011)
Nicolas Nassif
Le président français Nicolas Sarkozy a condamné devant le Patriarche maronite Béchara Raï le dernier attentat contre le contingent français de la Finul. Il a affirmé que son pays reverrait sa position sur la présence de cette force au Liban-Sud si une communauté ou un parti tentait de contrôler le Liban, et en particulier les parties qualifiées par Sarkozy d'« extrémistes ». La France reverrait sa position non seulement sur la présence de la Finul, mais sur la situation au Liban en général. Il a affirmé d'un ton qui dénotait son mécontentement : « Vous êtes un pays amis, nous sommes allés à l'aide d'un pays ami. Il est inacceptable que nous soyons traités ainsi. Cela nous rend disposés à partir ». Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a exprimé un avis différent autour de la même question : « Un retrait de la Finul du Liban serait une catastrophe », a-t-il affirmé.
Le président Sarkozy a fait assumer au Hezbollah, qu'il évoquait toujours de manière négative, une responsabilité directe dans ce qui s'est passé avec le contingent français. « Lorsque ce parti renoncera à ses armes nous nous ouvrirons à lui », a-t-il affirmé.

Ad Diyar (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 23 septembre 2011)
Selon l'un des membres de la délégation ayant accompagné le Patriarche maronite Béchara Raï à Paris, le président français Nicolas Sarkozy a dit au patriarche : « Comme les chrétiens ne sont plus qu'1,3 million au Liban et 1,5 million en Syrie, pourquoi ne viendraient-ils pas vivre en Europe, d'autant plus que deux millions de chrétiens irakiens ont déjà été accueillis en Europe ? » Le président Sarkozy a expliqué au prélat maronite qu'au regard du choc entre les civilisations, notamment le conflit islamo-chrétien, il n'y avait pas de place pour les chrétiens dans le Machrek arabe, et il serait préférable qu'ils se rendent dans les 27 pays de l'Union européenne. Stupéfait d'entendre de tels propos, le patriarche a demandé à Sarkozy : « Comment serait-ce possible ? » Sarkozy a alors saisi un papier faisant état d'informations qui indiquent que plus de 3 millions de chrétiens ont quitté le Liban ces 20 dernières années, et que de nombreux problèmes s'annoncent au Moyen-Orient.

Ad Diyar (21 septembre 2011)
Radouane El-Zib
Les changements exceptionnels au Moyen-Orient annoncent une nouvelle étape coloniale : mainmise sur les ressources, nouvelle carte pour la région. L'un des éléments-clés de ce projet est le règne des majorités dans les pays de la région. Michel Sleiman sera-t-il le dernier président maronite au Liban ? Pour atteindre leur objectif, les pays occidentaux comptent soutenir ceux qui représentent à leurs yeux « l'Islam modéré », contre « l'Islam radical ». Les chrétiens seront la principale victime de ce remodelage de la région.
C'est cette crainte pour le sort des chrétiens que le Patriarche Raï a transmise à Paris. Il a cependant constaté que la France ne veut plus jouer le rôle de la « tendre mère » des maronites et des chrétiens du Liban. C'est ce que le président Sarkozy a dit clairement, tout en soulignant que la France veut des relations distinguées avec toutes les parties libanaises. Sarkozy a violemment critiqué Bachar al-Assad, et lorsque le Patriarche a exprimé ses craintes quant au sort des chrétiens et la montée de l'extrémisme, le président français a consulté sa montre à plusieurs reprises, comme pour suggérer qu'il n'a pas le temps et qu'il n'est pas d'accord avec ce que dit Raï.
Des sources qui ont visité Paris notent un changement radical dans la position française sur les développements dans la région. « Mon sentiment est que les Français vendent les chrétiens et n'importe qui pour un baril de pétrole », commente une source qui estime que la France veut reproduire le « sentiment de victoire » en Libye en contrôlant les pays du bassin méditerranéen. Pour ce faire, elle doit affronter l'Iran d'abord et la Turquie ensuite. Les États-uniens, eux, soutiennent fermement la Turquie pour faire face à l'Iran et aux visées françaises. Selon certaines sources, le patriarche a remarqué que le point central qui importe les responsables français est la chute du régime syrien, parce que la Syrie est le principal obstacle au projet de morcellement de la région. Les mêmes sources ajoutent que Mgr Raï a informé le Vatican du bilan de sa visite en France et lui a transmis ses craintes et appréhensions.

Ad-Diyar (19 septembre 2011)
Johnny Mnayyar
Selon des sources diplomatiques européennes, une partie importante de l'administration française partage les craintes du Patriarche maronite Béchara Raï et approuve ses propos. Le projet de morcellement du Moyen-Orient et la naissance de mini-entités confessionnelles qui croiseront le fer sont une question sérieuse, et il y a malheureusement de fortes chances de voir ce scénario se matérialiser. Cette partie de l'administration française sait bien que le président Nicolas Sarkozy pourrait quitter l'Élysée prochainement, alors que le Moyen-Orient, lui, restera avec ses dangers, ses drames et ses terrifiants méandres.

Al-Joumhouriya (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Charles Jabbour (21 septembre 2011)
Le fameux manifeste de Bkerké, lancé le 20 septembre 2000, a enclenché une vaste dynamique intérieure qui s'est recoupée avec un contexte arabo-international favorable pour mener au retrait de l'armée syrienne du Liban. Toute la stratégie syrienne était basée sur le principe de diviser pour régner. L'appel du patriarcat maronite y a mis un terme. Les Libanais se sont entretués dans le passé car certains semaient les germes de la discorde entre eux. Le Hezbollah a hérité de ces germes et s'en servirait dans le cadre d'une tentative désespérée de saper le partenariat national qui a sorti la Syrie du Liban, afin de réinstaurer un climat de dissensions confessionnelles qui, seul, permettra à son projet de rester en vie. Mais l'unité des Libanais, qui a redonné au Liban son indépendance, lui redonnera tôt ou tard sa souveraineté en ôtant au Hezbollah ses armes iraniennes.

L'Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone, proche du 14-Mars, édition du 21 septembre 2011)
Le Patriarche maronite Béchara Raï a participé à Balamand à un sommet religieux avec le Patriarche Grec-orthodoxe Ignace IV Hazim. Le sommet a duré une heure et demie, au terme duquel un communiqué conjoint a été publié. Le texte précise que les discussions ont porté sur des sujets « qui intéressent les deux communautés grecque-orthodoxe et maronite » et que NN.SS. Hazim et Raï ont tous deux mis l'accent sur « un accroissement des efforts devant renforcer leur coopération ». Ils ont également insisté sur « la solidarité islamo-chrétienne dans les affaires nationales et humaines » et passé en revue la situation dans le monde arabe, précisant que les deux chefs religieux estiment que les chrétiens, de manière générale, considèrent que « l'État qui tient compte de la citoyenneté, des obligations et des droits égaux, représente une véritable garantie pour un avenir prometteur et prospère, permettant à tout le monde de vivre en toute liberté et dignité, sans discrimination religieuse ou confessionnelle ». Jugeant nécessaire que les chrétiens « plaident auprès des instances internationales les causes nationales et arabes légitimes, telles que la cause palestinienne », les deux prélats ont mis l'accent sur le rôle historique des chrétiens dans la région. Ils ont ensuite rejeté le principe « de la protection d'une partie, quel que soit le protecteur ». « L'État fondé sur la justice et l'équité peut, seul, protéger toutes les composantes d'un pays », ont-ils indiqué, avant de mettre l'accent sur l'importance du dialogue national en vue de « réaliser une justice sociale, de parvenir à une vie digne et d'éloigner le spectre de la discorde et des conflits civils et communautaires ».

Al Balad (Quotidien libanais indépendant, 21 septembre 2011)
Elias Khattar
Deux déceptions sont restées en travers de la gorge du président français. Deux déceptions qui pourraient probablement pousser la France à revoir sa politique chiraquienne envers le Liban, même si une source diplomatique française assure à Al Balad que « l'histoire s'arrête là » et que « rien ne changera dans les considérations françaises envers le Liban ». Deux déceptions qui en entraînent une autre chez le patriarche maronite, déçu d'une prise de position que ne reflétaient pourtant pas les visages des responsables français rencontrés pendant sa visite à Paris (…) Nombreux sont ceux qui voient aujourd'hui dans les politiques du président Nicolas Sarkozy la réplique exacte du positionnement chiraquien envers le Liban, s'agissant en particulier de l'appui au 14-Mars. D'autres y ripostent en arguant de la continuité du pouvoir en France et dans de nombreux autres pays, contrairement à ce qu'il en est au Liban. Explication d'une source diplomatique française : « Cette approche est liée à notre politique étrangère qui n'appuie pas une partie aux dépens de l'autre mais plutôt la justice internationale et le renforcement du rôle des institutions. De telles prises de position conviennent à certains courants et partis mais pas à d'autres ».
La France cherche-t-elle à épargner au Liban les retombées des crises environnantes, notamment de la crise syrienne ? Interrogée à ce propos, la même source diplomatique reconnaît la complexité de la question, et ajoute : « Il est bien connu que la France est engagée en faveur de l'appui à la sécurité et à la stabilité du Liban. En revanche, nous ne pouvons que soutenir l'aspiration du peuple syrien à respirer à travers son mouvement de contestation. Il ne faut pas réprimer de tels mouvements qui revendiquent plus de démocratie et de liberté. Ce qui se passe aujourd'hui en Syrie est inacceptable ».
D'aucuns craignent aujourd'hui que l'Élysée ne prenne une décision lourde de conséquences pour le Liban, comme le prétendu réexamen de la participation française à la Finul ou de l'assistance financière et militaire au Liban. D'autant plus que la France estime avoir reçu plusieurs camouflets : les prises de position du patriarche, l'inquiétude quant à la position du gouvernement libanais au sujet du TSL et de son financement, l'agression sanglante contre le contingent français de la Finul. D'autres, face à de telles craintes, minimisent l'importance du rôle de la France et n'y voient qu'une perpétuation de la ligne chiraquienne d'appui à un camp déterminé contre l'autre.

Al-Anbaa (Quotidien Koweitien, 20 septembre 2011)
Le Patriarche maronite Béchara Raï aurait exigé de l'ambassadeur de France, Denis Pietton, qu'il lui présente des excuses avant de le rencontrer. Des sources du Patriarcat maronite ont ainsi indiqué que le chef de l'Église maronite refuse d'accorder tout rendez-vous à M. Pietton avant que ce dernier lui présente des excuses.
Toujours selon ces sources, Mgr Raï n'a pas apprécié les dernières déclarations de l'ambassadeur qui a critiqué ses propos. En effet, lors de sa tournée en France, le Patriarche avait légitimé les armes de la Résistance face à Israël jusqu'à la libération de toutes les terres libanaises et avait exprimé également ses craintes face à un changement de régime en Syrie et une probable prise du pouvoir par les Frères musulmans. « Mgr Raï veut des explications claires sur l'attitude de M. Pietton et sur le mécontentement de l'Élysée qui, à son tour, a demandé à son ambassadeur de se rendre le plus vite possible auprès de sa Béatitude pour éclaircir la position officielle du Patriarcat », à indiqué la source.

Pierre Khalaf

Source : New Orient News (Liban)

27 septembre 2011

http://www.voltairenet.org:80/L-Occident-ne-comprend-que-le


2-4 Mère Agnès-Mariam de la Croix : Une guerre civile ne profiterait qu'à Israël.
Une excellente analyse de Mère Agnès-Mariam de la Croix (*), Higoumène du monastère Saint Jacques l'Intercis en Syrie.

Il convient de prendre très sérieusement en compte ce qu'elle affirme.

22 septembre 2011

Chrétiens du Moyen-Orient : Le Patriarche, les catacombes et la révolution

Les chrétiens du Moyen-Orient ont suivi avec le plus grand intérêt la visite protocolaire du Patriarche maronite Mar Boutros Béchara Raï en France [1].

On n'en revenait pas d'entendre de la bouche du Pasteur ce que chacun d'entre nous aurait souhaité dire au monde. Pour quelques jours les chrétiens se sont sentis dignes et libres, loin de toute récupération du langage et de toute sophistication des idées qui les obligeaient à se contenter de vivre dans les catacombes de l'actualité.

Il faut avoir vécu la guerre du Liban, celle de l'Irak ou le génocide arménien, pour savoir ce que c'est que d'être court-circuité par les moyens de (dés) information et de ne plus faire partie du consensus mondial, et de subir ainsi l'injustice tout en étant vilipendé. En ces temps-là-les chefs religieux devaient, par égard pour leurs ouailles, relativiser les sévices commis contre elles. Ultime humiliation : il fallait ne jamais transgresser le politiquement correct même pour stigmatiser une injustice, une répression ou un génocide.

Que les régions chrétiennes soient bombardées jour et nuit par une armée arabe venue pour instaurer la paix, au Nom de Dieu on réclamait le silence et la patience ; que les chrétiens soient chassés de leur région, massacre aidant, dans le cadre d'une redistribution démographique programmée, on insistait sur la nécessité de pardonner ; qu'ils soient persécutés au point de prendre le chemin de l'exil laissant à d'autres leurs biens meubles et immeubles, on leur disait qu'il était inutile de réclamer. En ces temps-là, leurs pasteurs ne se permettaient pas l'imprudence de contrarier les bourreaux et moins encore les commanditaires internationaux de ces derniers.

Qu'ils soient dissidents ou sympathisants du régime, les chrétiens ont toujours tort. Au Liban ou jadis en Arménie ils avaient tort de réclamer leur indépendance. En Irak ou en Syrie ils ont tort de ne pas trahir leur pays. Ils ont tort de ne pas se plier aux diktats des grandes puissances qui un jour répriment la dissidence et un autre l'imposent.

C'est ainsi que les chrétiens des pays arabes payent la dette d'être en trop sur l'échiquier de la région. C'est sans doute pour leur épargner de plus grandes souffrances que leurs pasteurs ont préféré vivre dans les catacombes du silence, les entraînant à y résider avec eux. Il faudrait avoir été obligé, manu militari et in nomine Dei (par la force des armes et au Nom de Dieu) à rentrer dans ces catacombes-là pour comprendre la libération que sentent aujourd'hui beaucoup de chrétiens grâce aux prises de position courageuses de ce Patriarche à qui « la Gloire du Liban a été donnée ». Oui, ils constatent que les temps ont changé puisque leur Pasteur ose dire simplement ce qu'ils pensent dans le secret : leurs peurs, leurs désirs, leur vérité. En vérité il les guide vers la plus grande libération : celle de la vérité qui s'ose dire puisque c'est la vérité qui rend libre. C'est bien ici que la révolution, la vraie, commence, avec son chemin de croix pour quiconque « rend témoignage à la vérité » [2].

Les chrétiens sont tellement reconnaissants que « leur » Patriarche ne craigne pas d'affronter le tollé d'une opinion publique massivement ralliée à des thèses préfabriquées. Oh comme ils apprécient que cet homme de Dieu n'ait pas peur des voix dissidentes qui se sont élevées à l'intérieur même de son troupeau. Ils reconnaissent en ce Patriarche le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis.

C'est un miracle qu'un Patriarche parle à l'encontre de la majorité bien pensante du Nouvel Ordre Mondial. C'est une révolution que les chrétiens des catacombes du mutisme et de la répression retrouvent un chef qui dise leur vérité nue sans additifs ni édulcorants. Le monde en a été suffoqué, les médias abasourdis, les chancelleries, la française en premier, n'en reviennent pas que l'Eglise d'Orient puisse avoir un chef si ancré dans la véracité qu'il n'a pas peur de dire simplement ce qu'il pense.

La gêne qui l'accueille montre à quel point, sans le savoir, nous avons tous glissé dans un totalitarisme d'un genre nouveau, aussi dangereux que larvé.

Depuis des mois nous pouvons constater, en zappant entre les diverses chaînes satellitaires d'information, que partout c'est le même son de cloche, la même version. On se croirait revenu au régime du parti unique à cette nuance près que chaque chaîne déploie différemment les artifices du tridimensionnel multicolore pour enjoliver la ration pour dupes qu'elle propose à ses téléspectateurs. Cette information « uniformisée » et monopartite, administrée sous couvert d'intérêt militant pour la démocratie et la liberté des peuples opprimés, est ingurgitée pieusement et massivement par les téléspectateurs qui ont peur de se départir des scénarios qui leur sont inlassablement présentés parce qu'ils croient qu'ils prennent parti pour la bonne cause.

Aussi, c'est avec soulagement et gratitude que les chrétiens non gagnés aux thèses fallacieuses des maîtres du monde, accueillent les courageuses et franches assertions du Patriarche concernant la situation dramatique liée au « printemps arabe ». Face à ce printemps qui a déjà fait plus de 60'000 morts en Libye, Béchara Raï reste dubitatif quant à sa portée réelle sur le présent et l'avenir de la démocratie au Moyen-Orient [3] en général et au sort des chrétiens en particulier. Il le dit en toutes lettres : « Il est nécessaire pour tous les régimes de la région de respecter leurs peuples mais la théorie du soulèvement romantique des opprimés contre les régimes dictatoriaux est caricaturale. L'action de la communauté internationale, que ce soit au niveau des Etats ou du Conseil de sécurité, devrait tenir compte de ce paramètre. » Pour la Syrie il le dit haut et fort : « Nous redoutons une guerre civile ou l'avènement d'un régime plus radical, ainsi que le démembrement du monde arabe en mini-Etats confessionnels qui ne conviendraient qu'à Israël. [4] »

Et de préciser : « Que se passera-t-il en Syrie ? Y aura-t-il une guerre sunnito-alaouite dans ce pays ? Ce serait non pas une démocratie mais un génocide. Lorsque des sociétés sont victimes de guerres, de crises économiques et de privation des droits élémentaires de l'homme, nous ne pouvons que nous inquiéter pour les chrétiens, parce que nous ne voulons pas qu'ils soient traités en tant qu'étrangers. Lorsque les régimes dans certains Etats sont religieux (...), nous vivons en danger permanent » [5].

Aussi, fidèle aux orientations générales de l'Église Catholique, le Patriarche favorise l'option d'un État civil avec la séparation du politique et du religieux, seule garantie contre les « déviations » du confessionnalisme.

Auprès des officiels français, le Patriarche n'a pas craint d'évoquer le sort des chrétiens dans les pays dont les régimes ont été renversés, ou dans les pays en proie à des soulèvements populaires. « Il est nécessaire d'aider les chrétiens du monde arabe aux plans matériel, humain et spirituel, pour leur permettre de tenir bon dans leurs pays respectifs » [6].

Je cite en son entier le rapport de presse de Louis Denghien du site Infosyrie paru le 9 septembre 2011 :

« Au cours d'une conférence de presse tenue à Paris le 8 septembre, le nouveau patriarche maronite Mgr Béchara Raï a mis l'Occident et la France en garde contre la percée de mouvements islamistes radicaux dans le monde arabe, à la faveur des révoltes et révolutions en cours. Et le 77e patriarche de l'Eglise chrétienne maronite a clairement dit que la Syrie n'était pas totalement à l'abri d'une sanglante subversion de type islamiste. Il a du reste invité les occidentaux à donner « plus de chance à Bachar al-Assad » pour mettre en application les réformes politiques et sociales annoncées en juillet. « En Syrie, le président n'est pas comme quelqu'un qui, à lui seul, peut décider des choses. Il a un grand parti Baas qui gouverne. (Assad) lui, en tant que personne, est ouvert » a notamment déclaré le patriarche d'Antioche qui a encore précisé : « Nous ne sommes pas avec le régime mais nous craignons la transition ».

Mgr Raï, qui est libanais, s'est également étonné que les pays occidentaux s'opposent à renforcer l'armement de l'armée libanaise, ou refusent de faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations-Unies relatives au retour des Palestiniens dans leur pays.

A dire vrai, Mgr Raï n'est pas si naïf : il a mis les pieds dans le plat géopolitique en remarquant, au cours de sa conférence de presse, que les pays occidentaux n'étaient soucieux que des intérêts d'Israël. « Tout ce qui se passe dans les pays arabes, émiettant leur unité, va dans l'intérêt d'Israël » a précisé le patriarche qui s'est encore « interrogé » sur le type de démocratie que les Américains avaient installée en Irak.

Mgr Béchara Raï n'est certes pas le premier dignitaire chrétien à s'inquiéter ouvertement de la montée en puissance, notamment militaire, des groupes islamistes radicaux en Syrie (voir nos articles « Une religieuse syrienne : mensonges médiatiques & réalités de terrain » et « Ca commence à se dire : les chrétiens syriens redoutent la « dérive islamiste » de la rébellion », mis en ligne les 19 et 16 août). Recevant les lettres de créances du nouvel ambassadeur syrien auprès du Saint-Siège, le 9 juin dernier, le Pape, tout en appelant en substance le gouvernement de Damas à privilégier le dialogue par rapport à la répression avait eu ces mots : « Pour faire progresser la paix dans la région, une solution globale doit être trouvée. Celle-ci ne doit léser les intérêts d'aucune des parties en cause et être le fruit d'un compromis et non de choix unilatéraux imposés par la force. Celle-ci ne résout rien, pas plus que les solutions partielles ou unilatérales qui sont insuffisantes ». Une ou deux pierres symboliques dans le jardin des puissances occidentales, très pressées de faire de la Syrie un nouvel Irak, au risque de contraindre à leur tour les chrétiens syriens à choisir entre la valise et le cercueil !
Fin de citation.

Dans ses prises de position, le Patriarche Raï était en harmonie avec celles du Patriarche grec orthodoxe Ignace IV Hazim et du Patriarche grec-catholique Grégoire III Laham. Il s'est interrogé sur le genre de démocratie que les puissances occidentales privilégient en Orient. « De quelle démocratie s'agit-il en Iraq, à la lumière de l'exode massif des chrétiens de ce pays ? ». Le chef de l'Église maronite a manifesté sa crainte que le processus entamé pour renverser le régime syrien –dont il n'a pas caché les vices – ne mène à un exode massif des chrétiens et à une guerre civile aux conséquences désastreuses pour toute la région.

Sans craindre de prendre une position différente de celle de la France, le Patriarche Raï a parlé avec réalisme du Président Bachar El Assad –de qui le Président Sarkozy affirme qu'« il est fini » [7] - et a demandé qu'une chance soit donnée à son plan de réforme. Il soulignait indirectement son désaveu de toute ingérence extérieure et de toute escalade para militaire dans le processus de démocratisation de la Syrie. En cela il rejoint les préoccupations d'une partie non négligeable de l'opposition syrienne intra muros. Il a cependant pris soin de préciser que l'Église n'appuie aucun régime en particulier. Son action n'étant pas politique mais pastorale.

Le Patriarche n'a pas eu peur de contrecarrer les médias de la désinformation. Il a exprimé sa sollicitude et son inquiétude pour l'avenir des minorités chrétiennes du Moyen-Orient, plus précisément en Syrie où, affirmait-il, l'instauration d'un régime religieux d'obédience sunnite allait exaspérer les tensions entre Sunnites et Chiites dans la région.

Revenir aux catacombes pour concilier l'avenir ?

Les positions pastorales du Patriarche maronite ont été reçues disgracieusement par les chrétiens de la nouvelle opposition libanaise qui ont essayé de jeter de la poudre aux yeux de l'opinion publique en dénonçant « des propos confessionnels discriminatoires » de la part de leur chef religieux.

Les positions de ces politiciens veulent, par précaution, ménager la sensibilité de l'opposition syrienne qui, jouissant de l'appui international, est convaincue qu'elle va renverser le régime. Les chrétiens ne devraient donc pas prendre trop clairement position contre l'opposition syrienne. Ils prônent en définitive encore et toujours les catacombes pour les chrétiens du Moyen-Orient. Mais, pour toute personne non engagée politiquement, comment justifier l'injustifiable devant les crimes confessionnels de Qusayr, de Homs ou de Kafarbohom, perpétrés par des sunnites contre des chrétiens ou des alaouites ? Ces actes barbares cherchent à fomenter la guerre civile en comptant sur les actes de vengeance de la part des familles des victimes.

Il faut venir en Syrie et, notamment, à Homs ces jours-ci pour voir de ses propres yeux l'incroyable réalité des groupuscules terroristes qui, protégés par le silence international, dévastent la ville et, plus précisément, les vieux quartiers chrétiens du centre. Une amie syro-arménienne, était avec son mari et son fils, médecins de profession, dans leur clinique privée dans le quartier Bab Sbah lorsque les révolutionnaires entourèrent le quartier et empêchèrent les habitants de sortir de chez eux, les prenant comme boucliers humains contre l'offensive de l'armée.

Arminée me raconte : « Nous avons essayé de sortir de l'immeuble par la porte de derrière pour regagner notre appartement. Mais les rebelles nous ont surpris avec des jets de flamme pour nous dissuader de partir. Mon mari a essayé de les convaincre : en effet je suis cancéreuse, et rester la nuit à même le sol dans la clinique, était impensable pour moi. Mon mari a risqué sa vie pour demander à parler aux rebelles. A sa grande surprise il a noté qu'ils étaient sous stupéfiants, et n'avaient aucun sens de la réalité. Ils ne sont pas syriens, leur accent les trahit. Malgré nos supplications ils ont refusé de nous entendre et ont repoussé mon mari à l'intérieur. De loin, leur chef, tirait en l'air et leur faisait signe de fermer la porte de l'immeuble. Nous avons passé à même le sol une nuit d'enfer. Ce n'est que le lendemain, lorsque l'armée est entrée, que nous avons pu rejoindre notre appartement, faire nos valises et…partir vers le littoral en attendant la pacification de la ville ».

Cette présence d'une cellule terroriste multinationale avait été corroborée par divers témoins. Homs est une ville importante qui commande la route internationale entre Damas et Alep et Damas et le littoral. Par là transitent les marchandises en provenance des ports de Lattaquieh ou de Tartous. Par là passent les caravanes en provenance d'Alep ou d'Idleb. Si Hama avait une signification culturelle essentiellement sunnite, Homs est une ville stratégique et est appelée à être la Benghazi de Syrie.

Nous ne pouvons que regretter la position timorée ou hostile de clercs ou de laïcs chrétiens « bien pensants » qui continuent à être influencés par la campagne de désinformation médiatique et qui s'indignent des descriptions en temps réel de ceux qui vivent les évènements en Syrie avec le souci d'informer, sans parti-pris politique. Il n'y a qu'à suivre l'évolution des évènements et lire entre les lignes des médias pour se rendre compte que cette version « vécue » est la bonne. Depuis le début nous témoignons d'une situation qui n'est pas uniquement celle d'une opposition pacifique et populaire contre un régime sanglant. Un agenda international récupère ce schème pour déstabiliser impunément la région et redessiner ses contours au profit de nouveaux gouvernements marionnettes d'obédience religieuse sunnite pour qui la démocratie est le droit d'imposer la Sharia islamique à tous les citoyens d'une manière autrement obligatoire que les régimes laïcs en voie de disparition forcée.

La nouvelle phase de la révolution syrienne

Revenons à Homs : depuis le début des manifestations décrites unanimement par les médias de la désinformation comme étant « pacifiques » les rangs étaient infiltrés par des activistes qui avaient pour mission de semer le désordre et inciter les forces de l'ordre à la riposte. Très vite, comme durant le fameux dimanche des Rameaux, des terroristes hirsutes, ont envahi certaines rues de Homs pour tout casser et provoquer un état de siège.

La majorité des habitants de la ville attendait depuis des mois l'intervention décisive de l'armée. Ils ont vécu des exactions, des exécutions sommaires, un état de siège et une loi martiale de la part des insurgés. La pression internationale a ralenti le pouvoir décisionnaire de l'État. Aujourd'hui c'est fait. L'armée encercle Homs et somme les insurgés de se rendre. Ces derniers ont enfin fait surface avec leur armement léger et lourd et leurs formations jihadistes implacables. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l'insurrection syrienne : celle de la guerre de rue liée à la présence de cellules sunnites combattantes, auparavant dormantes et aujourd'hui bien alertes.

Ce saut d'une insurrection armée larvée, occultée par les médias, à une insurrection armée publique, justifiée par les médias, a été préparé par une reformulation de la stratégie de la révolution syrienne.

Pour Rami Khouri, analyste basé à Beyrouth, la chute de Kadhafi « montre qu'il y a différents moyens de faire tomber les régimes arabes. » « Une fois que le mouvement est lancé et que la bonne combinaison est là - volonté populaire de changement et soutien régional et international -, aucun régime ne peut résister. En Syrie cette combinaison entre un soulèvement populaire et un soutien régional et international existe. Ces régimes autoritaires, aussi forts soient-ils, finissent par chuter, » prédit-il. Pour lui, la révolte de la majorité chiite à Bahreïn, petit royaume dirigé par une dynastie sunnite, n'a pas abouti car elle n'était pas soutenue depuis l'étranger… « Louaï Hussein, une figure de l'opposition syrienne, craint que la victoire des rebelles libyens ne renforce ceux qui, en Syrie, appellent le mouvement jusqu'ici largement pacifique à prendre les armes. "J'ai peur que certains opposants pressés de faire tomber le régime, que nous avons toujours mis en garde contre une réplique du modèle libyen, aient maintenant recours aux armes", dit l'écrivain. » [8]

C'est chose faite. Dans un article-phare intitulé « La révolution pacifique en danger en Syrie », Ignace Leverrier introduit avec une emphase pathétique ce qui « justifie » le recours aux armes de l'opposition :

« Ce qu'il est malheureusement en voie de gagner (le régime syrien), c'est le défi cynique d'entraîner certains de ses concitoyens, uniquement avides de liberté et de dignité mais trop longtemps exposés dans l'indifférence internationale aux balles des militaires, aux tortures des moukhabarat et aux exactions des shabbiha, à céder à la tentation de recourir aux armes. Faut-il rappeler que "cynique", qui en grec renvoie au chien, signifie la perte de tout sens moral ? » [9].

Ce développement stratégique ne se heurte à aucune prévention car l'opinion publique internationale a été préparée à une diabolisation du régime face à une canonisation de l'opposition. Cela est dû en majeure partie aux rapports fallacieux de Rami Abdel Rahman, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme sis à Londres, dont la mission est de faire un décompte quotidien des « morts » et « blessés » parmi les opposants, jamais du côté adverse. Ce décompte aussi morbide que mensonger falsifie la réalité au gré des besoins médiatiques et est reçu sans plus de vérification par la presse internationale.

Présentées comme étant des quêtes démocratiques populaires, les manifestations sont le trompe-l'œil tout trouvé pour faire exploser la situation en Syrie et justifier, au cas où le besoin se présente, une intervention militaire comme en Libye. Avec les prises de position des chefs religieux chrétiens, en particulier, les assertions sans équivoques du Patriarche maronite, et la déclaration du Secrétaire de la Ligue Arabe Nabil Arabi, en conclusion à sa visite à Damas, la recolonisation de la Syrie semble être encore relativement éloignée de la portée « humanitaire » des stratèges de l'Otan. Rendons grâces à Dieu et espérons que les réformes que nous souhaitons tous deviennent une réalité patente pour éviter le pire où tous nous retournerions aux catacombes.

Agnès-Mariam de la Croix
Higoumène du monastère Saint Jacques l'Intercis
22 septembre 2011


2-5 Manlio Dinucci : MOYEN-ORIENT : L'incendie est hors contrôle...

L'art de la guerre.

On avait pensé à Washington pouvoir dompter les flammes de la rébellion populaire qui s'était propagée dans les pays arabes qui leur sont alliés, et mettre le feu à d'autres qu'ils ne contrôlent pas (ils y sont arrivés en Libye), de façon à construire sur leurs cendres le « Grand Moyen-Orient » dont ils ont toujours rêvé, celui sous bannière étoilée, flanquée de la rose des vents de l'OTAN. Mais, bien qu'ils y mettent le paquet, les choses ne vont pas comme ils voudraient. Surtout au Bahrein et au Yémen, supports importants de leur stratégie.
Au Bahrein les Etats-Unis ont le quartier général des forces navales de leur Commandement central. Situé à 200 Kms à peine de l'Iran, il dispose de dizaines de navires de guerre, porte-avions et unités d'assaut amphibie compris, avec 28 mille soldats et 3 mille à terre, qui opèrent en Mer Rouge, dans la Mer d'Arabie et dans d'autres parties de l'Océan Indien, pour « assurer la paix et la stabilité et protéger les intérêts vitaux de l'Amérique ». En d'autres termes, pour conduire les guerres en Irak et Afghanistan et en préparer d'autres (Iran et Syrie sont dans le collimateur). D'où l'importance du Bahrein, que les Etats-Unis ont désigné comme « plus grand allié non-OTAN ». La monarchie héréditaire, garante de la solide alliance, continue cependant à être assiégée par la rébellion populaire, qu'elle n'est pas arrivée à étouffer même avec l'aide de l'Arabie Saoudite, des Emirats et du Qatar qui, en mars, avaient envoyé des troupes au Bahrein. Cinq mois après la « féroce répression du soulèvement populaire », rapportée par le New York Times (15 septembre), il y a tous les soirs à Manama des jeunes qui descendent dans la rue, et affrontent la police. Les autorités ont conquis « une éphémère victoire grâce aux tortures, arrestations et licenciements », surtout contre la majorité chiite (70% de la population) discriminée par la monarchie sunnite. Malgré cela, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est déclarée « impressionnée par l'implication avec laquelle le gouvernement de Bahrein avance sur la voie de la démocratie » et en août, Washington a renouvelé son accord militaire avec Manama, signé en 1991.

Au Yémen aussi, il y a « d'encourageants signes d'une volonté rénovée du gouvernement de promouvoir la transition politique » : c'est ce qu'assure le Département d'Etat le 15 septembre, au lendemain du jour où les Nations Unies ont publié un rapport documenté sur la féroce répression. Confirmée par le fait que, trois jours après à Sana, les militaires ont ouvert le feu avec des mitrailleuses lourdes sur une manifestation pacifique. Les Yéménites n'ont aucun souci à se faire : les Etats-Unis « continuent à appuyer la transition pacifique et ordonnée, répondant aux aspirations du peuple yéménite pour la paix et la sécurité ». C'est le New York Times lui-même qui rapporte comment cela se fait : « L'administration Obama a intensifié la guerre secrète au Yémen, en frappant des militants suspectés, avec des drones armés et des chasseurs-bombardiers ». La guerre est conduite par le Commandement conjoint du Pentagone pour les opérations spéciales qui, sous prétexte de faire la chasse à Al Qaeda, a installé à Sana sa propre position. L'opération est coordonnée par la Cia, qui a construit à cet effet au Moyen-Orient une base aérienne secrète. Mais les missiles Hellfire (Feu de l'enfer) des drones Usa ne font qu'alimenter les flammes de la rébellion populaire.

Edition de mardi 20 septembre 2011 de il manifesto
Manlio Dinucci

Traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio
Manlio Dinucci est géographe et journaliste au quotidien italien il manifesto.

URL de cet article: http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26694

www.Mondialisation.ca


3 Annexe

3-1 Dana Priest et William M. Arkin : "Top secret america": aux Etats-Unis, un monde caché hors de tout contrôle

L'éventuelle prolongation de la présence des troupes US en Irak, l'envergure de l'ambassade américaine en Irak, qui ne comportera pas moins de 16 000 personnes (!) au statut flou, l'immense pouvoir occulte délégué à une organisation telle que le JSOC (Joint Special Operations Command), comme exposé ci-dessous dans un article paru dans le Washington Post, laissent planer des doutes sur la capacité de l'Irak à assurer sa souveraineté et son indépendance.

Les drones militaires et les forces paramilitaires de la CIA ont tué des dizaines de chefs d'Al-Qaïda et des milliers de ses soldats. Mais, il existe une autre organisation mystérieuse qui, elle aussi, a éliminé encore plus d'ennemis des Etats-Unis au cours de la décade qui a suivi le 11 septembre.

Les agents de la CIA ont emprisonné et interrogé près d'une centaine de terroristes présumés dans leurs prisons secrètes éparpillées dans le monde mais les hommes de cette autre organisation en ont interrogé dix fois plus dans des prisons qu'elle seule contrôle en Irak et en Afghanistan.

Depuis les attaques du 11 septembre, ce groupe d'hommes (et quelques femmes), a été multiplié par dix tout en maintenant un degré de clandestinité sans aucune mesure avec celle de la CIA. « Nous sommes la matière noire, nous sommes la force qui ordonne l'univers mais on ne peut nous voir ». C'est en ces termes qu'un homme de SEAL Marine (initiales pour mer, air et terre) décrit son unité sous couvert d'anonymat.

Choisir les individus à mettre sur sa liste de cibles et les tuer plutôt que de les capturer

Les SEALs font partie du Commandement des Opérations Spéciales de l'armée américaine connu sous l'acronyme de JSOC (Joint Special Operations Command), qui, d'une petite équipe de sauvetage d'otages est devenue une armée secrète. Quand des membres de cette force d'élite a tué Ossama ben Laden, en mai dernier, au Pakistan, les chefs ont célébré non seulement le succès de l'opération, mais le fait que peu de gens connaissaient leur commandement, basé à Fayetteville, NC. Peu d'informations ont circulé, jusqu'à présent, dans le public sur cette organisation.

Deux présidents et trois secrétaires d'Etat ont assez souvent demandé au JSOC de monter des missions de contre espionnage et des raids mortels en Irak et en Afghanistan mais aussi dans des pays avec lesquels les Etats-Unis n'étaient pas en guerre, notamment, le Yémen, le Pakistan, la Somalie, les Philippines, le Nigeria et la Syrie. « La CIA n'a ni la taille ni l'autorité pour faire ce que nous pouvons faire » dit-on chez les JSOC.

Le président a, aussi, conféré au JSOC le pouvoir de choisir les individus à mettre sur sa liste de cibles – et de les tuer plutôt que de les capturer. Des critiques ont dénoncé cette chasse à l'homme individuelle, la considérant comme un assassinat, une méthode interdite par la loi américaine. Cette liste n'est en rien rattachée à une liste similaire de la CIA, mais qui comporte moins de noms.

Créée en 1980, mais réinventée ces dernières années, le JSOC est passé de 1800 personnes avant le 11 septembre à 25000, nombre qui fluctue en fonction des missions. Elle a son propre service de renseignement, ses propres drones, et avions de reconnaissance, même ses propres satellites. Elle a aussi ses propres cyber-guerriers, qui, en septembre 2008, ont fermé tous les sites des djihadistes qu'ils connaissaient. Le secret est la marque de fabrique de cette unité ; quand ses membres travaillent au sein d'agences ou ambassades US, à l'étranger, ils se dispensent de porter l'uniforme, ou tout autre nom ou grade, au combat… Le JSOC prend ses ordres directement du Président ou du Secrétaire à la Défense et est dirigé et sous le contrôle d'un commandement strictement militaire.

Sous le Président Bush, les opérations du JSOC étaient rarement soumises au regard du Congrès, ni avant ni après d'ailleurs car les conseillers du gouvernement considéraient leurs activités comme « des activités militaires traditionnelles ». Obama a adopté exactement la même position mais il a insisté pour que les opérations sensibles du JSOC soient présentées à un comité du Congrès spécialement sélectionné.

Force létale

La première mission du JSOC en 1980, l'Opération Griffe de l'Aigle (Eagle Claw) consistait en une mission de sauvetage des diplomates retenus en otages par les étudiants iraniens à l'ambassade US à Téhéran et s'est terminée par une collision dans le désert et la mort de huit des membres de l'équipe. L'extrême « discrétion » de l'unité engendrait la méfiance des chefs militaires traditionnels et on n'y eut plus recours.

Le Secrétaire à la Défense, Ronald Rumsfeld, se gaussant de ce que la CIA avait pénétré la première en Afghanistan et frustré de la lenteur de l'armée, a insufflé une nouvelle vie à l'organisation. Le noyau du JSOC regroupe la Force Delta, le SEAL de la marine, le 24ème Special Tactics Squadront de l'armée de l'air, le 160th Special Operations Aviation Regiment de l'armée et le 75 Ranger Regiment.

Le caractère dangereux de la JSOC s'est manifesté en décembre 2001, dans les montages de Tora Bora où, dans les nuits du 13 et 14 décembre, JSOC a tué tant de forces ennemies qu'il a fallu enlever les cadavres des combattants d'Al-Qaïda par camions le lendemain. Mais elle a aussi commis des fautes : le 1er juillet 2002, dans ce que la Rand Corporation a qualifié « la pire attaque dévoyée de toute la guerre » une équipe de reconnaissance de la JSCO à la poursuite de Talibans est tombée dans une embuscade. Un AC 130 a tiré sur six sites dans le village de Kakarak ; tuant des centaines de civils. « L'incident du mariage » du nom qui lui a été donné parce que ceux qui assistaient à ce mariage ont été pris pour cible a convaincu les Afghans que les forces américaines n'avaient aucun respect pour la vie des civils.

Il n'empêche que, le 16 septembre 2003, Rumsfeld a signé un ordre renforçant la position du JSOC comme centre mondial du contre-terrorisme, et établissant une liste de 15 pays et les activités permises selon certains scénarii avec les approbations préétablies pour les appliquer. En Irak et en Afghanistan, il n'y avait pas besoin d'autre accord pour toute action contre Al-Qaïda. Dans d'autres pays, comme l'Algérie, l'Iran, la Malaisie, le Mali, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, la Somalie et la Syrie- les forces du JSOC devaient requérir l'accord tacite du pays concerné ou au moins un blanc seing des hauts échelons de la chaîne de commandement. Aux Philippines, par exemple, le JSOC pouvait entreprendre une action psychologique pour confondre ou piéger les agents d'Al-Qaïda, mais avait besoin d'une approbation de la Maison Blanche pour toute action mortelle…

A l'automne 2003, le JSOC eut un nouveau commandant qui désirait en faire l'arme la plus efficace de l'arsenal du contre-terrorisme des Etats-Unis. De son perchoir de vice-directeur des opérations de l'Etat-Major, Mc Chrystal en était venu à croire qu'au plus niveau du gouvernement, on détestait prendre des décisions. Personne ne voulait avoir tort, aussi posait- on plus de questions ou ajoutait-on des procédures au processus.

Mc Chrystal se devait donc de « se glisser hors du trou » de l'administration suffocante de Washington. Il déménagea son quartier général dans la base de Balad à 60 kms de Bagdad et s'installa dans un vieil hangar avec trois centraux de communications : un pour combattre les affiliés à Al-Qaïda, un autre pour les extrémistes chiites dans le pays et un troisième pour lui-même pour contrôler toutes les opérations. (…)

Aucune guerre moderne n'est gagnée simplement par l'élimination mathématique de l'ennemi

Tuer l'ennemi était le morceau le plus facile, grâce aux immenses moyens technologiques, mais le trouver ne l'était pas. Mais grâce à Roy Apseloff, directeur du Centre National pour l'Exploitation des Médias, l'agence gouvernementale US pour l'analyse des documents saisis par la communauté du renseignement et les militaires, JSOC put recueillir un nombre considérable d'informations….

L'autre défi était d'origine humaine : les interrogateurs étaient mal formés et ignoraient tout de leurs détenus, ne sachant quelle question poser, comment les poser efficacement… Avant même que les photos sur Abu Ghraib n'apparaissent en 2004, un rapport confidentiel avertissait que des éléments du JSOC battaient les prisonniers et les détenaient dans des endroits secrets. Lorsqu'ils ne trouvaient pas les hommes dans les maisons fouillées, ils emmenaient les femmes, les mères et les filles. Le rapport concluait au caractère contreproductif de ces méthodes pour obtenir le soutien des Irakiens.

Une autre enquête sur le JSOC, en 2004, réalisée sur une période de quatre mois montra que les interrogateurs ne fournissaient aux prisonniers que de l'eau et du pain ; d'autres prisonniers étaient entassés dans des cellules si peuplées qu'ils ne pouvaient ni se tenir debout ni se coucher tandis que leurs gardiens jouaient de la musique à haut volume pour les priver de sommeil. D'autres encore étaient déshabillés, trempés dans de l'eau froide et ensuite interrogés dans des pièces à air conditionné ou dehors dans le froid. …

Le caractère dangereux du JSOC ressort du nombre de morts qu'il fit. En 2008, en Afghanistan seul, ses commandos ont frappé 550 cibles et fait à peu près un millier de morts. En 2009, ils ont exécuté 464 opérations et tué de 400 à 500 personnes. Lors de la descente de l'Irak dans le chaos, à l'été 2005, JSOC conduisait 300 raids par mois….Mais si tuer signifie gagner la guerre, le livre sur le JSOC pourrait être écrit. Or, aucune guerre moderne n'est gagnée simplement par l'élimination mathématique de l'ennemi. Même à une époque d'armes « intelligentes » les accidents surviennent qui peuvent entraîner des reculs politiques majeurs.

Chaque raid du JSOC qui a blessé ou tué des civils, détruit leur maison ou leur source de revenus est devenu source de plaintes si lourdes que leurs effets contreproductifs, jusqu'à ce jour, sont difficiles à évaluer. Le taux de précision dans la cible visée (individu, maison, business) est pour le JSOC de seulement 50%, ce qu'il considère comme un bon score…

Lors des raids les plus durs, Mc Chrystal s'est souvenu de la description de Lawrence d'Arabie des « cercles de chagrin » ou le choc émotionnel ressenti par des petits groupes de combattants devant les morts. Fortement influencé par la vie de Lawrence, Mc Chrystal a vu dans ses troupes, des forces tribales des temps modernes : dépendantes les unes des autres pour la survie et l'attachement…

Le Département à la Défense a assigné au JSOC un plus grand rôle dans un domaine non militaire, dont celui de suivre le flux de fonds des banques internationales vers les réseaux terroristes. Il l'a aussi engagé dans des « opérations psychologiques » rebaptisées « opérations militaires d'information » et a envoyé des petites équipes de JSOC en habits civils dans les ambassades US pour les aider dans leurs campagnes en direction des médias.

Lors de son arrivée à la Maison Blanche, Obama a chouchouté l'organisation et s'en est servi plus que son prédécesseur. En 2010, il a secrètement dirigé des troupes du JSOC au Yémen pour éliminer les chefs d'Al-Qaïda dans la péninsule arabe. Le Printemps arabe a obligé la Maison Blanche à différer certaines opérations du JSOC.

Mais en dehors de réseaux terroristes, l'ennemi de longue date du JSOC reste en fait la bureaucratie à Washington…

Dana Priest et William M. Arkin

Version intérale : « Top Secret America : The Rise of the New American Security State » par

Dana Priest et William M. Arkin (Washington Post - 2/9/11) –

Traduction (extraits) : Xavière Jardez

http://www.washingtonpost.com/world/national-security/top-secret-america-a-look-at-the-militarys-joint-special-operations-command/2011/08/30/gIQAvYuAxJ_story.html

Livre:

http://www.amazon.fr/Top-Secret-America-American-Security/dp/0316182214/ref=sr_1_1?s=english-books&ie=UTF8&qid=1316365642&sr=1-1

http://www.france-irak-actualite.com/



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